Rencontre exclusive : Guillaume Cizeron, la fierté sur la glace

Après un coming out puissant l’année dernière en Une de « L’Équipe », le quadruple champion du monde de patinage artistique, Guillaume Cizeron sort un livre, « Ma Plus belle victoire », où il revient sur son enfance tourmentée de jeune gay. Jock.life l’a rencontré…

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Entre votre coming out, il y a un an et la sortie de votre livre, on a envie de vous demander comment vous allez après cette année très particulière pour beaucoup d’entre nous… 

Je vais vraiment très bien, merci ! Je suis super fier de la sortie de mon livre. J’ai de bons retours dessus donc ça me donne l’impression d’être un peu utile. Sportivement, ça va très bien aussi, nous sommes en pleine préparation des JO avec ma partenaire.

Quels ont été les retours après la Une de L’Équipe ?

Majoritairement, de bons retours, je pense que ça a fait beaucoup de bien à certaines personnes de voir que des athlètes encore actifs, prennent la parole pour parler de choses encore un peu tabous dans notre société.

Comment vous est venue l’idée de Ma plus belle victoire ?

Renaud Leblond des éditions XO a lu la lettre que j’ai écrite pour l’Équipe et m’a contacté pour me demander si j’aimerais approfondir ma démarche à travers un livre. J’ai tout de suite accepté.

Est-ce que vos parents ont été touchés particulièrement par votre récit ?

Oui, vraiment. Ils l’ont relu plein de fois. Ils ont été complètement impliqués dans le processus. Ils ont partagé leurs souvenirs, leurs émotions, leurs joies et leurs regrets. Je suis vraiment fier d’eux aujourd’hui.

Vous avez dit dans une interview : « Petit, j’ai appris à me détester, je ne me détestais pas par nature. » C’est violent. Pensez-vous que votre témoignage peut aider de jeunes gays à mieux s’accepter ?

Je l’espère de tout mon cœur. Je suis vraiment convaincu que l’on apprend à ne pas s’aimer. Et faire le chemin inverse vers une acceptation totale de qui on est, est un challenge de toute une vie (Rires). Mais si les jeunes peuvent réaliser et avoir la certitude très tôt qu’ils sont parfaits comme ils sont, alors je pense que cela laissera la place a beaucoup de belles choses pour eux.

Vous avez dit également « On s’habitue à la violence, elle devient normale. » Comment cette violence se manifestait-elle dans votre jeunesse ?

La violence que j’ai subie était surtout morale. On peut appeler ça de l’intimidation, moi j’appellerai plutôt ça du harcèlement moral. C’est beaucoup plus subtil que de la violence physique car cela se perçoit moins, surtout par les enseignants ou les parents.

Vous êtes entré dans le club assez « réduit » des sportifs LGBT ayant fait leur coming out à l’instar de Megan Rapinoe ou Ian Thorpe. Pourquoi d’après vous, y-a-t-il aussi peu de Français ?

Je pense que ce n’est pas vraiment dans notre culture de parler de sexualité publiquement, il y a une sorte de tabou. Les sportifs ont déjà tellement de stress au quotidien que ce n’est pas évident pour tout le monde de vouloir en rajouter. Je pense que dans beaucoup de sports, il y a un fort climat d’homophobie comme dans le foot.

Parler de l’homophobie dans le sport, faire tomber les tabous, montrer aux gens l’exemple est un bon début.

La communauté du patinage est-elle protégée de l’homophobie dans le sport ?

Assez je pense. C’est un sport artistique. Les artistes sont généralement connus pour leur ouverture d’esprit. Je pense que c’est ce qui m’a aidé. Être entouré d’artistes m’a vraiment appris beaucoup et m’a aidé à me découvrir.

Ouissem Belgacem, un ancien footballeur, vient de publier un livre poignant Adieu, ma honte où il dénonce l’homophobie dans le football, le sport le plus populaire en France. Comment lutte-t-on contre l’homophobie dans le sport en 2021 ?

Je pense qu’individuellement, tout le monde doit s’intéresser un minimum au sujet. Car il pourrait toucher n’importe qui, votre sœur, votre ami, votre fils, … Je n’ai pas la réponse parfaite, et je pense qu’il y a déjà eu beaucoup de progrès dans ce domaine. Je pense qu’en parler, faire tomber les tabous, montrer aux gens l’exemple est un bon début.

Il vous manque une médaille en or. L’Olympique. On l’attend presque autant que vous. Comment vous préparez-vous pour Pékin 2022 ?

Nous sommes actuellement en phase de création des programmes. C’est une de mes phases préférées, on rencontre beaucoup de chorégraphes et danseurs qui nous aident à chorégraphier. Nos premières rencontres internationales seront en septembre, donc ça nous laisse encore pas mal de temps ! On a hâte de faire des compétitions car ça fait tellement longtemps que l’on n’a pas performé devant un public.

Guillaume Cizeron, Ma plus belle victoire XO Editions

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