« American Horror Story : NYC » ou quand Ryan Murphy donne un cours d’histoire… gay !
Encore auréolé du succès planétaire de « Monster: The Jeffrey Dahmer Story », Ryan Murphy propose sur MyCanal, la onzième édition de sa série « American Horror Story ». Elle se passe à New York en 1981. Une saison moins fantastique et beaucoup plus pédagogique.
Le spectre des créations de Ryan Murphy est immense : de Glee à Ratched en passant par Hollywood, il n’a peur de rien. Chaque année, il propose une nouvelle saison à sa série American Horror Story. On se souvient encore de la cinquième, Hotel, avec une Lady Gaga flamboyante, une révélation de son talent d’actrice… Cette année, c’est la onzième saison qui arrive sur MyCanal. Elle s’intitule NYC. Et pas n’importe quel New York, celui de 1981 avec l’apparition du sida. Ce n’est pas la première fois que Ryan Murphy aborde le sujet. Il est à l’origine de l’adaptation pour la télévision de la pièce de Larry Kramer, le fondateur d’Act-Up, The Normal Heart. AHS est moins politique certes, mais elle nous plonge violemment dans cette période douloureuse.
Première surprise quand on visionne AHS : NYC, où sont les stars hollywoodiennes qui accourent dès que Murphy propose une nouvelle création ? Ici, pas de Jessica Lange, ni de Sarah Paulson ou de Kathy Bates. Le réalisateur semble, peut-être à cause du sujet, avoir puisé dans sa « bande », des acteurs LGBT+ pour la plupart… Russell Tovey, Joe Mantello, Denis O’Hare, Zachary Quinto et Charlie Carver… Seule exception, la présence de Patty LuPone, véritable icône de Broadway, qui nous livre une séquence improbable où elle chante devant des mecs à poil dans un sauna… Le fantasme absolu pour tous les fans de comédies musicales.
Alors, que donne alors cette saison décidément très pédagogique ?
Une fiction, mais pas trop…
AHS est une série qui a un ton particulier et un univers fantastique un peu gore. Le ton est là pour NYC, l’univers fantastique, un peu moins. Et ce n’est pas l’arrivée de la fausse voyante dans le cinquième épisode qui va infirmer ce sentiment. On est plus dans le fait-divers que dans l’histoire fantastique. Voyons plutôt AHS : NYC comme une parabole de ce qui est réellement arrivé.
Le personnage de Big Daddy, une brute cagoulée en harnais de cuir, interprétée par le culturiste gay, Matthew Bishop, en est le symbole évident. Il joue « la Grande Faucheuse » à la perfection… Ryan Murphy a décidé de construire cette saison comme une fiction qui ressemblerait beaucoup à la réalité. Un peu comme si, nos souvenirs embrouillés de cette époque tragique nous faisaient oublier ce que les gays ont vécu à cette époque. Comme une sorte de remise à l’heure de nos pendules émotionnelles.
Des clins d’œil plutôt que des clichés
Tout au long de la série, on a l’impression d’un déjà-vu avec le même arrière-goût de « Oh non ! Tous les gays n’étaient pas comme ça ! ». Le parti-pris de Ryan Murphy a été de nous replonger dans l’univers du film Cruising (qui se déroule dans les bas-fonds du New York des années 70). Les clins d’œil sont évidents : la scène du policier qui arrive dans la salle d’interrogatoire en jockstrap pour frapper le jeune Adam est littéralement un copié-collé du film de William Friedkin. Et tant pis si l’univers du film (cuir-sauna-Central Park-Fire Island) peut paraître un peu cliché, la façon dont c’est utilisé pour l’histoire est plutôt une forme d’hommage que Murphy veut rendre aux gays de ces années-là. Notre clin d’œil préféré est lorsque Gino se promène dans la rue avec son bonnet rouge, comme Larry Kramer sur une photo devenue aujourd’hui mythique…
Un Russell Tovey au top
La force de Ryan Murphy dans ses créations, c’est le casting. Choisir Russell Tovey pour interpréter un policier gay pas très à l’aise avec son homosexualité est la réussite de AHS : NYC. On oublie presque qu’on est en 2022 devant la série tant il habite le personnage de façon très réaliste. On retrouve ici le Russell Tovey qui nous avait excité dans Looking ou fait pleurer dans Years And Years. Et on est ravi. À noter, à ses côtés, un Joe Mantello au meilleur de sa forme, et lui-aussi, terriblement sexy… Il est poignant sur les deux derniers épisodes. Heureusement qu’il est là d’ailleurs, parce que le scénario est un peu faible sur ce final. A croire que c’est aussi une des marques de fabrique de Ryan Murphy : il ne sait toujours pas finir une série ! C’est bien dommage…