Rencontre avec Stéphan Druet, auteur et metteur en scène du nouveau spectacle des Caramels Fous
Chansons détournées, costumes extravagants, saynètes hilarantes, le nouveau spectacle des Caramels Fous est un beau succès. Jock.life a interviewé Stéphan Druet, auteur et metteur en scène de « Quand on parle du loup… »
Loup, y es-tu? Les Caramels Fous présentent leur nouveau spectacle, Quand on parle du loup…, au Théâtre du Grand Point Virgule à Paris jusqu’au 6 février.
Comme son nom l’indique, le seizième spectacle des Caramels, qui ont fêté récemment leurs 35 ans, se situe dans l’univers des contes. Point de départ de l’histoire : le petit Chaperon Rouge désire venger sa grand-mère, qui a été mangée par le loup, et sollicite l’aide d’autres personnages de contes de fées… qui n’ont pas forcément que ça à faire. La recette habituelle des Caramels Fous est respectée: saynètes loufoques, chansons populaires dont les paroles ont été détournées, costumes extravagants… (Fous) Rires garantis.
Quand on parle du loup… est écrit et mis en scène par Stéphan Druet, un habitué du théâtre musical (il a reçu le Molière 2018 du meilleur spectacle musical pour L’histoire du soldat de Stravinsky et Ramuz). C’est le deuxième spectacle de l’homme de théâtre avec la troupe. Il avait déjà mis en scène Le cirque plein d’airs. Cette fois-ci il signe le livret et les paroles des chansons, qui vont de La mélodie du bonheur à Rihanna, en passant par Céline Dion, Cher ou les 2be3. Il a répondu à nos questions.
Comment s’est faite votre rencontre avec Les Caramels Fous?
Stéphan Druet : Je les connais depuis longtemps. J’avais vu leurs spectacles précédents mais je n’avais jamais bossé avec eux. Puis, j’ai eu envie de le faire. Alma de Villalobos, la chorégraphe qui avait collaboré avec eux sur leurs trois derniers spectacles, est la chorégraphe avec qui je travaille depuis une vingtaine d’années. On se connaît super bien, on travaille très vite ensemble et on a eu envie de continuer avec cette aventure là.
C’est votre deuxième spectacle avec les Caramels, mais le premier à l’écriture. Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire?
Ils ont fait un appel à projet. Ils ont reçu plusieurs pièces. Ils ont aimé mon écriture, mon travail et la situation de cette pièce, qui était les contes.
Pourquoi ce thème et comment avez-vous choisi les chansons du spectacle?
J’adore les contes, de fées, de Disney, d’Andersen. J’avais envie de les détourner. De toute façon, c’est le principe des Caramels à la base, c’est à dire de prendre des chansons de tous répertoires et de changer les paroles et détourner les situations. Les princesses sont toujours présentées comme des idiotes naïves et je voulais en faire autre chose, dire qu’elles ne sont pas d’accord avec leur condition et qu’elles veulent changer. Le choix des musiques, ça vient comme ça vient. Je peux avoir des envies d’utiliser certaines chansons, eux peuvent avoir aussi des propositions.
On imagine que réécrire le texte des chansons n’est pas toujours un exercice facile. Quelles sont celles qui vous ont donné le plus de fil à retordre?
Aucune.
Vraiment?
Cela vient facilement en fait. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Parce que j’ai la situation en tête, je sais ce que je veux raconter dans une chanson. C’est comme des petits court-métrages. Il faut un début, un milieu et une fin, avec le refrain tout le temps bien sûr. L’intérêt aussi, c’est d’essayer de garder la consonance de la chanson initiale. Par exemple, « Libérée, délivrée » est devenue « Ta mémé s’est barrée », pour garder les deux « é ».
Les Caramels fous ont une longue histoire. Comment vous-vous y inscrivez-vous?
C’est une troupe d’amateurs et je trouve que le mot n’est pas très bien choisi pour eux. C’est ce que dit au début Eva Jean, la drag-queen qui présente le spectacle [David Jean, dans le civil, qui est le coach vocal des Caramels]: la signification exacte des amateurs, ce sont des gens qui ne sont pas payés, et pour le grand public, ça veut dire qu’ils ne sont pas vraiment dans le métier. Et j’avais envie qu’ils le soient, qu’ils chantent mieux que ce qu’ils chantaient, dansent mieux que ce qu’ils dansaient, jouent mieux que ce qu’ils jouaient. Donc on a travaillé beaucoup pour que tout soit à un niveau plus professionnel que ce qu’il y avait avant. Pareil pour les costumes, j’ai présenté Denis Evrard [qui interprète également Cendrillon/Elsa dans le spectacle] à la compagnie. Cela doit être le douzième spectacle sur lequel nous travaillons ensemble. Et tout d’un coup, la barre est plus haute, ses costumes sont magnifiques, tout comme ils l’étaient sur le spectacle précédent.
La différence entre une troupe amateur et des comédien.ne.s, c’est que ça représente plus de travail pour vous?
Le principe avec les Caramels c’est que, comme ils ont tous un travail à côté, on ne répète qu’un week-end par mois. C’est à dire qu’on peut prendre un an et demi à monter un spectacle. C’est hyper long. Alors que quand on travaille avec des professionnels, on peut faire un spectacle en trois semaines ou un mois, ça va très vite maintenant. Parce qu’on répète tous les jours, on est là du matin au soir. Eux ce n’est pas possible puisqu’ils travaillent. Plus le travail avance plus on essaie de resserrer les répétitions mais en général on ne peut pas répéter tous les jours. Donc il faut qu’ils se rappellent de tout d’une fois à l’autre, il y a un fort travail personnel à faire, de chant, de pas de danse, ce qu’ils ne font pas tout le temps. Comme ils bossent, ils n’ont pas tout le temps le temps.
Le ton du spectacle est très léger, mais étant donné qu’il s’agit d’une troupe gay, y a-t-il un fond de militantisme, pour vous?
Bien sûr. Les Caramels Fous ont toujours eu cet aspect de militantisme, même si je n’aime pas le mot. Le fait de le faire passer avec de l’humour, de l’émotion, des costumes, des paillettes, de la danse, pour moi c’est encore plus fort. Et ça passe encore plus pour un plus large public. Il y a toujours eu cette envie chez les Caramels de faire passer cela par le biais du spectacle, ce qui à mon avis est assez merveilleux.