Pablitobello, le photographe qui aime les hommes nus dans la nature
Depuis de nombreux mois, Jock voulait rencontrer Pablitobello pour Ă©changer sur son talent Ă mettre en valeur les corps, nus souvent, de garçons en harmonie avec tout ce qui les entoure. Câest chose faite. Câest enfin lâĂ©tĂ©, dĂ©shabillez-vous avec lui !
Parle-nous de toi…
Natif de Bordeaux, je suis issu d’une famille composée de musiciens, de dessinateurs et de peintres. Je vis à Paris depuis plus de 20 ans. Deux rencontres artistiques avec des modèles posant notamment aux Beaux-Arts, courant 2013, ont ravivé mon goût pour la photo.
J’ai d’abord débuté en laissant parler telle ou telle partie du corps humain, accueillant par exemple deux mains enlacées comme sujet exclusif d’une photo. Au fil de ce parcours informel, j’ai été également séduit par les visages des sujets photographiés, frappé par l’harmonie pouvant surgir entre l’expression du visage et sa pose, ou touché par une émotion spontanément apparue. Le nu masculin est une passion toujours vive depuis (déjà) 10 ans.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Je suis très attaché à la nature et à notre environnement, dont nous sommes partie intégrante et qui n’a de cesse de m’inspirer. Je suis passionné par la recherche de l’harmonie entre l’homme et ce qui l’entoure. Harmonie à recréer, à retrouver. L’image me permet ainsi de satisfaire ce goût profond pour l’harmonie. La statuaire, qu’elle soit issue de l’Antiquité ou de la Renaissance, m’a toujours séduit, par sa force créatrice, son esthétique aussi. Très modestement, c’est dans mon esprit une sorte d’hommage que je rends à ces artistes et à leur fécondité créative.
Tu fais autant de photos en noir et blanc qu’en couleur. Qu’est ce tu préfères et pourquoi ?
Je suis autant amoureux de la couleur que du noir et blanc ! Les couleurs changeantes du bord de mer, par exemple, peuvent autant m’enchanter, en révélant la sensualité de la carnation, que le noir et blanc d’une pose sculpturale, dans laquelle seules les nuances de gris ombreront les lignes corporelles.
Comment trouves-tu tes modèles ?
Étant relativement actif en photographie, j’ai eu – et ai toujours – le privilège de rencontrer de nombreux modèles, que ce soit par les réseaux sociaux, ou par le bouche à oreille. Je profite de cette question pour rendre un hommage appuyé à leur générosité, leur inventivité, leur gentillesse, et surtout leur amitié !
Comment construis-tu les histoires de tes séries de shooting ?
Oh je ne sais pas trop…. Je dis souvent que n’étant pas cinéaste, je ne saurais pas rédiger de scénario très « ciselé ». Cela dit, une trame, une intrigue me servent, ainsi qu’aux modèles, de direction pour conduire les séances. Le cinéma peut autant m’inspirer que le théâtre ou la danse (qui est également une vive source d’inspiration). J’aime l’idée de mêler les disciplines artistiques !
Avec tes photos, on entre dans l’intimité de tes modèles… Comment les prépares-tu ?
Très simplement ! Je leur fais part de mon envie de les photographier ; puis au fil de l’eau, se dessine le projet (participation à une série, ou thème spécifique). La motivation et la confiance réciproques sont des gages de réussite.
Certains de tes modèles, notamment les couples, viennent-ils avec des envies particulières : scénario, poses… ?
Bien sûr ! C’est pour moi un vif plaisir lorsque des modèles apportent, outre leur image et leur motivation, des idées particulières. Dans la mesure du possible, j’essaye de les satisfaire : le plaisir partagé est également un des facteurs de la réussite d’une séance photo !
Tu fais beaucoup de photos en extérieur. C’est assez rare pour du nu…
La nature est une source intarissable d’inspiration, par sa beauté changeante, et c’est le lieu naturel de vie des humains, y compris pour le citadin que je suis !
Il y a beaucoup de douceur, voire de tendresse dans ton travail ? C’est voulu ?
Sincèrement, je ne sais pas…. Enfin disons que ce compliment (car c’en est un pour moi) m’a souvent été adressé au sujet de mes photos. Sans doute est-ce par ce que je crois à la force de la délicatesse et à la puissance de la douceur qui nous touche tous. Et je dois reconnaître que la tendresse, quand elle se lit sur un visage ou une pose, m’émeut beaucoup.
Qui sont tes photographes préférés ?
Mapplethorpe bien sûr, par son goût de la transgression, à l’époque, et son sens de l’esthétique. Wilhelm von Gloeden, car je suis fan de photos vintage, et pour la pureté qui émane de sa photographie. Wolfgang Tillmans, pour son art de la provocation. Richard Avedon pour ses portraits en noir et blanc, et bien d’autres…
As-tu des projets en cours ?
Oui ! Pour en citer deux : d’une part, j’alimente de nouveau ma série « un amour de Chevalet » qui permet notamment de jouer avec les lignes des corps, et les ombres. Et d’autre part, je développe également un travail autour d’un thème érotique plus explicite. Enfin, j’ai un projet au long cours qui, j’espère, verra le jour à l’été 2024. Il devrait associer plusieurs modèles…. dans la nature bien sûr !