JU. V.A, le photographe qui fait rayonner les Ours

Il suffit de voir le portfolio de ce photographe belge pour comprendre que son univers est extrĂȘmement liĂ© Ă  celui de sa communautĂ© : les Ours. Ils sont beaux, ils sont fiers, ils illustrent toute la force de cette communautĂ© trop souvent discriminĂ©e. On adore.

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JU. V.A. D’où vient ton nom d’artiste ?

Mon ami Vincent, du collectif Mascular, me l’a soufflé à l’oreille : c’est tout simplement le diminutif de mon prénom Julien, suivi des deux premières lettres de mon nom de famille. C’était comme une évidence.

Parle-nous de toi…

J’ai 38 ans, je suis originaire de Bruxelles et je vis à Mons en Belgique. Mon histoire avec la photo a commencée quand on m’a proposé de poser pour un photographe. N’étant pas du tout sûr de moi et de mon corps, ça m’a demandé un véritable travail sur moi-même. Plusieurs shootings ont été réalisés par la suite. Ces expériences et rencontres m’ont donné envie d’explorer plus loin l’art de la photographie. Quelques temps après, je me suis donc lancé avec mon petit appareil, sans réelle ambition. Avoir posé m’a beaucoup aidé, en termes de confiance en moi, et j’ai souhaité pouvoir reproduire cela.

Te considères-tu comme un spécialiste des photographies d’Ours ?

Un spécialiste, je ne dirais pas ça. Mon souhait en tout cas est de rendre tous mes modèles Bear les plus rayonnants possible tout en gardant leur côté naturel. C’est important dans mon travail et pour moi. Je pense qu’à travers mes photos beaucoup de Bears ont pu ressentir un certain réconfort et une plus grande confiance en eux, que ce soit par rapport à leur corps ou au regard des autres. Je suis fier d’avoir gagné leur confiance et de pouvoir leur faire vivre le côté positif de cette expérience. Cela facilite grandement l’échange qu’il y a entre nous. Poser devant un photographe est difficile de premier abord et encore plus quand nous sommes costauds, avec les complexes qu’on peut avoir. Je tente de les guider tout au long de la séance, et mon expérience en tant que modèle m’aide beaucoup.

Qu’est-ce qui t’inspire?

Chacun de mes modèles est unique. Ils sont tous ma source principale d’inspiration. Que ce soit par leur prestance, leur façon de regarder l’objectif, chaque détail peut engendrer des photos susceptibles d’être plus attractives que d’autres mais tout en préservant leur intégrité. Leur détermination à se montrer comme ils sont, et parfois à surmonter une certaine timidité, est tout autant inspirante.

Le regard est presque aussi important que les formes dans ton travail. Qu’est-ce que ça dit vraiment ?

Le regard est TOUT aussi important. Il arrive qu’il change lors de la séance et c’est à ce moment-là que j’immortalise mes modèles la plupart du temps. Certains sont fiers de montrer leur atouts et le regard en fait évidemment partie. Il démontre leur ressenti au moment du déclencheur. Certains modèles peuvent avoir un regard coquin, un regard étonné, songeur, intrigué, mais ce qu’ils ressentent et ce qui se reflète dans leurs yeux donne de la force et du caractère à la photo. Le résultat est toujours satisfaisant voir étonnant. Autant pour les modèles que pour moi.

Où trouves-tu tes modèles?

Principalement sur les réseaux sociaux. J’ai eu la chance de voyager en Europe et de découvrir de merveilleux modèles que je n’aurais jamais imaginé approcher par un autre biais. Il est aussi arrivé que mes modèles parlent à leurs proches et cela peut créer un certain désir : “Ho c’est joli et tu as osé, je vais le contacter aussi ».

Dans les poses que prennent tes modèles, on sent une certaine fierté d’être nu pour toi…

Je pense que mes modèles ont toujours été fiers de poser pour moi, peu importe la pose exécutée. Et la réciproque est vraie : je suis également fier de leur confiance et de pouvoir les photographier. Cela montre aussi qu’il y a une fierté de la communauté Bear à s’assumer et à montrer qui nous sommes.

Ton travail est-il une forme de lutte contre la grossophobie ?

Je dirais que mon expérience personnelle en tant que modèle m’a énormément aidé sur mon estime personnelle. Je n’éprouve plus aucune pudeur ni gêne à me mettre nu devant un inconnu. Après tout, nous sommes tous humains. Je préfère d’ailleurs parler de body positivisme que de lutte contre la grossophobie.

Tu seras exposé au Baroque pour la Bear Pride de Bruxelles du 21 au 28 septembre 2023. Qu’est-ce que la Belgique a de particulier dans l’univers Bear?

C’était une évidence pour moi car c’est l’un des bars Bear sur Bruxelles qui fait partie également des sponsors officiel de la Bear Pride Belgium et aussi de la Fierté Ours Paris. Je tiens à saluer le gros travail réalisé à Bruxelles par la communauté, les associations et les commerçants. Il y a un point auquel je suis sensible : les candidats à l’élection Mr Bear Belgium doivent tous présenter un projet pour la communauté, ça donne beaucoup de sens à cette élection. 

As-tu des projets en cours?

J’aimerais pouvoir exposer à Paris, la discussion a déjà été établie, et c’est un projet qui me tient à cœur. 

Vous pouvez retrouver le travail de JU.V.A sur Instagram  et sur son site

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