Témoignage : « Dans notre relation SM, le domi n’est pas forcément celui que l’on croit »
A priori, les relations soumis-domi sont claires. Chacun a son rôle, selon des règles édictées par les deux partenaires, et tout le monde s’applique à rester à sa place. À en croire nos témoins, les choses sont beaucoup plus subtiles que ça…
« Quand j’ai rencontré Philippe il y 22 ans, j’ai tout de suite instauré des règles quant à nos relations sexuelles. J’étais le dominateur, il était le soumis. Il était d’accord et nous avons développé avec le temps une complicité que peu de gens peuvent comprendre… Nous n’avons pas besoin de nous parler : les choses sont claires. Et puis avec le temps, je me suis rendu compte que celui qui menait nos plans n’étaient pas forcément moi. Au contraire, tout en respectant nos rôles, Philippe était à l’origine de notre plaisir. C’est lui qui avait les idées, qui surprenait l’autre… Le vrai domi dans notre couple, c’est mon soumis ! », explique Jean-François (52 ans, de Vierzon).
Quand on regarde de l’extérieur ces couples qui pratiquent la domination-soumission, on pense souvent que les rôles de chacun sont tellement établis qu’ils frisent souvent le cliché : le soumis fait tout ce que le domi veut. Et quand il y a des tenues adaptées à ces rôles, elles semblent ne laisser la place à aucun doute. Le domi maitriserait et le soumis disposerait. Pourtant, à en croire nos témoins, le rapport qu’entretiennent les deux partenaires est, à bien des égards, troublant. « Notre relation dépasse tellement le stade de la relation classique que peu de gens en comprennent vraiment le fonctionnement », déclare le soumis, Mehdi (29 ans, de Clichy-sous-Bois)…
« Tout est tellement cérébral ! »
Alors qu’on imagine d’abord que c’est un rapport physique de deux personnes qui s’adonnent à un jeu particulier, le plaisir que prennent ces « acteurs » se passe autant dans la tête que dans le corps. Mehdi précise : « Tout est tellement cérébral dans nos actes. Nos limites sont celles que nous imaginons dans le respect de l’autre. On ne va jamais trop loin. Et mon “loin” à moi n’est absolument pas le “loin” d’un autre… »
Les codes de la relation soumis-domi font souvent que le domi peut faire ce qu’il veut dès lors que le soumis l’accepte cérébralement. Du coup, ce n’est pas forcément celui qu’on croit qui gère les limites du « jeu ». « Chaque fois que nous faisons l’amour, déclare Luis (l’ami de Mehdi, 36 ans), je fais en fonction de Mehdi. Bien sûr que je voudrais aller plus loin quelquefois, mais c’est à moi de ressentir ce qu’il accepte. Et à moi de le respecter… »
Le respect avant tout…
Luis a dit le mot que chaque domi a toujours en tête, même dans le feu de l’action : « respect ». « On ne peut pas envisager une relation de soumission-domination sans y intégrer du respect, nous dit Sébastien, (41 ans, de Paris) dans son look de dominateur cuir. A chacun de mes plans, je décide avec mon soumis de ce qui relève de l’acceptable et du supportable. Nous avons des codes. Et je ne parle pas de violence. Je considère que, même si je demande certaines choses à mon soumis, il doit toujours considérer qu’il reste digne. Je ne supporterais pas que l’humiliation que je pourrais lui faire ressentir, le blesse à n’importe quel niveau que ce soit… Avec ce genre de rapports, on touche à l’intime de chacun. Je respecte mon soumis beaucoup plus que certains mecs qui sont dans l’acte “papa-maman” classique. » Et Mehdi d’ajouter : « Le respect que Luis me porte est une des plus belles preuves d’amour… »
« Je l’aime ! »
Lorsqu’un soumis est en couple avec un domi, l’amour rentre-t-il en ligne de compte dans leurs rapports sexuels si particuliers ? « Bien sûr que oui… C’est même le pilier de nos plans, explique Michel (56 ans, de Carqueiranne). Je suis un vrai domi et ce que nous avons construit avec mon soumis relève carrément de la passion. Mon kiffe est d’abord de lui faire plaisir. Les chemins que nous empruntons pour y arriver sortent peut-être de l’ordinaire mais tout ce qui passe dans ma tête de domi, n’a qu’une finalité : que mon homme prenne son pied en étant complètement soumis. Toute la créativité dont je peux faire preuve se développe uniquement parce que je veux lui faire plaisir. Et surtout, parce que je l’aime. » Luis est totalement d’accord avec Michel : « On explique souvent à tort, que les sentiments n’ont pas leur place dans ce type de rapports. Si je n’aimais pas Mehdi comme un fou, on n’atteindrait pas aussi souvent le nirvana. Et entre nous, Roméo et Juliette, c’est un peu un couple domi-soumis, non ? » (Rires…)