Festival QueerScreen : Rencontre avec Julián Hernández, réalisateur du court-métrage “Le Jour a commencé hier”

Réalisateur mexicain prolixe depuis le début des années 90, Julián Hernández est avant tout un cinéaste libre et engagé. A son actif : quelques longs métrages et plus de 20 courts métrages, de la fiction et du documentaire pour parler du monde et ouvrir le dialogue. Il nous parle de son cinéma et surtout du court métrage “Le Jour a commencé hier” qui sera diffusé lors du festival organisé par Queerscreen et Jock et que vous pouvez déjà voir gratuitement en avant-première sur l’appli JocK.

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En avant-première du festival “QueerScreen et JocK font leur cinéma”, nous t’offrons le court-métrage “Le Jour a commencé hier” de Julian Hernandez à voir gratuitement sur l’appli JocK.
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Comment vous définissez-vous en tant que cinéaste ?

Julián Hernández : Je reste un apprenti à jamais, cherchant toujours de nouvelles façons de regarder. Je suis quelqu’un qui fuit les clichés et tout ce qui est sans risque, qui complique les choses sans arrêt et qui n’a pas peur de faire des erreurs. Je vais assez naturellement à l’encontre de ce qui est politiquement acceptable. Je suis prétentieux et intense, avec des obsessions profondes et un grand besoin d’attention. (rires)!

Pensez-vous qu’un cinéaste gay ait une espèce de responsabilité ?

Julián Hernández : Je pense que toute personne qui décide de choisir un plan, et ce qui s’y déroule, a une responsabilité. En premier lieu, vis-à-vis d’elle-même mais aussi de la société dans laquelle elle vit. Cela signifie la plupart du temps, laisser tomber tout le monde. Fassbinder le disait au milieu des années 70 et cela reste valable aujourd’hui.

Comment est née l’histoire de Le Jour a commencé hier ?

Julián Hernández : Après Young Man On The Bar Masturbating With Rage and Nerve, j’ai eu envie de faire un documentaire sur les personnes vivant avec le VIH. Je pensais qu’il était intéressant de voir comment les perspectives ont changé depuis le milieu des années 80 quand j’étais adolescent et que j’ai commencé à apprendre sur le sujet. Je connais de nombreuses personnes vivant avec le VIH, je leur ai parlé de mes intentions et le retour n’était pas positif. J’ai abandonné le projet pour m’intéresser au texte d’un ami qui a servi d’inspiration pour Le Jour a commencé hier. J’ai décidé de raconter cette histoire qui me paraissait importante et transgressive à une époque où la stigmatisation, malgré ce qu’on en dit, est de plus en plus forte.

Caché dans ce court métrage, il y a un appel à retisser des liens profonds et à mettre en avant un sujet encore victime de beaucoup d’ignorance et de désinformation. Le cinéma peut encourager à poser des questions, à forger son identité, à remplir des vides émotionnels et à alléger la solitude. Le texte original, The Hidden Causes (Les Causes cachées en VF) de Saúl Sánchez Lovera, portait sur la maladie, le corps et la solitude. J’ai voulu montrer ça à l’écran. C’est l’histoire d’un garçon qui a peur et est convaincu que le sexe n’est pas une fuite mais une façon de créer du lien avec les autres.

Après 30 ans de carrière, vous continuez à alterner courts et longs, c’est peu commun…

Julián Hernández : Enrique Ortiga, un programmateur colombien qui a longtemps vécu au Mexique, avait l’habitude de définir le court métrage comme « le territoire libre du cinéma ». Cela me parle. Entre deux longs métrages, j’essaie toujours de faire un ou deux courts dans lesquels je m’autorise à essayer, à expérimenter et à échouer, sans la pression engendrée par un long. Et, ce qui doit être la vraie raison, c’est que j’ai l’impression que cela me maintient en vie.

Le Jour a commencé hier fait partie de la sélection des courts métrages de “QueerScreen et JocK font leur cinéma”, à voir dès le samedi 20 mars 15h pendant 24h sur queerscreen.fr. Prends ton accès ici.

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