Photos : Fred Goudon, l’homme qui aime les rugbymen
On connaĂźt tous le travail de Fred Goudon. Quatre Ă©ditions des “Dieux du Stade”, des calendriers de pompiers et de motards⊠Les hommes de Fred sont musclĂ©s, virils, mais aussi touchants et sensibles. Rencontre avec celui qui nous a fait aimer le rugby.
Comment devient-on le photographe célèbre que tu es ?
J’ai grandi dans le Sud de la France. Et j’ai eu beaucoup de chance avec mes parents : ils considéraient que ce n’était pas grave si mes notes à l’école n’étaient pas très bonnes, dès lors que je faisais quelque chose. Ils me disaient : « On ne veut pas que tu ne fasses rien ! » Alors j’ai peint, j’ai dessiné… Je me suis créé mon propre rapport à l’image.
A 16 ans, mon père m’a offert un appareil photo et j’ai commencé à prendre des photos de tout. Je suis un autodidacte : j’ai appris à être un technicien de l’image. Très tôt… Je suis parti aux États-Unis à 19 ans. J’y ai rencontré mon premier amour qui est aussi devenu mon premier modèle. Les photos que j’ai faites de lui ont servi de book. L’agence à laquelle il les a montrées, m’a demandé de réaliser d’autres books pour d’autres modèles. C’est comme ça que j’ai commencé…
Comment définirais-tu ton esthétique ?
J’aime dire que mon esthétique passe d’abord par une émotion. Il faut que le modèle me plaise et me procure quelque chose. D’ailleurs, je dis souvent à mes modèles qu’ils me plaisent esthétiquement et donc professionnellement. De cette manière, il n’y a aucun sous-entendu. Et c’est comme ça que je peux leur demander de séduire l’objectif. C’est ce rapport assez particulier qui fait que je suis complètement à l’aise avec le contenu de l’image et que le modèle est à l’aise avec mes demandes…
Comment trouves-tu tes modèles ?
On se trouve mutuellement. Si les choses doivent se faire, elles se feront… Beaucoup de modèles viennent me contacter sur les réseaux sociaux. Mais je trouve aussi des garçons dans la rue.
Je me rappelle avoir flashé, artistiquement, sur un policier en bas de chez moi. Je suis allé le voir pour lui donner ma carte, directement. Il était avec des collègues à ce moment-là, un peu gêné de ma demande. Pourtant le soir même, après avoir regardé mon travail sur internet, il m’a rappelé et nous avons bossé ensemble. Il est devenu depuis un très bon ami…
Tes modèles n’hésitent pas à se mettre nu. Comment parviens-tu à les mettre en confiance ?
Il y a la façon de demander. La nudité n’est pas une condition. Ce n’est pas obligatoire. Je suis moi-même très pudique, du coup, la pudeur, je sais la reconnaître… Je ne veux brusquer personne. Je ne veux pas qu’une photo devienne pour un modèle comme un mauvais tatouage, quelque chose qu’on regrette.
Je me souviens du shooting de la photo du Calendrier des Dieux du Stade en 2015 avec les handballeurs, les frères Karabatic. Nikola n’avait aucun problème avec la nudité, contrairement à Luka son frère que je sentais très mal à l’aise. J’ai donc fait sortir tout le staff du studio et je lui ai dit que je prendrais juste deux photos d’eux et que si elles ne lui plaisaient pas, je les supprimerais de suite. On connaît la suite : la photo est depuis devenu iconique de mon travail…
Quels sont tes plus beaux souvenirs de shooting ?
Je demande toujours à mes modèles de séduire l’objectif, qu’ils le regardent comme s’ils regardaient la personne qu’ils aiment… Mes plus beaux souvenirs de shooting, c’est quand je sens que ce regard s’adresse à moi ! Mes plus belles histoires d’amour, comme pour beaucoup de personnes, ont vu le jour sur le lieu de travail… Je suis photographe, ils étaient modèles. Je sais, j’ai beaucoup de chance …