Ce soir sur France 2, “Baisers cachés”, une très belle fiction sur l’homophobie au lycée
À quelques jours de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, France 2 rediffuse mercredi 12 mai à 21h05 ce très beau téléfilm sur l’homophobie au lycée et dans le cercle familial.
Nathan a 16 ans. Il vit seul avec son père, flic de profession, avec qui il s’entend bien. Il vient d’arriver dans un nouveau lycée et tombe sous le charme de Louis, un garçon de sa classe alors en couple avec Laura. Lors d’une soirée, Nathan et Louis s’embrassent à l’abri des regards. Mais Laura les surprend et les photographie. Très vite, le cliché est diffusé sur internet. Nathan est outé auprès de son père et des autres élèves du lycée. Il devient l’objet de brimades, brimades auxquelles participe Louis qui n’assume pas son homosexualité. Peu à peu, à mesure que le vérité fait jour, ce dernier est aussi victime de l’homophobie de ses parents.
Dans la lignée de « Juste une question d’amour », « Baisers cachés » fait partie des grandes réussites du service public dans la représentation de l’homosexualité sur le petit écran et dans sa volonté de faire évoluer les mentalité. Remarqué dès 2016 au festival des créations télévisuelles de Luchon, ce téléfilm de Didier Bivel a été diffusé pour la première fois sur France 2 le 17 mai 2017 dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. À l’époque, la productrice Elizabeth Arnac voulait réagir aux anti-mariage pour tous mais aussi ouvrir le débat et apporter un peu de lumière aux jeunes LGBT. Outre un très bon accueil critique, « Baisers Cachés » a été un succès d’audience avec plus de 15% de parts de marché lors de sa première diffusion.
Depuis, le mariage pour tous est ancré dans les esprits. Les représentations des jeunes LGBT dans les fictions aussi ont évolué, que ce soit en France avec des séries comme « Skam » ou bien outre-atlantique avec « Love, Victor » modèle de pédagogie et d’inclusion. Mais il reste une réalité qui n’a pas encore suffisamment évolué, celle des ados qui découvrent leur homosexualité en même temps que le rejet dans leur environnement scolaire et familial. En témoigne tout récemment le très beau documentaire de Gaël Morel « Famille, tu me hais » autour de jeunes LGBT mis à la porte par leurs parents. Autant dire que le message de « Baisers cachés » n’a rien perdu de sa force ni de son caractère vital. Et qu’il est toujours un très beau support pour éduquer et lutter contre l’homophobie.
Alors oui, on pourra trouver aujourd’hui que la trame s’appuie sur des ressorts un peu didactiques (l’opposition entre un père qui accepte son fils et un autre qui le rejette) mais, sans jouer sur la sensiblerie facile, le téléfilm a le mérite de montrer des ouvertures possibles pour l’affirmation de soi et l’acceptation par les proches.
Niveau casting, “Baisers cachés” est une réussite. Le duo formé par Bérenger Anceaux et Jules Houplain (vu récemment dans “L’École de la vie”) est touchant à souhait. Dans le rôle du papa flic, Patrick Timsit, beaucoup plus sobre qu’à l’époque de « Pédale douce », sait se montrer aussi touchant que convaincant dans son cheminement qui le mène peu à peu à revoir ses préjugés. Une scène marque également. C’est lorsque la géniale Catherine Jacob, professeur de maths jusque-là dans le placard, trouve le courage de s’ouvrir à ses élèves en réaction aux violences dont a été victime Nathan. Derrière son discours, il y a comme une passation entre deux générations : l’une trop longtemps contrainte à se planquer dans la douleur et l’autre déterminée à s’assumer, quitte à prendre des coups. Un peu une manière de dire : c’est le moment que les temps changent !
