Zane Coopr : l’intelligence artificielle au service de nos fantasmes

Alors que l’intelligence artificielle commence Ă  ĂȘtre dĂ©criĂ©e, Zane Coopr a dĂ©cidĂ© d’utiliser ce nouvel outil pour rĂ©veiller nos fantasmes endormis. Il crĂ©e Ă  partir de son imagination et d’images, des personnages plus vrais que nature que l’on aimerait bien voir Ă  nos cĂŽtĂ©s.

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Parle-nous un peu de toi…

J’habite Limoges. Je m’appelle David mais j’ai voulu utiliser un nom qui fasse international. Je ne suis pas du tout issu des arts numériques. Je travaille dans le marketing et la communication. Je souhaitais me consacrer à quelque chose de plus artistique que j’aime vraiment. Je fais de la génération d’images pour toutes sortes d’entreprises qui ont parfois des visuels qui sont impossibles à avoir. Par exemple, j’ai généré des images pour un sujet sur les violences conjugales. Mais tout mon temps libre, je le passe en tant que Zane Coopr.

Comment t’es venue l’idée de travailler avec l’intelligence artificielle (I. A.) ?

Je suis passionné par tout ce qui est numérique, informatique, intelligence artificielle. Je suis arrivé un jour sur Midjourney [programme d’intelligence artificielle qui permet de créer des images à partir de descriptions textuelles]. C’est là que j’ai fait mes premières armes. Au début, c’était de la curiosité. Maintenant, c’est presque addictif. Mais il y a tellement de censure sur Midjourney que j’utilise désormais d’autres programmes.

Et comment travailles-tu ?

La machine ne fera que ce que je lui demande. Je peux partir d’une idée ou d’un thème que l’I. A. va développer. D’autres fois, je vais me laisser guider par ses propositions. Mes thèmes tournent toujours autours des beaux mecs : le rugby, les uniformes, le sauna aussi qui me permet de contourner la censure qui bloque par exemple « un homme en slip » ou « un homme nu ».

Qui sont tes modèles ? Où les trouves-tu ?

De temps en temps, des followers me demandent si je peux faire quelque chose avec leurs photos. Il m’arrive aussi d’utiliser des images de vraies personnalité comme l’acteur David Mora [de Scènes de ménages] que j’aime beaucoup. Mais je garde toujours à l’esprit que la génération d’une photo avec l’I. A. ne sera jamais aussi belle que la réalité si le mec en question est sublime. Quand des garçons très beaux me demandent ce que je peux faire avec leurs photos, je réponds : « Rien, tu es déjà magnifique en vrai ! Je ne pourrai pas faire mieux… »

Est-ce que tu es conscient que la beauté de tes modèles interpelle forcément, parce qu’ elle est irréelle ?

Je comprends qu’on puisse être sensible au phénomène I. A. J’ai contacté des artistes, des dessinateurs souvent, pour leur proposer de donner vie à leurs personnages en créant des images. Les retours sont souvent très négatifs. On me reproche le côté « faux » de mes créations. Pourtant, quand on va sur Instagram par exemple, c’est principalement pour voir de la beauté. Qu’elle soit réelle ou pas. Il m’arrive de voir certaines personnes déçues que mes personnages soient faux. Des artistes me reprochent de ne pas faire de l’art… Mais c’est ce qu’on devait déjà reprocher aux premiers photographes au début du XXe siècle… Et pourtant, qui, aujourd’hui oserait dire que la photographie n’est pas un art ?

Quelle est la part de tes propres fantasmes dans ton œuvre ?

(Rires) 100% de ce que génère fait partie de mes fantasmes. J’aime les militaires, les rugbymen… Mais je m’aperçois que, souvent, les situations suggérées fonctionnent mieux que les images explicites. J’aime aujourd’hui imaginer que le public fantasme plus qu’il ne regarde. En fait, le suggéré est plus fort que le visible… Pour ceux qui veulent de l’explicite, j’ai un compte sur X (ex-Twitter)…

Est-ce que tu souffres de la censure des réseaux sociaux ?

Beaucoup. Mais ce n’est pas tant la censure qui me gêne que l’hypocrisie qu’il y a autour. On ne sait jamais ce qui va être censuré et beaucoup d’images très choquantes ne sont jamais interdites. J’ai l’impression qu’Instagram censure tout ce qui est érotisme homosexuel. Pour eux, c’est une question de mœurs. Ils bloquent sans réfléchir. Et c’est pareil pour les algorithmes des générateurs d’images : on voit à partir de quoi le logiciel travail et c’est souvent au début des captures de films X… Et quand on demande un torse nu, c’est censuré. Sur Midjourney, je demande « un homme en slip », ils bloquent. Si je demande « un homme en slip blanc », ça passe. Va comprendre !

Peut-on te commander un travail à partir d’une photo « classique » ?

Il faut savoir que mon travail n’est pas comme sur les applications de smartphone, je ne colle pas des têtes sur des corps. Mais j’aime beaucoup répondre à ces demandes. Il suffit de demander…

As-tu des projets en cours ?

Je travaille d’abord sur mon site personnel. J’ai découvert de nouvelles techniques il y a peu de temps et mon site n’était pas vraiment à jour. Ensuite, idéalement, j’aimerais pouvoir travailler avec des marques qui voudraient utiliser l’I. A. pour montrer autre chose. Je voudrais vraiment participer à cette « révolution » de l’image.

Vous pouvez retrouver le travail de Zane Coopr sur Instagram, sur X (ex-Twitter) et sur son site

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