La colocation gay a le vent en poupe !
Ceux qui habitent les centres urbains savent Ă quel point il est devenu difficile, voire impossible de trouver un appartement correct Ă un prix tout aussi correct. Ils peuvent opter pour la colocation gay et pas uniquement pour des questions de budget.
À Paris, Lyon ou même Bordeaux et Nice, trouver un appartement en location relève souvent de la mission impossible. Les tarifs sont prohibitifs, les propositions très limitées et souvent médiocres, les situations pas forcément pratiques. Certains ont d’ores et déjà opté pour la colocation gay.
Partager un appartement divise forcément les prix par le nombre de locataires. Mais nécessite avant tout des règles pour que ce vivre-ensemble ne devienne pas un enfer. Micha (28 ans, de Lyon) l’explique très bien : « Le gros problème avec les colocations gays, c’est justement que cette colocation ne devienne pas une succession de problèmes domestiques très agaçants à la longue… Diviser les frais, c’est cool. Millimétrer l’espace dans le frigo, ça l’est moins. Et les lessives du samedi sont parfois source d’engueulade… Si tu ne mets pas de règles, tu vas droit dans le mur. »
Les détails matériels ne sont pas les seules sources de problèmes. Nathan (37 ans, de Paris) est catégorique : « Si tu ne préserves pas ton indépendance, c’est la cata. Partager un appartement ne veut surtout pas dire “Vivre avec”. Que se passe-t -il si tu ramènes un mec à la maison ? Et ton amoureux, tu en fais quoi ? Et tes envies de calme et de silence ? Autant de questions qu’il faut se poser avant de signer ! »
La colocation économique
C’est la colocation la plus courante. Certaines durent depuis des années. Au point que l’entourage se demande parfois (à tort ou à raison) s’il n’y a pas aussi un peu d’amour dans l’air.
Micha se souvient quand il a accepté de cohabiter avec un parfait inconnu : « Je voulais vivre avec un gay, ça, c’était la seule chose importante. Pas envie de devoir justifier mon style de vie. Je commençais un nouveau taf, je ne gagnais pas énormément. Je suis passé par un groupe Facebook de gays qui recherchaient des colocs et j’ai trouvé assez vite. Je vis avec Michel depuis quatre ans. Ce n’est pas une sinécure tous les jours mais au moins, on se connaît par cœur maintenant… »
Bastien (26 ans, de Lyon) est passé à la colocation un peu par la force des choses : « J’avais un superbe appartement, et j’ai perdu mon emploi : je ne voulais pas retourner chez ma mère. J’ai passé une annonce sur un site gay et j’ai pu rester là où j’habitais… »
La colocation sociale
L’exemple de Bastien est assez parlant. La colocation lui permettait de garder une forme de standing par rapport à ce qu’il vivait avant. Mais elle peut être aussi un moyen de s’intégrer tout en échappant à la solitude.
Benjamin (23 ans, de Paris) est de ces colocataires : « Je passe mes soirées dans les bars de la capitale. Je ne me voyais pas habiter à l’autre bout de Paris. J’ai voulu m’installer près du Marais. La colocation était la meilleure solution. Je n’aurais pas pu vivre seul dans le 11e arrondissement… Et puis, je n’avais pas envie de vivre seul tout simplement. J’aime beaucoup ces moments de partage que j’ai avec Stan, mon coloc. Quand on refait le monde jusqu’à 3 heures du mat’. » Et Bastien d’ajouter presque tristement : « La communauté est très accueillante, mais elle peut être aussi assez violente quand tu descends de niveau social. Il suffit que tu déménages en banlieue par exemple, et là, plus personne ne te connais. Je ne voulais pas vivre ça ! » Les colocations sociales sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne croit…
La colocation affective
Les colocations affectives sont celles auxquelles on pense souvent. Quand on vit avec son ex par exemple. Jérémy (41 ans, de Paris) est de ceux-là : « On s’est séparé en bons termes. Mais après avoir cherché chacun de notre côté un appartement pendant six mois, on s’est rendu compte d’une évidence : on s’entendait super bien et surtout on adorait notre appartement. Ce sont nos amis qui ont beaucoup moins compris…[rires] »
Benjamin est devenu lui, un colocataire affectif avec le temps : « Stan est aujourd’hui mon meilleur ami. On se connaissait de vue. On avait les mêmes centres d’intérêt. Ça a été plutôt facile… »
Mais il y a un danger avec ce genre de colocation. Nathan en a fait les frais : « Mon premier coloc est devenu possessif. Il supportait de moins de moins que mes plans passent la nuit avec moi chez nous. Et quand je suis tombé amoureux d’un mec, ça a été le drame. Du coup, quand je cherche un nouveau colocataire, j’annonce tout de suite la couleur. Ma chambre, c’est ma chambre. Et mon lit, j’y fais ce que je veux… » On revient évidemment au début de l’article : les règles, toujours les règles…