“Sublime” de Mariano Biasin : d’amour ou d’amitié
Manuel et Felipe sont amis depuis l’enfance. Mais avec l’adolescence et l’émergence des désirs, quelque chose change pour le premier… Premier film de l’Argentin Mariano Biasin, « Sublime » s’approche au plus près des sentiments de ses héros pour raconter tout en douceur une histoire de découverte de soi. Un très joli film qui sort le 17 mai au ciné.
On a tant vu d’histoires d’adolescences, de découvertes de sa sexualité et de sa différence, de récits de premières amours et de coming out qu’on pourrait se demander si tout n’a pas été dit et montré sur ces sujets, s’il est bien nécessaire de tourner encore des films mettant en scène ces émois de jeunesse et tous les tourments qui vont avec. Il suffit pourtant d’un film comme Sublime pour balayer ces doutes et être persuadé du contraire. Le film de Mariano Biasin démontre en effet, avec une belle subtilité et beaucoup de délicatesse, qu’il existe encore bien des manières d’aborder ces questions autour de la naissance des sentiments et de la prise de conscience de son homosexualité.
Mon ami, mon amour
L’une des plus belles idées de Sublime, c’est de ne rien cacher dès ses premières images de ce qui va agiter Manuel pendant tout le film. Ces premières images, ce sont celles d’un film de famille en vidéo, celles de l’anniversaire d’un petit garçon qui fait la tête alors qu’autour de lui tout le monde, famille et amis, fait la fête. Ce gamin, c’est Manuel. Il se fiche de ces jeux, de ces cadeaux, de ce gâteau, de ces bougies à souffler, de ces baisers de ses parents. Une seule chose compte pour lui : Felipe n’est pas là. Tout change lorsqu’il arrive enfin, Manuel s’illumine, il exulte de bonheur.
Tout est dit. Les années vont passer et on pourrait répéter cette scène : Manuel est heureux dès qu’il est avec Felipe. Bien sûr, il a d’autres amis avec lesquels il monte un groupe de rock, bien sûr il s’essaie à flirter avec une des filles de la bande, bien sûr il vit sa vie d’ado aimé par sa famille. Mais tout est tellement mieux lorsque Felipe est là…
L’art de la délicatesse
Progressivement, le film glisse de cette amitié fusionnelle vers d’autres sentiments que Manuel a du mal à identifier, puis qu’il ne sait comment les exprimer. Comment dire à son copain de toujours qu’on l’aime ? Comment dire à ses proches qu’on est gay ? Comment se comporter pour que tout ce qui vous bouleverse ne se remarque pas trop ?
Toutes ces interrogations, Sublime et Mariano Biasin les traitent avec une confondante douceur. Il n’y a pas de cris ici, pas de larmes, pas de violence, aucun drame à l’horizon. Il n’y a qu’un garçon se débattant avec ses troubles, ses rêves amoureux et ses doutes, il n’y a que de la bienveillance, il n’y a qu’un joli baiser au grand jour.
C’est tout cela qui rend Sublime si touchant. Cette façon de dédramatiser nos amours, de dire que si ce n’est jamais facile d’être ado, ce n’est pas forcément plus difficile d’être un ado gay.