Lutte contre l’homophobie : des histoires qui finissent bien…
Dès lors que se rapproche le 17 mai, Journée mondiale contre l’homophobie, on se souvient tous, malheureusement, des moments où on a été victime, à son propre niveau de la haine et des discriminations. Nos témoins ont réussi à en faire une force…
Quand l’homophobie frappe, personne n’est prêt. Elle nous tombe dessus durement et nous laisse souvent désemparés face à la violence, parfois, à la méchanceté, quelquefois, à l’ignorance, presque tout le temps. On a beau penser qu’on est prêt à l’affronter, on se sent presque toujours désarmé.
Pierre (36 ans, de Strasbourg) s’est fait agresser sur un lieu de drague il y a une dizaine d’année : « Au-delà de la douleur provoquée par les coups, c’est l’incompréhension de la situation qui m’a fait le plus mal. Je n’arrêtais pas de me dire : “ Mais pourquoi ? ” Je pleurais devant quelque chose que je ne comprenais pas… »
Du coup, souvent, on se sent seul à ce moment-là. Même si on essaie de passer outre la violence. Matthew (42 ans, de Londres) se rappelle : « Au supermarché où j’allais tous les jours, une caissière prenait un malin plaisir à se moquer de moi, à faire des gestes inappropriés devant d’autres clients en me montrant du coin de l’œil. J’ai voulu un temps changer de crèmerie, comme on dit, mais je ne voulais pas qu’elle gagne ! »
Par la force des choses
Damien (22 ans, Vincennes) a rencontré l’homophobie très jeune : « J’avais 14 ans quand j’ai fait mon coming out au collège. Je l’avais déjà fait auprès de ma famille, ça me semblait normal. J’ai bien senti que mes camarades n’étaient pas à l’aise avec le sujet. Le soir, à la maison, ma maman a reçu des appels pas très agréables de parents. Elle ne m’a rien dit. Le lendemain matin, j’avais deux heures de sport avec le prof que je détestais le plus, un bourrin… Il nous a fait asseoir dans le gymnase et nous a fait un cours magistral sur la tolérance dans le sport. Il nous a parlé de racisme, de sexisme et d’homophobie. Il l’a fait avec tellement de bienveillance qu’à la fin du cours mes copains sont venus me voir pour me montrer leur soutien. Grace à mon “ bourrin ” de prof, j’ai vécu une adolescence plutôt sympa en tant que gay ! » Quand on est jeune, chercher un soutien sur qui compter est une bonne idée…
Rira bien…
La caissière de Matthew était pakistanaise. Un jour, alors qu’il faisait la queue, un raciste a agressé la caissière. Qui, à votre avis, a pris la défense de l’employée ? Notre Matthew ! « Les discriminations, quelles qu’elles soient, me révulsent… Ma caissière était autant surprise par les attaques racistes que par le fait que ce soit moi qui la défende… Nous avons par la suite, pris le temps de parler. Elle s’est rendu compte toute seule que son comportement venait de son ignorance ! »
Stefan (54 ans de Mende), lui, se rappelle : « Il y a quelques années, j’ai fait du bénévolat pour une association de lutte contre le sida. Je me suis fait insulter dans la rue de “ Sale pédé ” par une femme. Je n’ai pas tourné la tête. Je suis allé lui parler. On est resté ensemble pendant presque une heure. Elle est partie avec des préservatifs pour son fils. Une homophobe de moins ! »
L’amour est le plus fort
Quand on est en couple, on surmonte plus facilement les épreuves. Toky (26 ans, La Rochelle) en est la preuve : « Mon chef n’arrêtait pas de faire des allusions graveleuses sur moi auprès de mes collègues. J’en avais la nausée et je ne pouvais rien dire. Je travaille dans une banque. C’est un monde assez fermé… Un jour, mon chéri, qui en avait marre de me voir rentrer à la maison désespéré, est venu dans mon agence avec un édile de la ville pour parler grand projet immobilier. Toute la direction était au garde à vous. Au moment de partir, mon amour est venu me voir et m’a lancé un tonitruant “ Chéri, tu rentres à quelle heure ce soir ? ” Je n’ai plus jamais eu aucune remarques homophobes ! »
L’histoire la plus touchante est peut-être celle de Pierre après son agression : « Quand je suis sorti de l’hôpital, on m’a prescrit des soins pour ma cicatrice. Un infirmier est venu deux fois par jour me refaire mon pansement. C’était très professionnel au début. Moi-même infirmier, je ne voulais pas le gêner. Mais, on a bien senti qu’on ressentait quelque chose : on est tombé amoureux. Il m’a aidé à me reconstruire. Il m’a rendu plus fort. Et nous nous sommes mariés l’an dernier ! »