Les Caramels Fous: 35 ans de comédies musicales très très gays !
Les Caramels fous ont 35 ans! Voilà trois décennies et demi que cette troupe de chanteurs comédiens amateurs gays se produisent dans des spectacles comme « Les Dindes galantes » ou « Les aventures de l’archevêque perdu”. En pause à cause de la situation sanitaire, la troupe prépare son grand retour pour 2022.
“La recette des spectacles des Caramels fous est simple : une série de « tubes » détournés pour raconter une histoire légère où il est nécessairement question d’amours homosexuelles et de tolérance.“ En une phrase, Michel Heim résume parfaitement ce qui a fait le succès de cette troupe pas comme les autres. Et il en sait quelque chose puisqu’il en fut l’un des principaux piliers pendant plus de 25 ans.
Du Piano Zinc aux Caramels
Si les Caramels fous fêtent cette année leurs 35 ans de spectacle, leur histoire débute en réalité quelques années plus tôt, en 1981, lorsque Jürgen Pletsch, un jeune Allemand installé à Paris, ouvre le Piano Zinc, un piano-bar situé dans le Marais. Féru de chanson et de comédies musicales, Jürgen crée la chorale Choeur Accord. Au bout de quelques années, la chorale évolue pour devenir une troupe de comédie musicale. Jürgen Pletsch jette l’éponge et Francis Carrier, qui a fondé il y a quelques années l’association Grey Pride, prend sa suite, aidé par Michel Heim. En 1986 Choeur Accord devient Les caramels fous et se dote d’un hymne:
Michel Heim nous raconte comment la compagnie a trouvé son style: “Les spectacles de Chœur Accord étaient une suite de chansons chorégraphiées. De même pour le premier spectacle monté par Francis Carrier après le départ de Jürgen Pletsch. Cependant dans ce spectacle intitulé Sur les planches, nous avions retenu un cadre unique, (l’univers d’une station balnéaire), et les chansons étaient reliées par un fil conducteur que j’avais contribué à tisser. Francis m’a encouragé pour écrire le spectacle suivant (Pas de bananes pour Lady Jane) qui, bien que totalement loufoque, se rapprochait davantage d’une comédie musicale. Cependant les chansons étaient gardées dans leur version originale, je n’avais changé les paroles que de quelques airs empruntés à Offenbach. La nécessité de détourner les paroles des chansons afin de pouvoir raconter une histoire, n’est apparue qu’à partir du spectacle suivant (La chose pourpre du Caire).”
La voix du succès
Lors des premières années, les Caramels rencontrent le succès à l’étranger, avec les autres chœurs gay, mais pas en France. Nul n’est prophète en son pays. Le tournant arrive en 1989 quand Hervé Trinquier, le directeur du Théâtre Déjazet les invite à jouer La chose pourpre du Caire. C’est un succès, enfin et le Déjazet accueille les spectacles suivants jusqu’en 1992, quand Hervé Trinquier part travailler pour le Trianon. C’est là que les Caramels donneront tous les spectacles jusqu’au rachat du théâtre en 2009, dont Les dindes galantes — leur plus grand succès, Il était une fois Tatahouine, Madame Mouchabeurre ou La revue qui va faire mâl(e), à la tonalité plus sombre.
Ci-dessous: La pression populaire et Poules sentimentales (détournement de Ca s’en va et ça revient et Foule sentimentale, extrait des Dindes Galantes)
S’il a évité de trop évoquer le sida dans les spectacles des Caramels, Michel Heim se souvient du lourd tribut que la compagnie a payé à l’épidémie: “Le premier cas de sida, que nous n’avons pas tout d’abord identifié comme tel, a touché un membre de la Compagnie en 1984. Ensuite, ce fut l’hécatombe jusqu’au milieu des années 90 où sont morts les derniers Caramels qui avaient contracté le virus. Jürgen, Francis, Philippe et moi, sommes parmi les rares rescapés de cette période. D’un spectacle à l’autre, une grande partie de la troupe avait disparu et les nouveaux Caramels s’avéraient bientôt eux aussi frappés par la maladie. Bien que visiblement affaiblis ils assuraient leur rôle jusqu’au bout ; jamais aucun d’eux n’a failli sur scène. Il faut préciser qu’à cette époque les Caramels fous ne donnaient pas plus d’une semaine de représentations par an.”
Francis Carrier quitte la compagnie en 1987 pour pouvoir consacrer son temps et son énergie à la lutte contre le sida au sein de Aides. Michel Heim quitte la troupe en 2010. Il revient pour écrire un dernier spectacle, Pas de gondoles pour Denise.
Troupe toujours !
La troupe compte aujourd’hui quatorze membres. Laurent Giordanengo, entré aux Caramels en 2003 à la suite des Aventures de l’archevêque perdu, en est le président depuis trois ans. Il a eu la dure mission de maintenir une cohésion de groupe par temps de Covid. “La troupe est complètement en stand by, confie-t-il. Depuis mars 2020 on a dû faire trois répétitions. Sachant qu’on devait jouer un spectacle en avril 2020. Ça a été un arrêt très brutal, qui nous a obligés à nous projeter sur 2022 pour la reprise des spectacles.”
Après le départ de Michel Heim, la troupe a cherché de nouveaux auteurs. Anthony Puiraveaud a écrit Il était une fois complètement à l’ouest et Le cirque plein d’airs. Stephan Druet, le metteur en scène du Cirque, a écrit et mettra en scène le prochain spectacle Quand on parle du loup…
Laurent Giordanengo nous donne quelques indications sur le prochain spectacle: “On va être complètement dans les contes de fées. Un petit chaperon rouge part à la recherche du loup pour venger sa grand-mère et sur son passage il va croiser tout un tas de personnages de contes de fée qui ont chacun leur histoire et leur problématique à gérer.” Et quand on parle du loup…