Qui est Claudius Pan, lâhomme aux mille vies ?
Acteur, Ă©crivain, masseur, Claudius Pan est un vĂ©ritable touche-Ă -tout de la vie. Il ne sâinterdit rien, il ose, il partage. Nous avons voulu rencontrer celui qui est Ă l’affiche de la troisiĂšme saison des “EngagĂ©s” et de “Down in Paris”, le nouveau film d’Antony Hickling en salle le 2 mars.
Tu as vécu plusieurs années avec les Radical Faeris aux États-Unis. C’est un fantasme pour beaucoup de gays européens. Comment ça s’est passé ?
Je continue d’y retourner chaque fois que je le peux. C’est l’unique point de repère géographique de mon existence. Je me suis approprié ma vie, en passant par ce rituel, assez chamanique, de se renommer, apprendre à détacher son égo d’une identification en la métamorphosant. C’est une longue histoire, d’où le livre que j’ai écrit, Carpe Noctem, (Prix du premier roman gay 2020, aux Éditions Le Sélénite) qui raconte, ces années-là.
Et en quoi la personne que tu es aujourd’hui, a-t-elle été influencée par cette période ?
Depuis mon enfance, je suis à la recherche de ma « danse » personnelle avec la vie, la façon dont je veux l’honorer et la célébrer en toute liberté. Les Faeris m’ont permis de déployer cette force et ce désir en moi. Il a été le terrain de jeux à mes premières grandes expérimentations. Cette période marque le début de ma vie comme je l’entends. C’est à partir de ce moment que j’en ai réellement été maître, en me souciant encore moins du regard des autres.
Claudius Pan a une image de loup solitaire, un peu punk et à la fois très doux. Ce « loup » vit-il seul ou en meute ?
C’est marrant que tu me poses cette question maintenant, je viens de me faire tatouer, il y a deux jours, “Lone Wolf”, le long de mon index. La solitude est la base pour moi. Je suis mon premier amant, mon meilleur ami… J’ai très rapidement embrassé cette condition humaine qui fait que nous sommes seuls, avec nous-mêmes, quand bien même on imagine le contraire. J’ai néanmoins une vraie meute : j’aime rassembler les êtres que j’aime, relier les gens entre eux. Je vagabonde entre différentes meutes aussi, et j’aime me sentir électron libre, loup solitaire. C’est dans ma solitude que je m’aime le plus.
Tu es très moderne dans l’image que tu renvoies. Et pourtant, il y a, chez toi, un côté hors du temps, presque anachronique. Je pense, à la fois à la sorcière du Moyen-Âge, mystique, très proche de la nature et aux super héros des comics, pleins de rêves et d’impossibles. Qu’en penses-tu ?
Ça me parle, bien évidemment. Je ne réfléchis pas à l’image que je pourrais renvoyer. Je fais juste ce qui me rend heureux, me révèle. Par exemple, mes tatouages, sont une façon à moi, quasi magique, de marquer les remous de mon esprit sur ma chair. Ce n’est pas une façon de me cacher ou de vouloir correspondre à une image, c’est ma manière de me présenter, avec une grande vulnérabilité. Je n’aime pas chercher des choses à l’extérieur de moi, je sais que tout se trouve en moi, il suffit juste d’être à l’écoute, de poser la lumière là où il le faut.
On te retrouve dans la série Les Engagés : XAOC et dans le film Down in Paris d’Anthony Hickling (en salle le 2 mars 2022). On a l’impression que tu n’arrêtes jamais, que tu ne tiens pas en place. Est-ce vraiment une impression ?
Ce n’est pas forcément que je ne tiens pas en place, je vais là où les choses me mènent. J’ai compris que lorsqu’on arrêtait d’avoir des attentes, des projections, ou des ambitions, mais qu’on s’accorde à rester dans une écoute attentive de la vie, alors une multitude d’aventures s’enchaîne. Oui, je me suis retrouvé cette année avec deux projets au festival Chéries-chéris, deux aventures qui découlent l’une de l’autre en fait.
Plasticien, acteur, réalisateur, musicien, écrivain… Y a-t-il encore un domaine que tu ne connais pas et qui commence à t’exciter en termes de créativité ? Lequel ?
Ce qui m’excite toujours, et qui est moteur de tout ce que je fais, c’est la rencontre. Que ce soit à travers l’écriture ou autre, c’est toujours la rencontre (de soi et des autres), qui m’attire. Je ne me considère pas comme un acteur, un écrivain ou autre chose… Encore une fois, je ne veux pas m’identifier à quelque chose, je veux rester dans le mouvement, ne rien figer. J’apprends à vraiment être avec la vie en ce moment, encore plus. Pendant plusieurs années, je voulais impressionner le monde. Je devais me retirer de la vie, pour l’observer de l’extérieur et la transformer en matière artistique. Aujourd’hui, je prends plaisir à y être au cœur, sans avoir ce besoin de la transformer en quoi que ce soit. Je vis.
Justement, il y a deux ans, tu as sorti Carpe Noctem aux Éditions Le Sélénite. Un deuxième roman est-il en route et qu’est-ce qu’il abordera ?
Je viens de terminer un roman, qui sera illustré par mes soins. C’est une fable pour adulte, suivant cet esprit que nous sommes tous et toutes créatures et créatrices de nos réalités. Et je viens de commencer l’écriture d’un nouveau roman aussi, la suite de Carpe Noctem, qui se déroule dix ans après.
Tu es masseur aussi. D’où te vient cette passion ? Et où as-tu appris ?
On m’a dit, quand j’étais jeune, que j’avais des mains d’énergéticien. Il est vrai que j’ai un rapport au touché très particulier, je ressens beaucoup de choses, et les corps sont des livres ouverts pour moi. J’ai commencé à masser avec cette conscience-là. J’ai ensuite suivi des formations en Inde, dans des ashrams. Je mélange plusieurs techniques. Comme je le disais avant, ma passion première est la rencontre, et les massages me permettent de faire de belles rencontres et d’aider celles et ceux qui viennent me voir à mieux se connaitre.
As-tu des projets et quels sont-ils ?
Artistiquement, j’ai un des rôles principaux dans le prochain film d’Antony Hickling. J’espère qu’on pourra commencer le tournage bientôt. J’ai ces deux romans que j’aimerais sortir prochainement. Et dans un autre registre, j’ai découvert la plongée il y a peu, et comme tout ce que j’aime, je veux aller plus loin. Je me vois bien devenir moniteur de plongée, en plus de tout ce que je fais déjà !