J’ai testé mon premier apéro naturiste

Comment se rencontrer et boire un verre quand la distanciation sociale est de règle ? Comment se déshabiller quand on doit se protéger ? Les naturistes ont décidé qu’ils pouvaient continuer à se voir et à organiser leur fameux apéros nus. Ils ont adapté ce rendez-vous pour que tout le monde puisse passer ce moment de convivialité en toute sécurité. Test PCR négatif ou vaccination et espacement des convives. Ça aurait pu rebuter les plus tactiles d’entre nous mais au contraire, l’apéro naturiste auquel nous avons assisté nous a donné confiance et nous a libéré de cette angoisse. Nous avons rencontré l’organisateur sur un site d’adeptes du naturisme. Après des échanges sur notre conception du vivre nu, il nous a invité à participer à une rencontre autour d’un verre. Rendez-vous est pris en proche banlieue à 17 heures 30, tôt pour un apéro mais couvre-feu oblige… Notre hôte nous invite à amener une bouteille, et c’est tout… Il s’occupe du reste.

« Faites péter le textile ! »

Lorsque nous arrivons chez notre hôte, tout semble être organisé pour que nous nous sentions à l’aise. Deux naturistes sont déjà là en train de papoter un verre à la main. Ils nous semblent très proches : en fait, c’est un couple qui s’est emparé du canapé… Contrairement à la plupart des événements naturistes, on ne nous tend pas un sac poubelle pour nos vêtements. Il y a un portant avec des cintres. Nous nous déshabillons timidement quand même. Un des membres du couple nous lance pour nous mettre à l’aise : « Faites péter le textile ! », suivi d’un énorme éclat de rire. On se sent tout de suite mieux. Notre hôte commence à se présenter et à nous offrir un verre. Il nous apprend qu’il va à Montalivet pour s’adonner au naturisme. Le couple est plus adepte de l’Île du Levant. L’apéro naturiste est souvent un échange d’expériences. Chacun essaye de vendre au mieux sa destination de cœur. Les autres convives arrivent et nous voilà, à six, à partager nos vécus nus.

Nu et libre…

Se retrouver nus à six autour d’un verre, n’est pas forcément quelque chose qu’on vit souvent. Nous sommes même culturellement habitués à se cacher. Retrouver son état naturel de nudité et ne pas avoir peur de le montrer nous a pris quelques minutes, on va être honnête. Mais une fois la gêne passée, on a pu vraiment partager avec les autres. Ici, il n’y était plus question de tailles (on ne va pas se mentir), ni d’âge (les convives étaient de toutes les générations), encore moins de statut social. Tout le monde était au même niveau. C’est tout cet environnement plein de liberté et d’égalité qui nous a mis vraiment à l’aise et qui nous a plu. On a comme l’impression que, nus, les échanges à bâtons rompus, nous permettent plus facilement d’entrer avec bienveillance dans l’intimité de chacun. Le couple nous fait beaucoup rire à nous raconter ses anecdotes de naturisme à l’étranger. Apparemment, ils n’oublieront pas de sitôt, leurs vacances en Croatie où ils se sont trompés de plage et se sont dénudés entièrement sur une plage non naturiste…

Un apéro, et pas plus…

Remplis de nos clichés sur le naturisme, nous appréhendions la fin de l’apéro. Notre hôte nous avait pourtant prévenus et avait tenté de nous rassurer : « Non, tous les naturistes ne sont pas des lapins qui ne pensent qu’à se sauter dessus dès qu’ils sont nus. Ça peut exister, et ça se fait après l’apéro. Mais mes apéros à moi, ce sont des apéros et pas plus… » Et en effet, nous avons passé un moment convivial, plein de respect et de bienveillance, à l’image que nous avions du naturisme. On a parlé vacances, massages, yoga, nature, beaucoup…

On a retrouvé dans ces apéros toutes les valeurs de ceux qui élèvent le naturisme en véritable mode de vie. Nous nous sommes échangés nos numéros de téléphone à la fin comme si le passage par cet apéro nous faisait entrer de plein pied dans la grande famille des naturistes. Et on adore le principe…