Témoignages : “Au lit, je suis toujours plus à l’aise la deuxième fois”
Peut-on créer un climat d’intimité en quelques minutes ? Pas simple… Jérôme et Sylvain ont un point commun : sans être timides, il leur faut un peu de temps et de confiance pour déployer leurs talents. Témoignages et conseils coquins.
C’est en lisant les profils sur les applis que Jérôme, 38 ans, a eu le déclic. Il bosse dans les ressources humaines, et souvent, il a l’impression de voir défiler des profils de compétences. Oui, et alors ? « C’est souvent un peu exagéré. Les mecs des applis en rajoutent comme s’ils passaient un entretien de recrutement, ils indiquent des passions et des centres d’intérêt qui ne sont pas les leurs pour attirer l’attention. » Il liste ainsi les faux versatiles, les techniciens experts en tout, les vantards…Selon lui, certains mots ne veulent plus dire grand-chose comme « chaud » ou « sensuel ». On lui dit qu’un mec sensuel, c’est cool, il nous rétorque que la sensualité ne peut pas se promettre, lui qui est souvent tombé sur des mecs à la mécanique froide.
Ce qui lui a permis de prendre du plaisir, c’est plutôt de ne pas mettre trop d’espoir dans le premier plan, souvent moyen : « On est chez nous ou chez le mec inconnu, dans un lieu qu’on ne connaît pas. Il n’y a pas le côté un peu sauvage du sex-club, on est donc attentif à ce qu’on fait, on essaie de se souvenir des échanges sur l’appli, de tout faire bien, de ne rien oublier du menu, ce qui freine la spontanéité. »
Aux garçons dont il apprécie la peau, l’odeur, la façon d’embrasser (et à ceux qui proposent un truc à boire, ce qui est rare selon lui), Jérôme propose un second plan. Et c’est, dans presque tous les cas, bien plus intéressant. « Le type a moins de choses à prouver, il se laisse aller, la confiance est là, il ne cherche plus à faire comme dans les films. » Jérôme se sent alors moins évalué. Il sait que, pour ce deuxième round, le mec est venu par pure envie. Lui-même se sent alors plus audacieux. « C’est là que je peux avoir envie d’autres pratiques, d’autres gestes, je découvre mieux des parties de son corps, je suis dans la découverte, mais pas dans la routine, c’est parfait. »
Non au plan direct
Sylvain, 29 ans, a fini par éliminer ce qu’il appelle « les plans directs ». Pas par conviction morale mais plutôt à cause d’un cumul de petits ratages sans gravité. « J’aime la fellation, dans les deux sens, mais j’ai besoin que le désir monte, je ne suis pas d’emblée raide comme un taureau en rut. » Il n’a pas besoin de fleurs et d’un dîner aux chandelles, mais d’une caresse sur la bosse du jean pas encore baissé, d’une main qui s’attarde sur la nuque, bref, d’une mise en route. « Je dois m’adapter, je suis assez neutre le premier soir car je dois me sentir désiré, je ne suis pas le mec avec qui on se défoule en 5 minutes. Donc, au deuxième rendez-vous, j’ose proposer et demander, je sais que le mec est là parce que je lui plais, pas parce qu’il passe dans le quartier entre deux rendez-vous. »
Pour lui, le dialogue qui suit le premier plan est essentiel. Est-ce que le mec remercie de l’avoir reçu via un petit texto ? Est-ce qu’il dit que ça sera meilleur la deuxième ou qu’il a un slip sexy ou un toy qu’il souhaite utiliser ? Une projection vers le plaisir, ça le fait plus triper qu’une promesse de jouissance bâclée.
Sylvain et Jerôme ne se connaissent pas mais ces deux garçons ont beaucoup en commun. Ils aiment se projeter dans un moment partagé, faire l’amour dans une bonne ambiance. Ils veulent choyer l’autre, rester attentifs à la qualité du plaisir « Quand j’entends un mec me dire que c’est juste du sexe, je me braque un peu » plaisante Sylvain. « Chez beaucoup de gays, c’est une part importante de la vie sociale, alors, non, c’est bien plus que ça. On se fait des amis par ce biais, les rencontres peuvent être de vraies histoires, même quand elles nous emmènent au septième ciel. »