Témoignages : Je quitte la ville pour m’installer à la campagne
Le confinement a laissé des traces, c’est évident. Quitter Paris ou une grande ville semble être devenu une priorité pour nos témoins. Une nouvelle transhumance serait-elle en train de voir le jour ? Ils racontent…
On les appelle les « veinards aux balcons ». Ceux, qui pendant deux mois ont réussi, malgré le confinement, à avoir un petit espace extérieur où s’aérer un peu… Le déconfinement allait forcément montrer des signes évidents de changement dans l’immobilier. On n’a pas eu longtemps à attendre : les demandes d’appartement avec balcon ou terrasse à Paris, par exemple explosent. Et les prix avec… Thomas (37 ans de Paris) l’a vérifié : « Déjà, quand on était coincé dans notre appartement du 11e arrondissement, on a commencé à chercher des appartements à acheter avec un balcon. Les prix ont explosé en l’espace d’un mois. Du coup, avec mon chéri, on s’est mis à regarder les offres des villes de proche banlieue comme Pantin ou Bobigny ! Ça reste plus abordable. » Partir, oui, mais jusqu’où ?
« On s’en va ! »
D’autres comme Stéphane (41 ans, de Levallois-Perret), ont choisi de partir beaucoup plus loin : « C’est quelque chose qui nous trottait dans la tête, déjà depuis quelques années. Là, avec l’épidémie, notre décision est prise. On va la signer, notre proposition d’achat du corps de ferme que nous avons déjà visité deux fois dans le Gers ! C’est loin de tout, il faudra qu’on s’adapte. Mais on a besoin aujourd’hui de nous retrouver avec mon mari. On est prêt à donner un nouveau sens à notre vie ! » C’est la définition même de la vie à deux qui se redéfinit. A deux ou à plusieurs.
Paul (29 ans, de Lyon) a deux enfants avec son chéri, Philippe : « L’épisode du retour à l’école nous a traumatisé. Le discours ambiant sur la dangerosité de ce retour nous a fait flipper. Je suis originaire du Morbihan. C’est décidé, on s’en va. J’ai vu avec mes parents qui vont nous aider à trouver la maison de nos rêves… Là, où on a l’impression qu’on vivra mieux. »
« Le télétravail nous a aidé ! »
Thomas habite dans le 11e arrondissement. Le choix de son appartement dépendait beaucoup du temps de transport qu’il devait supporter pour aller travailler à La Défense : « Quand j’ai acheté mon appartement dans cette partie de Paris, je pensais naturellement que sa situation était parfaite avec le RER A ! On m’a annoncé, il y a quelques jours que mon poste de travail était libéré des contraintes de présence au bureau. J’ai même reçu un avenant à mon contrat pour me dire que le télétravail devenait la règle pour tout mon service. Du coup, je peux partir ! »
Assaf (44 ans, de La Courneuve) lui, travaille dans l’édition. Il était déjà un télétravailleur : « Je me suis rendu compte que j’avais choisi de vivre à Paris, ou à côté, pour être proche des maisons avec lesquelles je travaillais. En fait, je n’ai jamais aussi bien travaillé, de manière aussi efficace, que pendant le confinement. Quand j’étais dans l’impossibilité de m’y rendre. Partir loin est devenu pour moi une évidence ! »
« La campagne, mais pas trop… »
Quand Paul a proposé à son mari et à ses deux enfants de partir vivre dans le Morbihan, il n’a rencontré aucune objection, bien au contraire : « Mes enfants sont ravis de se rapprocher de la mer et mon homme n’en pouvait plus de vivre en ville ! Pour nous, ça a coulé de source… » Pour d’autres, c’est un peu plus délicat. Assaf veut bien quitter la région parisienne : « Mais pas à n’importe quel prix ! J’ai besoin d’un minimum de vie culturelle. Je ne me vois pas en pleine campagne ! Il me faut un peu d’activité. Et de sorties possibles… Des bars gays, des saunas, quoi ! Bordeaux m’excite un peu ! »
C’est la même chose pour Jean-Philippe (37 ans, de Paris) : « Même si j’ai la possibilité aujourd’hui de partir n’importe où en France grâce au télétravail, je ne me vois pas atterrir dans un village où le premier bar est à 50 kilomètres ou alors, où le premier mec sur les applis est à 18, 6 kilomètres, je veux de la vie. En fait, je veux tous les avantages de la grande ville et tous les avantages de la campagne réunis. Je suis un peu difficile, je crois ! » Peut-être, oui !