« Euphoria » : ce que la série phénomène dit de la jeunesse d’aujourd’hui
La diffusion de la deuxième saison d’ « Euphoria » vient de se terminer sur OCS. Ses créateurs réitèrent le choc subi lors de la première saison. Cette série décrit sans ambages une jeunesse qui se cherche et qui a un rapport au queer résolument moderne.
A lire certaines critiques de la série Euphoria dans les journaux généralistes, on sent bien le malaise que certains journalistes (plus très jeunes, c’est évident…) ont ressenti devant le phénomène. On croirait presque, selon leurs dires, que toutes la série est fantasmée, que la jeunesse américaine ne ressemble absolument pas à Rue, Jules ou encore Nate, les protagonistes d’Euphoria. D’autres critiques, beaucoup plus pointues, soulignent la modernité du regard de Sam Levinson, le réalisateur sur ces adolescents pas forcément si paumés que ça… `
Drogues omniprésentes, violences quotidiennes, sexualité débridée, tout est abordé. Et d’abord, à travers la parole de ses personnages qui sont à peine à l’entrée du monde adulte… S’il est un aspect de la série qui ne clive pas du tout, c’est le rapport aux questions queer que ces jeunes entretiennent. Dans Euphoria, rien n’est tabou. Et on a presque envie de dire que tout est « normal »…
L’homosexualité est presque « normale »
Effet voulu par le réalisateur ou réalité avérée parmi la fameuse Génération Z ? Il semble que ça dépasse largement la trouvaille scénaristique. En effet, selon un sondage de l’Institut CSA publié en juillet 2021, en France, la génération Z embrasserait une sexualité plus fluide et s’écarterait enfin des stéréotypes genrés. Dans la série, les couples s’affichent : l’histoire d’amour entre Rue et Jules est très parlante. La transidentité de la jeune fille est naturelle et ne pose aucun problème.
La scène qui interpelle le plus pour souligner cette liberté de choix, est celle, déjà culte, du ballet de la pièce de théâtre mise en scène par Lexi. On y voit un groupe de garçons en short doré moulant mimer des actes homosexuels dans un vestiaire. La salle s’esclaffe, et pas pour la raison qu’on croit : c’est parce qu’elle a deviné que cette scène parlait de Nate, le garçon à la sexualité perturbée, interprété par le trop sexy Jacob Elordi, et absolument pas parce qu’elle aborde un quelconque tabou de la sexualité en garçons…
Une sexualité débridée
Un des aspects de la série qui peut surprendre le plus, c’est cette relation exacerbée au corps qu’ont les personnages. Que ce soit dans leur façon de s’habiller, dans la promiscuité permanente entre jeunes adolescents ou encore, à travers ce besoin impressionnant de se toucher…
Les protagonistes d’Euphoria vont encore plus loin : les relations sexuelles font partie de leur vie, ils aiment ça et en redemandent. Bien sûr qu’il y a un fossé entre les garçons hétérosexuels et les filles, mais quand on y regarde de plus près, la sexualité fait partie à part entière de leur développement et ce, quel que soit leur genre… Le personnage de Kat est particulièrement impressionnant à ce sujet : elle débute pratiquement sa vie sexuelle en mode virtuel, avec des plans cams monnayés…
Ce qui paraît tordu pour les adultes devient courant chez les adolescents d’Euphoria… Et on a l’impression que plus ces derniers deviennent « adultes », moins ils sont sexuels : pour preuve, Fezco, le dealer à la fois violent et romantique, joué par Angus Cloud, l’égérie du parfum Polo de Ralph Lauren…
Une communication impossible avec les adultes
Et les adultes dans tout ça ? Ils sont bien présents mais tous encore plus paumés que leurs ados. Comme si, ils ne parlaient plus du tout la même langue. Le seul personnage de la série qui utilise les mêmes codes que les jeunes est celui de Cal, interprété par Eric Dane (Docteur Sloan dans Grey’s Anatomy) : les réseaux sociaux, la sexualité débridée… Mais bien évidemment, il les utilise très mal. Au point de devenir le personnage le plus détesté de la série. Même si sa scène du cunnilingus restera dans les annales, si on peut se permettre…
Quand on voit les adultes de la série, on questionne naturellement l’échec de la transmission ou comment une génération entière s’est retrouvée livrée à elle-même dans le monde un peu ingérable d’internet… Nous resterons comme dans le dernier épisode de la deuxième saison : prudemment optimistes !