Témoignage : « On ne fait plus l’amour et pourtant, on s’aime… »
Moins de libido, confort qui s’installe, impression d’avoir fait le tour de la question… Autant de raisons, réelles ou imaginées, qui ont amené nos témoins à une sexualité dans le couple proche du néant absolu. Et pourtant, l’amour est toujours là !
Le sexe est souvent l’étincelle qui fait qu’on sait si on est amoureux, si l’alchimie est suffisamment forte pour qu’on puisse envisager une histoire, une belle histoire d’amour… Paradoxalement, la rencontre et la découverte de l’autre est un des rares moments où on sépare le sexe de l’amour. Pour ensuite les associer durablement et risquer la survie de l’amour dès lors que les rapports s’espacent, voire disparaissent… Nos témoins ont rencontré ce qu’ils considéraient au début comme un problème. Comme Lyes (31 ans, de Paris) qui, après sept ans de relation, fait ce constat : « On était deux chauds lapins quand on s’est rencontré et puis, le temps passant, on s’est moins touché, on a eu moins de désirs. Cette période a été difficile à vivre. On a crevé l’abcès. On a accepté de considérer que le plus important entre nous, c’était l’amour… Pour le reste, on s’arrange… » S’arranger… Qu’est-ce que ça veut dire vraiment ?
Le sexe à sa place
Lyes et son chéri ont trouvé la parade : « On a ouvert notre couple en nous protégeant un maximum. C’est nous, avant tout. Le troisième n’est là que pour épicer notre vie sexuelle un peu en berne… Et ça marche. »
Comme pour le couple de Lyes, celui de Pierre (36 ans, de Strasbourg) a trouvé dans la parade de l’ouverture du couple une solution à ce qu’ils considéraient à l’époque comme un sérieux problème : « Petit à petit, sans vraiment s’en apercevoir, on a laissé le manque de sexualité s’installer dans notre histoire. On a commencé à se sentir mal par rapport à ça à développer une forme de culpabilité… Puis on en a parlé. On s’est rendu compte qu’on mélangeait les choses : le sexe, c’est le sexe et l’amour, c’est l’amour ! On mélangeait quelque chose qu’on avait construit tous les deux patiemment et puissamment avec un besoin physiologique quasi animal… On a remis le sexe à sa place et notre histoire d’amour s’en est trouvée renforcée… »
Recréer le désir
Quand Sébastien (29 ans, de Meaux) et son mari ont senti que leur histoire battait de l’aile parce qu’ils ne faisaient plus l’amour, ils ont réagi : « On s’en est rendu compte tout de suite après notre mariage. Comme si l’événement avait précipité les choses. Mon mari m’a dit à cette époque qu’on avait ce problème parce qu’on ne se désirait plus… On était devenu tellement fusionnels qu’on n’avait plus ce manque de l’autre nécessaire au désir. On faisait tout ensemble, on vivait pratiquement tout le temps ensemble… On ne se manquait plus… Le fait de se marier était une caricature de ce que nous vivions… On a donc décidé de réapprendre à se manquer. Notre libido a explosé depuis… »
Se manquer pour mieux s’aimer. Pedro (61 ans, de Pau) est d’accord : « Mon homme est moi avons moins fait l’amour dès lors qu’on a emménagé ensemble. Du coup, on a repris nos appartements respectifs. On l’a échappé belle ! »
Retrouver de l’intimité
Chacun fait comme il peut. François (51 ans, de Bègles) a décidé de redéfinir littéralement les relations sexuelles avec son chéri dès lors qu’il a senti une baisse d’activité : « Mon homme adore sortir. On passait notre vie dehors. Bars, clubs, tout était occasion de voir des amis. Tout ce temps dépensé avec les autres empiétait largement sur notre intimité. On rentrait crevé et on n’avait plus envie… J’ai dit « stop » ! Et on a décidé que certains jours nous serions systématiquement off pour les autres. On a retrouvé notre intimité. Et notre envie de faire l’amour… »
Stefan (54 ans de Mende), lui, a accepté cette baisse d’activité sexuelle : « Nous ne faisons pratiquement plus l’amour. Mais nos sentiments sont plus forts. On a installé dans notre vie une intimité, une vie secrète à deux qui ne regarde que nous, qui fait partie de nous. Il est plus facile d’avoir une relation sexuelle que trouver le grand amour… On sait à quel point nous sommes chanceux de nous aimer ! »