Le Gay Choc : «Les clients de la boulangerie nous disent : merci d’être là pour nous »
Le Marais est bien calme depuis un mois. Plus personne en terrasse des bars et des restaurants. La plupart des commerces sont fermés. Mais les boulangeries restent ouvertes. Jock.life s’est entretenu avec Richard Legay (son vrai nom, ça ne s’invente pas !), gérant des boulangeries Legay Choc pour savoir comment se passait la vie d’un commerçant en temps de confinement.
Garder un lien social
« A mon grand désespoir, j’ai dû fermer l’une de mes deux boulangeries, celle qui se situe rue Sainte-Croix de la Bretonnerie et que j’appelle « mon bébé » car, l’année prochaine, ça fera 20 ans qu’elle est ouverte. Notre clientèle était surtout constituée de touristes et on livrait les bars et restaurants du quartier. Comme tout est fermé, ce n’était plus rentable de rester ouvert. J’ai gardé l’autre boulangerie rue Rambuteau qui reste l’une des rares boulangeries encore ouverte dans le quartier. Du coup on tourne au ralenti, on n’a plus de livraisons et on a moins de pression.
Mon équipe de vendeurs est toujours là et les habitués de la boulangerie de la rue Sainte-Croix se sont reportés sur celle de Rambuteau. Pour certains, aller chercher sa baguette c’est la seule sortie du jour et aussi le seul moment où ils peuvent garder un lien social. Beaucoup de clients nous remercient d’être ouvert et nous disent « merci d’être là pour nous ».
On a fait une pause sur la gamme des produits coquins qui étaient surtout achetés par les touristes. La fameuse « baguette magique » reviendra bien sûr mais je me suis dit que ce n’était pas le moment. »
L’histoire de la « baguette magique »
D’ailleurs, Richard a partagé pour nous la petite histoire de la naissance de ce qu’il appelle affectueusement ses “produits coquins” :
« L’idée est venue il y a très longtemps. Mes parents, eux aussi boulangers, étaient installés à Nantes à côté d’une église et d’une caserne de l’armée. Un jour des militaires ont demandé à mon père de leur faire un éclair en forme de zizi. D’ailleurs ma mère m’a raconté une anecdote amusante à ce sujet : deux miliaires sont venus chercher leur fameux éclair en forme de zizi et au même moment deux bonnes sœurs sont rentrées dans le magasin ! Ma mère, qui avait l’éclair en forme de zizi dans sa main, est devenu rouge écarlate en voyant les bonnes sœurs arriver !
Des années plus tard, mon frère, pâtissier/chocolatier, a eu l’idée d’une chocolaterie sur le thème coquin. Je lui ai dit que ça ne marcherait pas à Nantes dans le quartier près de l’Église et que, si un jour on se lançait, il faudrait le faire à Paris dans le Marais en jouant sur « Legay » notre nom de famille prédestiné.
A l’époque, je travaillais dans la banque, j’ai pris un congé de création d’entreprise pour prospecter et trouver un lieu pour pouvoir m’installer. Il y avait déjà une boulangerie rue Sainte-Croix. J’y suis allé au culot en demandant au propriétaire si elle était à vendre. La chance m’a souri car il m’a répondu « oui » !
On n’a pas fait directement la gamme de chocolats. On a d’abord créé une baguette en forme de zizi qu’on a appelée la « baguette magique ». Après ça on a décliné la gamme des produits coquins en brioches, biscuits, tartes, chocolats etc.
Très vite cette baguette a fait parler d’elle et c’est devenu notre marque de fabrique, connue dans le monde entier ! »
Un message aux clients gourmands
Richard a un dernier message à faire passer aux lecteurs de Jock.life : « Restez chez vous ! Plus on respectera le confinement, plus vite on pourra retrouver une vie normale. Quand on sera sorties de l’épidémie, j’ai hâte de ré-ouvrir la boulangerie de la rue Sainte-Croix et revendre la baguette magique à tous nos clients gourmands ».