“Les Engagés XAOC” : que vaut la dernière saison de la web-série LGBT française ?
Les nouveaux épisodes des « Engagés » arrivent sur France.tv Slash le 19 novembre et en DVD le 26 novembre. Première série LGBT française, elle s’est imposée tout au long de sa diffusion comme une création majeure. Cette troisième saison est un thriller, elle ne nous épargne pas. Et tant mieux.
Quand Sullivan Le Postec s’est lancé en 2011 dans l’aventure Les Engagés, il avait en tête qu’en France, aucune série manifestement LGBT avait été créée. Au Royaume-Uni, Queer as Folk datait déjà de 1999… Il voulait une série qui parle des problématiques des minorités mais en leur donnant réellement toute leur place. Son histoire personnelle l’a fortement aidée même si ce n’est pas une création autobiographique : il a été président de l’association LGBT lyonnaise LGBT, Moove ! Lyon. Dans cette troisième (et dernière) saison, Les Engagés : XAOC, le créateur change de format : on quitte les dix fois 10 minutes pour trois épisodes de 45 minutes. Ça permet de creuser plus profondément les caractères de chacun des personnages mais aussi de donner plus de profondeur au scénario, qui en a besoin puisqu’il s’agit avant tout d’un polar politique. Certaines scènes, notamment dans le premier épisode, sont très sombres. L’intrigue en est plus forte…
Le casting réellement LGBT.
Nous retrouverons dans cette troisième saison pratiquement tous les acteurs des deux premières. Le trio principal est là : Hicham (Mehdi Meskar), Thibaut (Éric Pucheu) et Elijah (toujours joué par la révélation, Adrián de la Vega). Nadjet, interprétée par Nanou Harry prendra plus d’importance dans ces épisodes… Et bien sûr, notre chouchou, Denis D’Arcangelo, l’inimitable Madame Raymonde, sera de la partie avec un rôle encore plus émouvant et politique que lors des deux premières saisons.
Dans Les Engagés : XAOC, les gays jouent des rôles de gays, les lesbiennes de lesbiennes et surtout, les rôles de transgenres sont interprétés par des personnes vraiment transgenres… C’est ce qui fait la force de la web-série. On est dans le monde réel avec des dialogues plausibles. On ne cherche pas à plaire à tout prix en intégrant un personnage LGBT caricatural dans un scénario qui pourrait largement s’en passer… On salue d’ailleurs la performance d’Alex Ramirez, tellement réel, on en connaît…
De Lyon à Bruxelles, en passant par Saint-Etienne.
Le Point G (le centre LGBT de Lyon) est toujours au centre de l’intrigue. Mais on va encore plus loin dans Les Engagés : XAOC. En Tchétchénie et en Russie d’abord, dès les premières minutes du premier épisode qui nous plongent au cœur même de l’homophobie d’état. La série nous amène aussi à Saint-Étienne pour aborder la problématique de l’homosexualité dans les quartiers. Et enfin, une grande partie de l’histoire se passe à Bruxelles, au sein de la Commission Européenne. Comme pour nous rappeler que bon nombre des avancées en matière de droits LGBT viennent de l’Europe. C’est un détail que nous avons tendance à oublier un peu trop souvent… Les allers-retours que nous vivons dans la série nous montrent de manière éclatante que tous nos problèmes sont liés entre eux et ce, quelque soient l’endroit où nous les vivons…
Homophobie, racisme, même combat…
Il y a dans Les Engagés : XAOC, une scène particulièrement forte et émouvante. C’est lorsque Claude (Denis D’Arcangelo) explique à un néophyte ce qu’il s’est passé lors des émeutes de Stonewall et ce que ça veut réellement dire dans nos vies d’aujourd’hui… Que toutes les discriminations fonctionnent de la même façon, que ce soit le racisme ou l’homophobie (il aurait peut-être pu rajouter le sexisme)… Ce que Hicham et Nadjet vivent à Saint-Etienne, n’est pas si éloigné de ce qu’a enduré par exemple, Bastien (Claudius Pan)… Une grande leçon de tolérance et d’ouverture… Au fait, vous voulez savoir ce que XAOC veut dire ? Regardez les trois épisodes, vous comprendrez…