Témoignages : « Il va me présenter à ses enfants… »
Le « daddy», le vrai de vrai, est toujours sexy. Il fait partie des fantasmes largement admis. On est fier quand on a décroché la timbale du géniteur. Ce à quoi on ne pense pas toujours, c’est le moment où votre chéri va vous présenter ses enfants. Attention malaise…
Bruno (49 ans, de Rennes) se souvient parfaitement le jour où son chéri lui a annoncé qu’il aimerait qu’il rencontre son fils et ses deux filles : « J’ai paniqué. Je savais que ses enfants était au courant que leur père était gay. De-là à jouer à la famille recomposée, je ne me sentais absolument pas prêt. D’autant que je suis d’une génération qui pensait que la parentalité, ou quelque chose qui s’en rapproche, ne me concernerait jamais… J’ai appelé immédiatement ma mère. Qui s’est allègrement moquée de moi… »
La situation pour Bruno était cocasse. Il n’avait jamais envisagé que cette relation irait si loin. La difficulté est encore plus grande quand le « papa » en question est un tout jeune gay. Jean-Pierre (51 ans, d’Évry) ne connaissait son compagnon que depuis deux ans et ce dernier n’a jamais connu d’autres mecs que Jean-Pierre. Il se rappelle de ce moment-là : « Mon homme vit comme il a toujours vécu : comme un hétéro lambda pour qui les choses sont naturelles. Quand il a voulu me présenter à ses deux ados, il m’a proposé un repas de dimanche Poulet-frites avec eux à la maison. Je croyais que c’était un code ou un truc qu’il voulait me faire comprendre… »
Ne pas surjouer le beau-père
Quand Bruno a demandé à sa mère que faire dans ce genre de situation, elle a été cash : « Elle m’a dit : “Tu vas te planter, t’as pas l’instinct maternel !” et elle a explosé de rire. Elle savait que je n’étais pas très à l’aise avec les enfants… Elle m’a expliqué qu’il n’y avait pas de modèle de beau-père. Le mot me terrifiait déjà. Elle m’a conseillé de rester moi-même, de ne surtout pas surjouer le rôle. La perfection n’existe pas, m’a t’elle dit. Et, perfide, elle a ajouté que peut-être, les enfants, eux, allaient comprendre mes plaisanteries. »
Matthew (33 ans, de Bâle) a peur de vivre le pire : « J’ai seulement dix ans de plus que l’ainé. Comment je dois réagir ? Et cerise sur le gâteau, je vais les rencontrer avec leur mère qui a l’âge de ma mère… Je suis sûr que je vais être nul. J’ai presqu’envie de me faire porter pâle… Au secours ! »
À sa place
La rencontre est prévue la semaine avant Noël pour Jean-Pierre. Même agenda pour Matthew. Bruno, lui va carrément découvrir la fratrie le soir du réveillon. Il angoisse un peu : « Pour la première rencontre, je me coltine l’épreuve des cadeaux. Qu’est-ce-que tu offres à deux adolescents que tu ne connais pas ? Leur père me dit de me débrouiller et de ne pas dépenser des sommes folles. Je voudrais bien l’y voir. J’ai encore appelé ma mère au secours. Elle m’a dit de rester à ma place, de ne pas dépenser plus que leur père. Elle a ajouté de penser toujours à leur faire plaisir et pas à vouloir à tout prix leur plaire. Les enfants détectent quand on en fait trop, paraît-il ! » Matthew lui, a décidé de ne pas faire de cadeaux : « C’est mon chéri qui s’en occupe. Je leur donnerai des enveloppes avec de l’argent… Mais ça reste bizarre. »
Avoir le bon rôle
Comme Jean-Pierre ne sait pas comment se comporter dans une telle situation, il a tout simplement décidé de jouer le beau-papa-gâteau : « Si quelque chose doit se créer entre eux et moi, je veux qu’on base ça sur la complicité. S’ils ont besoin de dire un truc à leur père mais qu’ils n’osent pas, ils viendront me voir. Je veux avoir le bon rôle. Et j’ai bien intégré que ni eux, ni moi d’ailleurs ne sommes responsables de la situation alors autant en profiter. Mon homme sera le bad cop. » Matthew doit, en plus de gérer la situation avec les enfants, aborder l’ex épouse de son mec : « Je crois que c’est ce qui me faisait le plus flipper. Mais elle est trop cool. Elle m’a appelé pour me dire de ne pas m’en faire et que si je voulais, on pouvait se rencontrer avant… Trop sympa ! »