Pourquoi le confinement nous donne-t-il envie de rappeler nos ex ?
Il a Ă©tĂ© votre meilleur coup, votre premiĂšre belle histoire dâamour ou⊠votre pire souvenir. CoincĂ© entre la tĂ©lĂ© et le canapĂ©, on lui trouve dâun seul coup un max dâatouts. Allongez-vous, on va en parler.
Qu’on ressemble à Cromagnon (version Zac Efron) ou à une version capillairement améliorée de Michel Houellebecq, le confinement nous met un peu hors-jeu. On s’occupe, mais l’ambiance manque de piment, de câlins et de créatures gémissantes, tactiles et palpables. Celles qui nous regardent, nous tripotent, nous font dresser les poils et bien d’autres organes. Rappeler son ex, c’est doux, facile, enveloppant comme de l’adoucissant.
Pour Catherine Grangeard, psychothérapeute, analyste et blogueuse inspirée,cette période où l’on change de structure sans l’avoir choisi, est difficile à supporter. Le cerveau perd ses repères, « on se sent disponible pour renouer avec des relations qui ont été satisfaisantes, ont compté sur un point ou un autre. »
Généreuse, la thérapeute va plus loin que l’ex préféré, elle englobe, dans cette grande famille (plus ou moins nombreuse) les ex-amis, amants et amoureux. Et tous ceux qui ont été, parfois, un peu les trois. « Ceux avec qui il y a eu quelque chose de privilégié, car nous sommes en manque de vie sociale, de regards, de tout ce qui est équilibrant, de ce qu’on a mis dans notre existence pour la rendre tenable ou vraiment plaisante. » Privée de ce qui nous équilibre, notre pensée vagabonde, on pense à lui. Qu’a-t-on envie de retrouver ? Joue-t-il forcément le rôle du doudou rassurant ? Eh bien non : «L’ex peut être le doudou gentil, le feu d’artifice, le souvenir d’une connivence extraordinaire, un être merveilleux mais insécurisant. Tout dépend de la place qu’il a occupé dans notre géographie amoureuse. »
Le goût du lien
Dans cette parenthèse imposée, l’ex est-il un gâteau que l’on va dévorer dès le 11 mai, un soutien qui donne de la force, ou une histoire à recommencer ? « Si on le perçoit comme un objet ou qu’on aime être perçu comme tel, pas de problème si ça ne fait pas souffrir. Nous avons le temps de nous poser les bonnes questions, c’est le moment. Va-t-on prendre des risques, est-ce que ça va valoir le coup, c’est le cas de le dire ? Il faut essayer d’être clair avec soi-même, autant s’y mettre maintenant. » Catherine a observé, dans sa pratique professionnelle actuelle, le rapprochement, à distance, d’ex séparés. « On entrevoit un autre type de lien. La proximité psychique se renforce alors qu’on sait qu’on a la proximité physique. Lors du confinement, les retrouvailles se passent bien. »
Renouer ou pas, amoureusement parlant, peut devenir une question. Et la thérapeute souhaite mentionner la très courante névrose de l’échec : le fait de s’interdire un lien amoureux réussi, en reproduisant un schéma sans parvenir à s’en défaire. Une bonne occasion d’en parler à un psy !
Enfin, sera-ton en situation de détecter l’ex nocif, manipulateur ou insincère, qui ne rappelle pas et joue avec nos nerfs ? « Oui, si on a compris pourquoi on est attiré comme un aimant. A partir d’un certain niveau de travail sur soi, pour éviter la répétition qui ne nous fera pas de bien, c’est possible. »
Avec les ex, les futurs, les actuels amoureux, faisons donc le point sur la qualité de nos liens, les complicités que nous avons réinventées, sans l’atout charnel. Avec l’utilisation de ressources jamais explorées, où l’on a su puiser avec talent.