Jarry : “ “À tes côtés” montre une autre facette de moi-même”
TF1 diffuse lundi 11 octobre à 21h05 « À tes côtés », un film qui raconte les relations difficiles d’Anthony (très inspiré de Jarry lui-même) avec son père et des derniers instants passés ensemble à cause de la maladie. Ce film émouvant parlera à beaucoup de gays. Nous avons rencontré Jarry.
Quel est le sujet de À tes côtés ?
Jarry : Le film raconte la relation difficile entre un fils et son père qui vont se rapprocher quand le dernier, se sentant condamné, demandera à son fils de passer les derniers mois de sa vie « à ses côtés », justement. La relation entre le père et le fils est autobiographique. J’ai effectivement accompagné mon père à la fin de sa vie. Ce film va montrer une autre facette de Jarry, une partie inconnue de ce que je suis…
C’était important pour vous d’être auprès de votre père ?
En général, quand les choses se présentent à moi, je les vis pleinement. C’est ce que j’ai fait avec mon père. Ce n’était pas facile, d’accord, mais j’ai l’impression que je suis né une deuxième fois à ce moment-là. Il faut dire que je me suis rendu compte que mon père collectionnait les articles me concernant. C’était fort comme découverte…
Marie-Anne Chazel et Didier Bourdon ont-il tout de suite accepté de jouer dans le film ?
Marie-Anne Chazel a été emballée par l’histoire. Elle a dit oui assez vite. Pour le rôle du père, je n’imaginais personne d’autre que Didier Bourdon. J’ai une relation très forte et particulière depuis longtemps avec lui. Nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il est formidable. Ils ont eux-aussi aimé le fait que les rôles leur permettaient de sortir du registre comique où l’on a trop l’habitude d’enfermer les humoristes. Marie-Anne et Didier sont des acteurs énormes y compris quand ils jouent des rôles dramatiques…
Quel conseil donneriez-vous à un jeune gay qui vivrait aujourd’hui une relation difficile avec son père ?
Quand on est parent, et maintenant, je le comprends encore plus, on rêve pour ses enfants. On espère qu’ils ne souffriront pas, qu’ils ne rencontreront pas la violence, qu’ils ne manqueront de rien. Et découvrir qu’un de ses enfants sera peut-être amené à subir des moqueries ou pire parce qu’il est homosexuel, n’est pas facile. Je conseillerais à ce jeune gay de s’accepter tel qu’il est : s’il vit bien son homosexualité, alors ça passera mieux. Et quand bien même ce serait difficile, on a plusieurs familles quand on est gay… Il ne faut jamais renoncer à être soi-même…
Votre père n’a pas vécu la naissance de vos jumeaux. Comment aurait-il réagi ?
Je ne sais pas. C’est difficile d’imaginer ce qu’il aurait pu penser. Avec mes enfants, on parle souvent de lui. Ils me demandent où il est. Je réponds « Au ciel ! ». Il n’y a pas très longtemps, il y avait un orage très fort et un de mes jumeaux m’a dit : « Papy, il doit avoir peur dans le ciel ! » Je lui ai répondu qu’il était au-dessus des éclairs…
Vous avez très vite parlé de la GPA quand vous évoquiez la naissance de vos enfants. Comme Marc-Olivier Fogiel et Christophe Beaugrand. En revanche, vous avez été le seul à expliquer qu’il était pratiquement impossible d’adopter pour un couple gay en France. Était-ce important pour vous de préciser la situation très hypocrite de l’adoption par les couples gays ?
Je suis en train de réfléchir à un film sur le sujet. Cela fait deux ans que je fais des recherches. Il y a en France 17000 pupilles de la nation et environ 20000 demandes d’adoption. Depuis la promulgation de la loi Taubira, seuls 44 enfants ont été adoptés par des couples gays. Qu’est-ce qu’on attend ? La GPA était pour moi la seule solution : elle est la conséquence de l’impossibilité d’adopter pour les gays. L’idée était d’abord de fonder une famille…
Vous avez également créé des BD où vous racontez votre vie de papa avec vos deux enfants décidément très actifs…
Je me suis aperçu très vite avec mes jumeaux que la représentativité des couples gays dans la littérature pour enfant était nulle. Je voulais qu’on nous montre. Nous existons. Et pour que ça ne pose plus aucun problème, il faut qu’on nous voie. Je parle de parentalité avant tout. C’est la raison pour laquelle je me suis lancé dans ce projet. Le 4ème volet sort bientôt. On a déjà vendu plus de 30000 exemplaires. C’est bien la preuve que ça ne gêne pas grand monde. Et même les vidéos que je propose sur Instagram sont déjà à 80 millions de vues. Il y a une vraie demande…
Quels sont vos projets ?
Je continue la tournée de mon spectacle Titre. D’ailleurs, je suis à l’Olympia les 26 et 27 octobre. Et je suis très content : je serai au Dôme de Paris en mars 2022. Je ferai les Zénith de France avec ce spectacle : le premier homosexuel à faire une tournée des Zénith… (Rires)
