Marche des Fiertés Paris 2023 : « J’y vais » ou « J’y vais pas » ?
Décarbonée ! L’annonce date d’il y a à peine deux mois : la Marche des fiertés 2023 de Paris, qui se déroule ce samedi 24 juin, se fera sans char. Chacun y va de son avis forcément contrasté. Jock a rencontré des gays très militants ou moins, qui ont choisi de maintenir leur présence… Ou pas !
« Je ne comprends pas cette décision, déclare Philippe (41 ans, de Paris). Je suis de toutes les Gay Prides depuis plus de vingt ans. Le dernier week-end de juin a toujours été sacré pour moi. Là, j’ai peur que ça ne ressemble plus du tout à l’idée que je me faisais d’une visibilité joyeuse et festive de notre communauté. Je serai là le 24 juin. Mais j’avoue que je vais traîner des pieds pour y aller. Et je ne serai pas le seul. Mes amis alsaciens qui avaient l’habitude de venir, ont décliné mon invitation cette année… »
Le pari que les organisateurs ont fait cette année, de décarboner la Marche en interdisant les chars motorisés, fait parler. Les esprits se sont rapidement chauffés sur les réseaux sociaux. Il y a les « pour » et forcément les « contre »…
Michaël (29 ans, de Nanterre) fait partie des seconds : « La Marche pour moi, c’est l’occasion de faire une grande fête avec mes amis, gays et hétéros. J’avais trouvé un bon équilibre entre mon envie de rendre l’évènement plus politique et celle de m’éclater tout le week-end, en allant à la Pride Radicale d’abord, la Pride des Banlieues aussi puis, à la Marche ensuite. J’ai compris que la Marche devenait une manifestation classique : j’ai déjà donné pendant tout l’hiver et le printemps. Cette année, ce sera sans moi… On va traîner avec mes potes dans le Marais. »
« Touche pas à ma Marche »
Pour Jean-Louis (52 ans, de Tours), il est hors de question qu’il ne manifeste pas ce 24 juin : « Quelle que soit la forme que prend la Marche des Fiertés, il faut être là. Nos droits sont trop fragiles et surtout, je marche pour ceux qui n’ont pas le choix de ne pas marcher. Tout le monde semble tomber des nues quant à l’interdiction des chars et donc de la “grosse” musique. Mais il me semble que l’an dernier, les recommandations allaient déjà dans ce sens. Mais qu’elles avaient été moins suivies… Faudrait savoir ce qu’on veut : une plus belle planète au sujet de nos droits, mais pas quand il est question d’écologie. Ceux qui râlent contre la décision des organisateurs me font penser à ma voisine, qui ne trie pas ses poubelles et qui me dit que ce n’est pas avec son tri que la planète ira mieux… »
De la même façon, Stéphane (31 ans, de Paris) lance : « On se fait encore casser la gueule parce qu’on est des personnes LGBT+. On se fait humilier, discriminer. Certains d’entre nous risquent leur vie en affirmant leur homosexualité. Et on va pleurer parce qu’on ne pourra pas danser sur Padam, Padam samedi prochain. On rêve ! »
C’est pas pareil !
Oliver (18 ans, de Saumur) est plutôt triste : « J’avais négocié avec mes parents pour qu’ils me laissent aller à Paris pour ma première Marche. J’avais prévu de pouvoir m’habiller comme j’en avais envie. Je voulais danser tout l’après-midi avec ma meilleure amie. J’avais lu tellement de témoignages de gens qui racontaient leur première Gay Pride, que je voulais que la mienne soit mémorable. J’ai hésité à venir quand même. Puis quand j’ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux, la violence de certains posts, je me suis dit que je n’allais pas gâcher MA fête ! Je vais donc rester chez moi… »
Michaël, lui, ira boire des bières dans le Marais : « D’habitude, j’y arrivais beaucoup plus tard. Là, à 16 heures, j’aurai un verre à la main… Ce que je ne comprends vraiment pas aujourd’hui, c’est la communication bizarre des organisateurs. On en arrive au résultat où “faire la fête” serait anti-écologique. Si encore, on finissait la Marche dans un parc comme à Londres, au lieu du paradis du béton qu’est la Place de la République, on serait cohérent… Et puis, j’ai l’impression qu’on oublie une chose primordiale dans le fond : un mot d’ordre porté par 100000 personnes et un mot d’ordre soutenu par 500000 personnes, ce n’est pas pareil… Politiquement ! »