Festival QueerScreen – Josza Anjembe : « Dans Baltringue, je ne voulais pas rendre romantique le risque que vit un mec homo en prison »

Après un premier court métrage, Le bleu blanc rouge de mes cheveux, qui a fait sensation à juste titre dans les festivals de cinéma du monde entier, la réalisatrice Josza Anjembe a été nommée aux prochains César pour son deuxième film, Baltringue, diffusé samedi 20 mars lors du festival en ligne « JocK et QueerScreen font leur cinéma ». Nous l’avons rencontrée pour revenir sur la genèse de ce film brut, sincère et touchant.

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Baltringue est à voir pendant 24h dès le samedi 20 mars 15h lors du programme courts métrages du festival en ligne “Jock & QueerScreen font leur cinéma.

Comment vous est venue l’idée de raconter cette histoire d’amour entre deux jeunes hommes en prison ?

Josza Anjembe : Cela vient de moi, de ma lesbophobie intériorisée au moment où je commence à tomber amoureuse de filles. Je me suis interrogée sur les mécanismes qui me poussaient à entrer dans un enfermement à la fois mental, psychique et sociétal. J’ai voulu écrire sur ça. La question carcérale est venue d’une interrogation purement cinématographique : comment représenter l’enfermement ? À ce moment-là, j’animais des ateliers d’éducation à l’image en prison et cela m’est apparu comme quelque chose de logique d’inscrire cette histoire dans une prison. Pour parler des hommes, je me suis beaucoup documenté sur l’homosexualité en prison. C’est une façon de ne pas parler que de moi, de m’éloigner de mon histoire et de laisser de la place au cinéma. Écrire sur des hommes me permettait d’entrer dans la fiction.

Comment se sont dessinés les contours de cette rencontre, cette histoire qui s’installe de façon subtile ?

Josza Anjembe : C’était complexe parce que j’inscrivais cette histoire dans un décor, la prison, qui a donné lieu à de nombreuses représentations au cinéma et qui ne correspondaient pas à ce que j’avais vu dans la réalité. J’avais envie de restituer quelque chose de plus complexe, de moins binaire. Et j’ai pris conscience de la notion de temps et de répétition. Le temps en prison est extrêmement lent et tant qu’on n’y est pas on ne peut pas l’imaginer. Et la question, c’est de se demander comment dans ce temps-là, si particulier, pouvait naître une histoire de désir, d’amour. C’est très différent d’une rencontre entre deux types en soirée ou chez des potes. Et il y a la question de l’empêchement du personnage d’Issa qui découvre l’amour au moment où il doit sortir. J’ai regardé beaucoup de films LGBT et de films de prison, je ne voulais pas rendre romantique le risque qu’un mec homo vit en prison, pas minimiser la violence.

Est-ce vrai que vous travaillez en ce moment sur un projet de long métrage inspiré de Baltringue ?

Josza Ajembe : Honnêtement, j’ai eu le sentiment à la fin de ce film que je n’avais pas eu assez de temps pour développer tous les questionnements sur ce que c’est d’être homosexuel et noir dans une société blanche où le patriarcat exerce toutes les dominations. Vingt minutes c’était trop frustrant et, avec le recul, j’ai l’impression que le film n’a pas le temps de commencer. J’ai besoin de déployer cette histoire dans quelque chose de plus grand. Cela m’a donné envie d’aller vers le long métrage. Je suis en écriture en ce moment en repartant des mêmes personnages pour aller plus loin.

Baltringue est à voir pendant 24h dès le samedi 20 mars 15h sur queerscreen.fr dans le cadre du festival en ligne “Jock & QueerScreen font leur cinéma.

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