On a parlĂ© avec Marianne James de son nouveau spectacle “Tout est dans la voix”
FidĂšle Ă elle-mĂȘme mais toujours surprenante, Marianne James revient au Théùtre Libre pour « Tout est dans la voix », un seule en scĂšne musical Ă©tonnant, gĂ©nĂ©reux, qui vient cueillir le public avec une balade faite de surprises, dâhumour et dâamour. Lâoccasion de rencontrer notre diva prĂ©fĂ©rĂ©e juste avant son entrĂ©e sur scĂšne.
Propos recueillis par Philippe Escalier
Marianne, comment est né ton spectacle ?
Pendant la longue période de Covid, très casanière, je me trouvais très bien chez moi, dans le Sud de la France, dans cette maison que j’ai aménagée pour être proche de ma maman. Là, j’ai décidé de monter un e-commerce avec des tutos de chant d’une vingtaine de minutes vendus par huit avec des fiches explicatives, des exercices. J’ai tout finalisé avec Ullie Swan, ma community manager, de Montélimar aussi, rencontrée sur Insta et qui est devenue une amie.
Arrivent alors les obligations légales, tout ce que je devais faire et surtout pas faire. Je risquais de me retrouver avec tous les orthophonistes, les phoniatres, les médecins contre moi. Et pour tout dire, c’est en sortant de la réunion avec une experte juridique et fiscaliste du net que j’ai décidé de tout arrêter ! J’en parle à Alexandre Mortier, le mari de Jarry, le patron de A Mon Tour Prod pour qui la solution consiste à faire sur scène une master class à ma façon, donc avec de l’humour. Pour cela, il me conseille de travailler avec BenH. Ce que je fais.
Ensuite, tout est allé très vite : octobre 2021 on commence à collaborer ensemble et mars 2022 débute la tournée. Un seul petit regret : je voulais appeler mon spectacle « L’Odyssée de la voix » mais le génial Michaël Gregorio avait déjà pris ce titre.
Ce qui est génial dans « Tout est dans la voix » c’est que l’on y apprend beaucoup l’air de rien, ce qui est le secret de la pédagogie ! La transmission est visiblement quelque chose d’essentiel pour toi…
L’élégance suprême en la matière consiste à éveiller l’intérêt en divertissant et en allant chercher l’enfant enfoui dans l’adulte. C’est toute l’expérience de Tatie Jambon, ce spectacle pour jeune public que j’ai joué 300 fois. Face à eux, si on arrive avec nos habitudes d’adultes, ils n’écoutent pas. Aujourd’hui, j’ai gardé ce réflexe, je prends mon public pour mes petits, d’ailleurs, je continue à dire Tatie Marianne sur scène. La transmission, c’était le bon moment. J’ai toujours aimé ça et, à 60 ans, j’ai un trésor (ma voix) et je sais pratiquement tout sur ce trésor : je suis enfin en accord avec moi-même.
Durant le show, tu demandes à ceux qui veulent chanter de prendre le micro et c’est magique, il se passe toujours plein de choses surprenantes !
Hier soir, par exemple, il y avait Catherine, elle ne savait pas trop chanter. Je l’ai mise à l’aise en disant que je préférais Une souris verte bien chantée à une Traviata ratée. Elle nous a chanté Une souris verte avec du charme tout en jouant avec un grand sourire. C’était juste, simple, en place : ovation du public ! Ceci dit, j’ai eu une Traviata, ukrainienne, grande, blonde, tout pour la détester (rires). Je lui propose Libiamo, elle me répond non, je préfère “la mort de Violetta”. Et là, je me dis, si elle y arrive, je m’appelle Paulette… Eh bien, je m’appelle Paulette ! À la fin, je suis en larmes, comme à la télévision, toute la salle aussi. Un moment de grâce et, au fond de moi, je remercie la vie !
Le soir où j’étais là, on a eu aussi ce beau moment avec la personne non voyante que tu as faite monter sur scène !
Elle ne m’avait jamais vue, il fallait bien qu’elle me découvre. Elle vient, je pose ses mains sur mes seins, elle fait « ah oui! » et puis elle n’a plus eu de mots quand elle arrive sur les fesses ! Tout l’a surpris ! Elle n’avait jamais touché l’ourse Cannelle en personne ! (Rires).
Ce qui frappe durant tes spectacles et j’allais dire de plus en plus, c’est cette communion avec le public !
Tu sais que je voulais être prêtre ! Ça remonte à mes 6 ans, je rentre en pleurs chez moi, on vient de me dire que le Père Noël n’existait pas, je questionne mes parents et je leur en veux de m’avoir menti. Beaucoup plus tard, avec Tatie Jambon, je défendrai à fond le Père Noël. Bref, peu de temps après, on m’a dit que Jesus existait, j’ai voulu aller voir et croire en Jesus que je trouvais beau et à qui je faisais des mimis. À 8 ans, après ma confirmation, je suis allée rencontrer le curé pour lui dire que je voulais faire comme lui ! Ça l’a fait beaucoup rire. J’ai pensé devenir sœur, mais j’ai vite compris que le vœu de chasteté ne fonctionnerait pas avec moi !
J’ai besoin de la vie. Si les gens arrivent sagement, avec leurs soucis, ne bougent pas et restent bras croisés, il faut que, quand ils partent, ce soit tout l’inverse, qu’ils aient la banane, se parlent et soient heureux. Et il faudrait que ce soit comme cela à l’église au lieu d’avoir des prêtres qui ânonnent. Ânonner n’est pas parler ! Honte sur eux ! Il faut savoir parler aux gens. La parole du Seigneur, encore faut-il qu’elle soit donnée…bordel de Dieu ! J’ai vu des messes dans le Bronx ou au Brésil, c’est autre chose. J’ai même proposé un jour à M6 de faire « À la recherche du nouveau curé ».
Alors ce que je fais c’est bien plus efficace et marrant : être chanteuse, enseigner le chant (même de façon rapide et simplifiée) en faisant rire, voilà qui permet aux gens d’aller beaucoup mieux après.
J’imagine que le public gay te suit toujours ?
Oui, je vois revenir les fidèles de L’Ultima récital. Souvent ils sont à la sortie pour m’attendre. Il y a aussi les garçons qui m’ont vue en vidéo et qui veulent m’apercevoir en vrai. Ils ont envie d’entendre de la voix tout en s’amusant… ou de me voir tout simplement. Tu t’en doutes, c’est un public que j’adore !
Pour finir, quels sont tes actus avec la télé ?
D’abord La France a un incroyable talent vient de redémarrer. Nous allons fêter nos vingt ans par deux grandes soirées qui seront tournées et diffusées en 2023.
Un scoop pour finir : je fais partie de la seconde saison d’une série policière qui cartonne sur France 3, Face à face, dans laquelle je joue une avocate à la Cour Européenne des Droits de l’Homme. En robe noire j’ai passé ma vie à défendre les migrants ou les opprimés et j’ai juste oublié d’élever ma fille, jouée par Constance Gay qui est géniale, chez qui je me retrouve à Strasbourg et forcément, ça ne va pas bien se passer. Diffusion au printemps prochain.