Trois choses à savoir sur “Peter von Kant”, le nouveau François Ozon
“Peter von Kant, le vingt” et unième film de François Ozon, sort en salles ce mercredi 6 juillet. Un huis clos brillant, porté par un groupe d’acteurs et d’actrices excellent(e)s et un film plus personnel qu’il n’y paraît.
1 – Une adaptation d’une œuvre culte de Fassbinder
Peter von Kant est tiré d’une pièce culte de Rainer Werner Fassbinder, Les larmes amères de Petra von Kant, que l’auteur-cinéaste allemand a porté lui-même à l’écran en 1972.
Afin de se sentir plus proche de son personnage principal, François Ozon a masculinisé les rôles principaux. Petra von Kant devient ainsi Peter von Kant, et ne travaille plus dans la mode, mais dans le cinéma. Pour être plus précis, Peter von Kant est même cinéaste, comme Ozon.
Ce faisant, on se rapproche de l’inspiration initiale de l’œuvre. Dans le dossier de presse, le cinéaste français explique que selon la dernière compagne de Fassbinder, l’histoire originale est une transposition fictionnelle de l’histoire d’amour compliquée de Fassbinder avec l’un de ses acteurs fétiches, Günther Kaufmann. Et si le cinéma d’Ozon se révèle être moins pessimiste que celui de Fassbinder, la filiation entre les deux, notamment à travers leur manière de disséquer les rapports de domination dans la relation amoureuse, semble assez évidente.
2 – Deuxième rencontre avec l’univers de Fassbinder pour Ozon
Le cinéaste français n’est pas étranger à l’œuvre de Fassbinder. En 2000, il avait adapté une autre pièce, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, avec Bernard Giraudeau et Malik Zidi.
Autre référence à l’univers de Fassbinder: dans Peter von Kant, Isabelle Adjani chante une version allemande de la chanson fredonnée par Jeanne Moreau dans Querelle, le dernier film de Fassbinder: Each man kills the thing he loves, qui devient ici Jeder tötet was er liebt.
3 – Un casting génial
Il fallait un acteur d’une carrure exceptionnelle pour jouer les différentes facettes de Peter von Kant, qui est de tous les plans. Denis Ménochet, qui a déjà tourné pour Ozon (Dans la maison et Grâce à Dieu), est manifestement l’homme de la situation. Tour à tour cruel, manipulateur ou pathétique, le comédien ne semble faire qu’un avec son rôle.
Pour jouer son (obscur) objet du désir, Ozon a fait appel à Khalil Garbia, qu’on a pu voir dans les séries Skam France, sur France TV Slash ou Les 7 vies de Léa, sur Netflix. Depuis Une robe d’été, son court-métrage mythique de 1996, on sait que François Ozon a un certain talent pour dénicher les jeunes beaux acteurs du cinéma français. Mission accomplie une fois de plus. Khalil Garbia, incarne un Amir aussi beau que troublant.
Ozon avait tourné avec quasiment toutes les plus grandes actrices françaises… il en manquait une: Isabelle Adjani. Elle incarne Sidonie, une actrice chanteuse et amie de Peter von Kant. Filmée comme si elle posait pour les Studios Harcourt en permanence, Adjani fait le show et montre que le mythe n’est pas usurpé.
Dans le rôle de Karl, l’assistant soumis, Stéfan Crépon promène sa silhouette longiligne dans tout l’appartement, obéissant aux moindres désirs de son patron/idole/tourmenteur. Il n’a aucune réplique. Tout passe par son attitude et les expressions de son visage. On se surprend d’ailleurs à guetter tout au long du film chacune des réactions de Karl. Comme quoi, les rôles les plus marquants ne sont pas toujours les plus bavards!
Enfin, on notera un petit clin d’œil au film de 1972, avec la présence au casting d’Hanna Schygulla. Dans la version originale, elle incarnait Karin, l’objet du désir de Petra dans la version allemande. Elle joue ici la mère de Peter.