Ce petit coup de blues après l’orgasme, c’est quoi ?
C’était délicieux, vraiment, et juste après l’éjaculation, paf, le moral et l’envie retombent comme un soufflet. Encore une histoire d’hormones ? Eh bien non ! On vous dévoile le trop méconnu blues post-coïtal.
Tout avait magnifiquement bien commencé : il nous plaisait terriblement et sans avoir besoin de lui demander quoi que ce soit, il devinait tout ce qu’il fallait faire. Sa peau, son odeur, sa façon de vous toucher, sa voix, son sourire, vous aviez pu vérifier que certains corps sont faits pour s’assembler, s’emboîter et même… se déboiter. Une fin classique, quelques millilitres de « liqueur séminale » (c’est pas plus joli, dit comme ça ?) et là, paf, un gros bug mental, une sorte de dégoût, et même une envie de s’éloigner physiquement, à l’autre bout du lit.
Cinq minutes avant, on se sentait prêt à remettre ça, à le revoir, à l’épouser pieds nus dans un jean couleur neige sur une plage de sable blanc ! Et là, gros mal-être, comme nous le confie Tony, 34 ans : « A chaque fois, juste après avoir joui, j’ai comme un mini-descente pas cool du tout : je pars très vite sous la douche, parce que je ne sais pas comment expliquer ça aux mecs. J’aime les câlins, les caresses, sauf à ce moment-là. » Rassurez-vous, c’est ultra banal !
Chez les écrivains, on a beaucoup parlé de la « petite mort », ce sentiment de flottement, de perte de contrôle. Pour les sexologues, ce phénomène un peu angoissant a un nom : « dysphorie post-coïtale. » Ce qui regroupe des symptômes comme la tristesse profonde, le dégoût de soi ou de l’autre, la nervosité même. Chez certaines personnes, ça n’est pas un truc de 5 minutes, ça peut durer jusqu’à une bonne heure.
Un phénomène très courant
Le sujet a été longtemps traité par l’indifférence par la sexologie, une discipline née assez tard, dans les années 40. Tout récemment, deux psychologues cliniciens, Andra Burri et Peter Hilpert ont réalisé une enquête scientifique sur ce sujet, suivie de la publication d’un article des plus sérieux paru en 2020.
Le plus étonnant dans leur travail, c’est le nombre de personnes concernées : dans leur étude, on évoque 91% des 299 personnes interrogées qui en souffrent. D’autres recherches donnaient une proportion de 41% d’hommes souffrant de ce désagrément ou de 10% de femmes. Plus étonnant encore, 46,6% ressentent ce mal-être, le sentiment d’être soudain malheureux et sans énergie, après la masturbation. Les deux chercheurs suggèrent de parler de symptôme (un signe, une manifestation) et non plus de dysphorie (un vrai malaise douloureux, l’inverse de l’euphorie).
Alors, où est la bonne nouvelle ? Cet état ne serait pas lié à un souci de santé mentale. Il y a des hypothèses, biologiques (les hormones) ou psychologiques, pas vraiment convaincantes. La seule chose qui est certaine, c’est que ce sentiment est très passager et qu’il est juste un moment de la rencontre, il ne la résume pas, il ne la limite pas. Une douche, une pause, un peu de papotage, et tout peut repartir, avec autant d’envie et d’ardeur