Gengoroh Tagame : “J’aime les choses Ă©rotiques, en particulier le BDSM”

Tagame fait partie de l’iconographie gay au mĂȘme titre qu’un Tom of Finland. Ses bandes dessinĂ©es terriblement excitantes s’arrachent partout dans le monde. À l’occasion d’une nouvelle exposition Ă  Paris dĂšs le 28 mars, Jock l’a rencontrĂ©.

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Pour les rares lecteurs qui ne vous connaitraient pas, qui êtes-vous ?

Je suis un artiste érotique gay japonais et un dessinateur de mangas. Je vis à Tokyo. J’ai commencé ma carrière d’artiste au début des années 80. Depuis, je publie de l’art érotique et des mangas gays sans interruption. Je dessine principalement des hommes de grande taille, poilus et barbus, dans des scènes BDSM. Une trentaine de mangas ont été publiés au Japon.

Depuis 2014, j’ai également commencé à dessiner des mangas pour tous les âges, notamment Le mari de mon frère, qui a remporté de nombreux prix au Japon et à l’étranger et a même été adapté en série joué par de vraies acteurs pour la télévision.

En France, mes mangas érotiques gays sont principalement publiés chez Dynamite, et les mangas pour tous les âges sont publiés chez Akata.

Avez-vous toujours dessiné ?

Quand j’ai eu 4 ans, une dame âgée de mon quartier a découvert que j’aimais dessiner et m’a offert des pastels à l’huile de plusieurs couleurs. J’étais tellement heureux. J’ai commencé alors à dessiner. Les adultes autour de moi n’arrêtaient pas de faire l’éloge de mes œuvres… J’étais encore plus excité. Voilà comment je suis tombé amoureux du dessin.

Qui sont vos auteurs de manga préférés ?

Osamu Tezuka. [Considéré comme le Disney japonais, il est notamment à l’origine des mangas et des séries animées Astro Boy et Le Roi Léo]

Qu’est-ce qui vous plaît dans le dessin érotique ?

Ce que j’aime ? Parce que c’est érotique. J’aime les choses érotiques, en particulier le BDSM gay.

Et vous vous souvenez de votre premier dessin ?

Mon premier dessin érotique gay s’inspirait du roman du marquis de Sade Les 120 journées de Sodome. J’avais 13 ans quand j’ai lu le livre et j’ai alors dessiné le duc de Blangis, barbu, avec Hercule et son énorme pénis en train de faire l’amour nus.

Quand avez-vous pensé que vous pourriez faire carrière dans le dessin ou le manga ?

Je l’ai décidé à cette époque, quand j’avais 13 ans. J’aimais dessiner et inventer des histoires, j’ai donc voulu devenir artiste plus tard.

Vous êtes-vous déjà autocensuré ?

En général, je ne le fais pas, mais parfois je n’ai pas le choix. Par exemple, s’il y a des restrictions sur le support de publication ou le pays, je dois abandonner certaines de mes idées.

Est-ce qu’il y a un de vos personnages que vous aimez particulièrement ?

C’est une question difficile. J’ai dessiné tellement de personnages que je ne peux pas en choisir un seul. Mais j’aime particulièrement tous les personnages principaux des bandes dessinées de longue durée, comme Ginjiro de Silver Flower, le lieutenant Tsubaki de Goku et Torazo de House Of Brutes. Plus j’écris une histoire sur un personnage, plus je m’attache à lui.

Dessiner est-il un moyen de réaliser vos fantasmes ?

Certainement.

Diriez-vous que vous avez plus en commun avec Akira Toriyama, père de Dragon Ball, qu’avec le Yaoi [manga gay romantique] ?

Je ne suis influencé par aucun d’eux, même si je trouve que Gyumaou dans Dragon Ball est très sexy.

Quel va être le thème de votre exposition à Paris au mois de mars ?

Mes hommes fantastiques qui vivent dans mes fantasmes érotiques, comme toujours.

Vos dessins sont devenus avec le temps des symboles de l’iconographie de la communauté Bear. En êtes-vous particulièrement fier ?

Oui. J’ai été l’un des tous premiers membres du premier Bear Club au Japon. Et je pense aussi être la première personne à avoir utilisé le terme « type Bear » dans des magazines gays japonais.

Quels sont vos projets ?

Publier de nouvelles œuvres érotiques gay sur Pixiv Fan Box et continuer à faire des mangas gays pour tous les âges dans les médias généralistes.

Exposition du 28 mars au 7 avril, à l’Atelier-Vitrine, 21 rue Alexandre Dumas (Paris, 20e) de 13 à 19 heures. Signature le 30 mars de 16 à 19 heures, aux Mots à la bouche, 37 rue Saint-Ambroise (Paris, 11e)

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