On a parlé littérature et naturisme avec Loris Claäm, l’auteur de « Garçons des dunes » (tome 2)

Parle-nous de toi…

Pour être précis et toujours en rapport avec le livre, la vie d’Antoine dans Garçons des dunes, c’est un peu ma vie. Ancien hétéro, j’ai découvert mon homosexualité très tard. A la trentaine. Je me suis d’abord défini comme bi, puis après mes premières relations, j’ai su que j’étais vraiment gay. Aujourd’hui, j’ai 44 ans. Quand on découvre qu’on est gay sur le tard, on s’aperçoit qu’on n’a pas du tout la même vie que les jeunes gays d’aujourd’hui. Mon univers est différent. Même si, quand j’ai accepté mon homosexualité, j’étais comme un jeune homme. J’avais envie de vivre tout à 200 à l’heure… Y compris mes aventures !

Comment as-tu réagi au succès du premier tome ?

C’est peut-être prétentieux de ma part mais, au départ, je m’attendais à plus. Et puis, avec le recul, je me suis rendu compte que c’était assez exceptionnel pour un premier roman. Je pensais innocemment que ça allait toucher tout le monde, mais en fait, le public qui s’est senti concerné, fait partie d’une catégorie particulière : les gays naturistes. Du coup, je trouve aujourd’hui que le tome 1 a beaucoup marché. Je me présente maintenant comme l’auteur de Garçons des dunes et beaucoup de gens connaissent… Ça fait très plaisir.

C’est ce qui t’a donné envie d’écrire une suite ?

Au départ, je ne voulais pas faire de tome 2. Je pensais avoir suffisamment abordé le sujet dans le premier opus. Et puis, j’ai eu une vraie demande du public. Il voulait une suite. Et je peux l’avouer, ça me manquait. J’avais l’impression que même si l’histoire était finie, il restait encore des choses à dire. J’ai juste fait attention de ne pas faire un doublon. J’ai incorporé dans le tome 2 d’autres décors où l’on est également nu, comme les saunas.

Retrouve-t-on les mêmes personnages dans le tome 2 et bien sûr, le cabanon ?

Certains personnages reviennent et d’autres non, C’est là un élément important de cette histoire : savoir lâcher prise et accepter que les gens puisse partir. Le destin nous apporte toujours de belles surprises. Certaines personnes qu’on aime nous quittent, mais d’autres entrent dans nos vies. Dans ce tome 2, il y a l’arrivée de nouvelles figures fortes, des personnages attachants qui correspondent également à l’évolution d’Antoine, le personnage principal. Quant au cabanon, oui,  il est toujours là, il fait encore partie du décor. Mais tout l’intérêt de cette suite, c’est qu’Antoine découvre que les plaisirs du naturisme peuvent être partout, sous différentes formes, et pas qu’au cabanon de « sa » plage… 

Quelle est ta définition du naturisme ?

J’ai commencé le naturisme très tôt. Mes parents le pratiquaient. J’avais donc l’habitude d’aller sur les plages naturistes depuis très jeune. Le naturisme pour moi, c’est d’abord une philosophie attachée, non seulement au plaisir d’être nu mais aussi à cette sensation d’appartenir à une communauté propice aux rencontres. Et j’adore ça. Il n’y avait rien d’érotique pour moi dans le naturisme quand j’étais plus jeune. La sexualité et l’érotisme dans le naturisme sont venus chez moi après. Et il ne faut pas oublier que la plupart des gens qui le sont, ne le pratiquent que l’été quand il fait chaud… Et quand on est chaud…

Que réponds-tu aux puristes du naturisme qui se battent justement contre l’image trop sexualisée de cette pratique ?

Je comprends sur le fond leur revendication : les plages sont publiques et on n’est pas obligé de manifester son désir aux yeux de tous. A chacun de prendre ses responsabilités quant à la réalité de son propre plaisir. Par contre, pour moi, on ne peut pas séparer la sexualité du naturisme. Le sexe est partout, même chez les textiles et aussi chez les hétéros. Il est aussi dans le naturisme. Il faut l’admettre. On ne peut pas empêcher l’être humain, d’être finalement un être humain.

Pourquoi le naturisme plaît-il autant aux gays ?

Beaucoup de gays sont naturistes. Au moins dans l’âme… Les endroits où l’on pratique le naturisme sont propice au cruising. Et historiquement, les gays adorent ça. Ils aiment draguer, que ce soit sur une plage ou dans un bar. Alors quand on est nu…

Pourquoi avoir choisi le genre érotique pour écrire tes romans ?

D’abord, parce que je trouve le corps masculin très érotique. Et je ne me voyais pas parler de ce corps sans utiliser tout le vocabulaire et le style de la littérature érotique. Cette forme d’écriture colle tellement bien à l’ambiance des plages naturistes. Pourquoi m’en priver ?

Y aura-t-il un tome 3 ?

Dans l’idée, oui. Antoine pourrait partir découvrir d’autres plages naturistes. D’autres univers. Mais toujours avec des hommes nus (Rires)

Garçons des dunes 2 : L’antre «gars-nus», de Loris Claäm. (2 LM Éditions)
Pour l’acheter : sur le site garconsdesdunes.com, au tabac presse le treize au village naturiste du Cap d’Agde et à la librairie LGBT les Mots à la bouche à Paris