Pierre Salducci, un Français à Gran Canaria : “Je sais que les gens vont revenir”
Gran Canaria, cette île perdue au large de la côte nord-ouest de l’Afrique, est connue pour ses plages de sable blanc et noir, ses dunes, sa vie nocturne gay au Yumbo et un soleil qui brille fort toute l’année. Mais avec l’arrivée du Covid-19, l’île s’est transformée en ville fantôme. Alors que devait avoir lieu cette semaine les festivités de la Pride, nous avons interrogé Pierre Salducci, rédacteur en chef du site touristique « Ici Gran Canaria » et éditeur du guide gay local Dunas Map pour savoir comment cette île très gay friendly envisageait son avenir.
« On est à l’arrêt, tout est figé, plus de clients, plus d’avions, plus rien »
« Début mai, d’ordinaire nous sommes en haute saison touristique, en pleine préparation des festivités autour de la Pride de Maspalomas (qui aurait dû se dérouler du 7 au 17 mai). Malheureusement, nous avons été confinés deux mois et la Pride a été annulée. On est à l’arrêt, tout est figé, plus de clients, plus d’avions, plus rien. On est l’une des destinations touristiques les plus touchée dans le monde car pour se rendre sur notre île, il faut prendre l’avion et pour l’instant le trafic aérien est totalement interrompu. Notre meilleur atout, le fait d’être sur une île isolée, est devenu notre plus gros problème ».
Pierre nous raconte les débuts de Gran Canaria : « Dans les années 70, il n’y avait que des champs de bananes et de tomates. Petit à petit, un espace touristique a été construit et aménagé. Le sud de l’île est consacré au tourisme de masse, il a été créé pour ça. Personne n’y habite, il n’y a que des hôtels, des restaurants et des centres commerciaux. Du coup sans touristes, il n’y a plus de vie économique.
Gran Canaria est une destination internationale avec des touristes originaires de 15 pays européens. Comme en France, un déconfinement progressif est annoncé à partir du 11 mai mais Pierre est inquiet pour l’avenir : « La pente sera difficile à remonter. Certains petits commerçants risquent de mettre la clef sous la porte. Les gérants sont dévastés. Plusieurs mois sans aucun revenus, c’est dix ans de travail ruinés ».
« On attend de sortir de notre paralysie pour retrouver des jours meilleurs»
La saison estivale est fortement compromise et c’est un coup dur pour ceux qui sont restés sur l’île. Pierre nous parle d’un service de soutien psychologique gratuit qui a été mis en place pour les francophones qui vivent à Gran Canaria. Il espère aussi que la situation sanitaire permettra le retour des touristes pour le prochain gros évènement, la Winter Pride prévue en novembre.
« C’est un moment idéal pour venir découvrir notre île, le froid sera arrivé en France, les gens auront envie de soleil, de plage, de fête et… de se mettre tout nu ! »
Pierre conclut sur une note en demi-teinte :
« Ça va reprendre, on existe, on est là, le soleil est là. Mais ça ne sera plus vraiment comme avant. Gran Canaria est un endroit merveilleux, je sais que les gens vont revenir. On attend de sortir de notre paralysie pour retrouver des jours meilleurs ».