« Ma première Pride » : 3 générations de garçons nous racontent leur première marche des fiertés
Ah la première Pride… Comment l’oublier ? Comme toutes les premières fois c’est souvent un mélange d’appréhension et d’excitation et c’est aussi une étape importante dans la vie d’une personne LGBT+. Jock.life a demandé à trois garçons de nous raconter leur première fois… en Pride.
Laurent, 48 ans : « J’étais tellement heureux de ne plus être seul »
Laurent, 48 ans, a fait sa première Pride en 1996, il avait 24 ans. A l’époque la France vit le pic de l’épidémie de VIH/sida et les trithérapies viennent tout juste d’arriver.
« Les étudiants LGBT de Strasbourg avaient affrété un bus pour aller à Paris. On était en plein mouvement rave, je portais un micro t-shirt orange Act Up-Paris j’avais un sifflet transparent rose fluo, le crâne rasé et plein de boucles d’oreilles. J’étais tellement heureux de ne plus être seul.
Il y avait plein de gens beaux, en short, des lesbiennes à moto, les militant.e.s d’Act Up super en colère et tellement drôles à la fois, des mères qui défilaient avec leurs enfants. C’était avant internet. Une telle révélation. J’avais envie de crier, je souriais bêtement.
On allait danser le soir, en s’en foutait de la fatigue. J’étais tellement heureux, comme si le carcan s’ouvrait un peu plus et que je voyais le soleil pour la première fois alors que jusque-là, en luttant beaucoup, je n’avais vu que de la lumière.
On était avec Act Up Strasbourg qui avait jeté du sang sur la maison des homophobes responsables pour le sang contaminé. À l’époque, on pensait que les séropos allaient tous mourir. On avait tellement peur tout le temps. »
Nicolas, 37 ans : « Mon rite de passage »
Pour Nicolas, 37 ans, sa toute première Pride c’était en 2006 à Toulouse.
« Cette Pride a été un pas assez difficile à franchir pour moi, le petit aveyronnais tout timide. Je me souviens aussi ne pas avoir pu la finir à cause de mon train retour. Mais maintenant je ne regrette pas d’y être allé. Je pense même n’avoir jamais regretté. Quelques années plus tard c’est en tant que président d’association LGBT que j’y suis retourné, en 2014. Ma première Pride parisienne remonte à 2016 où je me suis retrouvé sur le char des Ours de Paris. Un moment également incroyable pour moi.
La toute première a été un vrai défi mais je l’ai vécue aussi comme un acte marquant de ma vie en tant que gay. C’était mon rite de passage. »
Louis, 21 ans : « Sûrement un des plus beaux jours de ma vie. »
Louis, 21 ans a fait sa première Marche des Fiertés en 2017 à Paris.
« Quelques mois auparavant, juste après mon 18ème anniversaire, j’avais fait mon coming out à mes parents. Cela faisait un peu moins de deux ans que j’avais compris que j’étais gay. Le fait d’avoir fait mon coming out m’a comme donné des ailes et une irrésistible envie de participer à la Marche. Je ne l’avais jamais approchée auparavant.
Quand je suis arrivé sur place, avant le départ, près de la Madeleine, j’ai ressenti quelque chose de particulièrement puissant et indescriptible. Un mélange d’excitation, de joie, et d’admiration. Même en étant agoraphobe j’aimais déjà l’endroit. Me savoir entouré de gens comme moi me procurait un sentiment de sécurité. Des femmes, des hommes, des personnes non binaires, toutes et tous fier.es d’être qui iels étaient et célébrant cette fierté. J’étais aux anges. Des couples homosexuels de partout se tenant la main sans crainte, c’était merveilleux ! Je me sentais comme à la maison. J’ai apprécié le côté festif mais aussi politique. L’hommage fait aux personnes décédées du sida, les messages forts sur les mutilations des personnes intersexes, des pancartes féministes, pour les droits trans etc. Je serais incapable de mettre des mots pour décrire avec précision mon état à ce moment-là. Sûrement un des plus beaux jours de ma vie. »