Jean Rémi : “La Powerpouf, c’est la soirée où l’on ne se prend pas au sérieux.”
Il est la deuxième moitié du duo à la tête de la soirée “Powerpouf” qui revient samedi 21 septembre au Klub (Paris 1er). Nous avions déjà déshabillé Reno. C’est donc au tour de Jean Rémi de répondre à nos questions.
La Powerpouf, ça représente quoi pour toi?
La Powerpouf, c’est la soirée où l’on ne se prend pas au sérieux. L’idée de base, c’était de passer en club la musique qu’on aimait écouter en secret dans nos chambres parce qu’on en avait honte. Un genre de revanche sur l’adolescence où j’étais dans le placard et où je ne pouvais pas dire que je connaissais par cœur les paroles d’Overprotected de Britney Spears !
Pourquoi les gays aiment-ils tant les « poufs »?
Je pense que la “pouf” est un matérialisation de la liberté sexuelle. C’est paradoxal car l’idée de base est très certainement de pousser les popstars à porter le moins de tissu possible pour faire vendre leurs tubes, ce qui est plutôt sexiste en soit. Mais je pense que les gays y voient une forme “d’empowerement” et une inspiration pour renouer avec leur côté féminin, qu’ils ont souvent dû cacher.
Quels sont les titres incontournables de la Powerpouf ?
Nous avons plusieurs hymnes qu’il est difficile de ne pas passer à chaque éditions. Comme Everytime We Touch de Cascada, un parfait mélange de pop-pouf et d’eurodance qu’on adore jouer en accéléré pour le côté cardio. Je vais vite de Lorie, un tube tektonik mais aussi disco avec des paroles inspirantes dont on ne se lasse pas. J’ai Pas Vingt Ans d’Alizée remixé par Benny Benassi. On adore les remixes qui ne font pas les choses à moitié !
Et celui sur lequel toi tu te déchaînes le plus ?
J’avoue qu’à chaque fois qu’on brise le rythme de la soirée pour passer Bring Me To Life d’Evanescence et que tout le club se met à chanter, la pouf-emo en moi ressurgit et souvent je me retrouve avec des douleurs aux cervicales le lendemain. Ma kiné déteste cette soirée ! (rires).
Quel est ton premier souvenir de clubbing gay ?
Un souvenir pas fameux. J’avais cherché “club gay paris” sur Google et le premier résultat était le Tango. Même si j’ai de très bons souvenirs dans ce club, la première fois que j’y suis allé, c’était avec mes amis de lycée. Je n’avais pas de potes gays à l’époque. Un homme qui ne me plaisait pas m’a fait des avances. J’ai gentiment refusé pour retourner danser avec mes copines. Il m’a poursuivi partout dans le club en m’insultant d’hétéro… Alors que bon, LOOK AT ME… jusqu’à ce que je cède et qu’on parte… Le consentement, c’est important. Même entre hommes, non c’est non !
Que t’inspire l’état de la nuit gay en France actuellement ?
Je suis hyper content de voir qu’il y a toujours plus de nouveaux projets tous les week-ends, et pas seulement à Paris. Je pense que tout le monde peut y trouver son compte. Pour ma part c’est pas tellement la nuit “gay” qui m’intéresse. Je pense que les hommes cis gay ont déjà pas mal d’espaces pour eux. Alors que les autres lettres du sigle LGBTQIAP+ sont très souvent effacées, ce qui est dommage. À la Powerpouf tout le monde est welcome, on est vraiment tous là pour déconner et j’avoue que ça fait plaisir à voir.
Comment vois-tu l’évolution du clubbing gay/queer dans les années à venir ?
J’ai le sentiment que le clubbing “queer” — qui par définition est censé être underground — devient de plus en plus grand public. D’ailleurs le mot “queer” devient un argument de vente, alors que ça devrait être le signe d’un clubbing engagé. Au vu de ce qu’il se passe en politique en ce moment, en France comme dans d’autres pays, je crois que les LGBTQIAP+ ont intérêt à continuer à préserver ces espaces safes qu’ils se sont créés la nuit.
Dernière question, puisque la rubrique s’appelle “On déshabille la nuit”, tu dors plutôt nu ou habillé ?
Comme toute bonne pouf qui se respecte, je dors nue, avec un “contouring on fleek” (NDLR : parfaitement maquillé) et les jambes écartées !