Pourquoi les joggings gris nous font-ils autant tripper ?
Il y a eu le bas de survĂȘtement un peu luisant, souvent portĂ© avec des TN, par des fans fĂ©tichistes. Et puis lĂ , au hasard de lâautomne, les sportifs qui sâaffichent en jogging molletonnĂ©, le fameux « sweatpants » pour nos amis anglo-saxons⊠Zoom sur un vĂȘtement plein de testostĂ©rone inscrit dans une histoire de la mode. Et qui plaĂźt encore plus quand il est gris !
Au départ, il y a une légende. En 1970, un acteur d’origine italienne tourne, pour 200 dollars, dans un très oubliable film pour adultes, The Party at Kitty and Stud’s, étonnamment traduit en français sous le titre L’Étalon italien. Un surnom qui va coller à la peau de Sylvester Stallone, qui devient une star en 1976 avec le premier Rocky. Fauché, le personnage du film est un boxeur qui s’entraîne avec des vêtements pas chers. La future vedette fait son footing, en jogging gris qui laisse deviner la masse. Il transpire, il a des cuisses comme des jambons, il ne fait pas semblant. Au niveau masse, un anti-Travolta, longiligne et sec, qui casse la baraque un an plus tard avec La Fièvre du samedi soir. Victoire par KO de Stallone, qui sera à l’honneur de 6 versions de Rocky, sans compter l’héritage Creed et ses trois versions.
Les coachs sportifs d’Insta ont-ils vu Creed ou même Rocky ? On peut le penser, mais le phénomène du jogging gris a pris de l’ampleur pour trois raisons. La première, c’est le confort allié à l’effet : c’est doux et même pour ceux qui ont des jambes de héron, ça ajoute un poil de volume. Entre temps, la mode a commencé à pomper le style des rappeurs et danseurs de rue, le break-dance fait même son entrée au JO 2024.
La seconde, c’est que les sportifs amateurs qui se présentent comme « mannequin fitness » laissent deviner leur service trois-pièces. Short en lycra baissé au maximum, mini-boxer, slip riquiqui, tout est bon. L’ingéniosité dans l’exhib confine au génie, merci les gars. En avançant un peu le périnée vers l’avant, en bougeant un peu les hanches, l’effet « volume » est saisissant. D’autant plus que le freeballing progresse et fait même l’objet de vidéos dédiées. Ne pas mettre de sous-vêtement serait un gage de confort, ça se discute mais pour la photo, c’est plus visuel. Astuce vue dans une salle de gym gay : mettez un cockring souple, l’effet « push-up » est garanti.
Dernière raison, la tendance, impossible à louper de la photo de vestiaire. On pousse de la fonte, on se douche, on se coiffe et paf, une photo face au miroir. Velus, épilés ou tondus, tous ont adopté cette pose, banane en avant (et on ne parle pas du sourire) en mode concours de taille. Dans cet éventail d’égos fragiles, on tombe toujours sur un petit timide, émouvant, avec un je ne sais quoi d’hésitant. De l’anti-mâle alpha au milieu d’un océan de jolis frimeurs à mater sans complexe.