On a parlé prévention et nouveaux locaux avec Loïc de l’ENIPSE à Nice
L’Enipse vient d’ouvrir deux nouveaux locaux à Nice et à Marseille À cette occasion, nous avons rencontré Loïc Jourdan, coordinateur de la région PACA, pour en savoir plus sur ces nouveaux lieux de prévention. L’occasion aussi de voir comment l’association a adapté ses actions pour ne pas perdre le lien malgré la fermeture forcée des établissements LGBT.
Depuis combien de temps es-tu à l’ENIPSE et quelle est ta fonction ?
Je suis à l’ENIPSE depuis 8 ans et je suis coordinateur de pôle sur le secteur PACA EST (Nice) depuis plus d’un an.
Après Paris et Rouen, vous ouvrez deux nouveaux locaux à Marseille et à Nice. Peux-tu nous en dire plus ?
Ces locaux vont devenir un lieu ressource supplémentaire pour nos partenaires exploitant.e.s, salarié.e.s, associatifs et pour les usager.e.s. Ils permettront également de mettre en place de nouvelles actions autour de la santé sexuelle et mentale.
Avec la pandémie, est-ce que tu as vu des changements dans notre rapport à la prévention ?
Oui on a pu observer des changements en partie dus aux difficultés d’accès aux soins et aux structures de dépistage en raison du protocole sanitaire imposé (comme les prises de rendez-vous obligatoires pour venir faire un dépistage). Néanmoins les CeGIDD ont maintenu leurs horaires d’ouvertures tout en s’adaptant aux contraintes sanitaires.
Sur la PreP par exemple, beaucoup de rendez-vous ont été annulés par les usagers eux-mêmes, ce qui peut nous inquiéter sur la recrudescence éventuelle du VIH, et aussi des IST. Nous avons profité de l’ouverture de nos locaux pour proposer des entretiens de « PrEP simplifiée ». Nous proposons aux usagers un entretien centré sur cet outil de prévention, avec la possibilité d’une remise d’une ordonnance pour un bilan complet. Nous finalisons notre entretien par une prise de rendez-vous sur Doctolib avec un médecin du CEGIDD pour la prescription d’une PrEP.
Ce dispositif permet à la personne d’arriver lors de sa consultation avec les résultats de ses analyses, et des connaissances plus élargies sur l’utilisation de cet outil. Elle gagne ainsi du temps dans son parcours de santé.
L’ENIPSE a toujours été très présente sur le terrain. Comment vous êtes-vous adaptés à la fermeture des bars, clubs et cruisings ?
En attendant la réouverture des établissements, nous avons mis en place des actions interactives sur les réseaux sociaux et les applis pour continuer virtuellement d’aller vers LGBT. Nous pouvons ainsi proposer aux personnes démarchées des entretiens en santé sexuelle avec une offre de dépistage au VIH et/ou VHC ainsi qu’un envoie d’autotest à domicile en cas d’éloignement géographique.
Nous maintenons un lien important avec les CeGIDD du département dont l’équipe de Nice vient chaque jeudi proposer une permanence dans nos locaux. Cela permet de proposer un dépistage des gonocoques et chlamydia en plus du VIH et de l’hépatite C.
Depuis le premier confinement, nous restons aussi en contact téléphonique régulier avec nos partenaires historiques que sont les exploitants des établissements commerciaux.
Vous êtes aussi très attachés au bien-être psychologique des LGBT que la pandémie a isolés. Qu’avez-vous mis en place ?
Nous sommes effectivement très attachés à la santé mentale des personnes LGBT+. L’ENIPSE a créé il y a 3 ans « Le réseau PSY ENIPSE » avec des professionnels de la santé mentale, avec lesquels nous menions tous les mois des « actions PSY » dans les commerces.
Le contexte sanitaire a fortement dégradé la santé mentale de la population générale et très certainement des personnes issues de populations minoritaires comme les LGBT+. La fermeture des établissements empêchant ces actions, nous avons décidé de les maintenir en les déplaçant dans nos locaux, afin de ne pas perdre le lien avec les usagers et de répondre à nos missions d’être au plus près de nos publics.
Les entretiens lors de ces permanences ont montré que l’isolement, la précarité, et les LGBTphobies intra-familiales étaient des thèmes souvent abordés. Ce que nous avions déjà pu identifier lors du premier confinement, avec notre ligne d’écoute à destination de ce public.