On a rencontré Edoardo Leo, le brun ténébreux du film “Pour toujours”
Edoardo Leo est l’un des acteurs principaux de « Pour toujours », le nouveau film de Ferzan Özpetek, à qui l’on doit « Hammam » ou encore « Tableau de famille »… « Pour toujours » aborde le sujet de la parentalité, et comme toujours avec lui, le déclin de l’amour. Rencontre.
Comment avez-vous décroché le rôle d’Alessandro ? Connaissiez-vous Ferzan Özpetek avant qu’il ne vous choisisse ?
Nous nous connaissions mais n’avions jamais travaillé ensemble. J’ai toujours beaucoup aimé son cinéma. Un jour, il m’a appelé en me disant : « J’aimerais que tu lises un scénario. J’espère qu’il te plaira. » Avant même de le lire, j’avais déjà décidé que je ferais son film.
Passer du personnage homophobe de Cosimo dans Perfetti sconosciuti [ndlr : le film italien dont le remake égyptien sur Netflix, fait scandale aujourd’hui…] à celui d’Alessandro, un gay, dans Pour toujours, quel grand écart !
La chance dans mon métier est de pouvoir entrer dans la psychologie de différents personnages et donc d’aborder des problématiques, en l’occurrence ici, l’homosexualité, sous différents angles. C’est une richesse et un privilège de penser que des réalisateurs comme Genovese et Özpetek aient pu penser à moi pour des rôles si différents. Cela me donne le sentiment d’être considéré comme un comédien polyvalent qui peut travailler sur différents registres d’acteur.
Nous voyons dans le film, une relation très, très intime entre deux hommes. Pourtant, il n’y a aucune scène de sexe par exemple. Comment avez-vous préparé cette relation particulière avec Stefano Accorsi ?
Notre seule vraie préparation a été d’entrer dans le « monde » d’Özpetek, dans sa façon très particulière de raconter des histoires. Je suis tout de suite entré en harmonie avec Stefano Accorsi. On a immédiatement décidé d’oublier qu’il s’agissait d’une histoire homosexuelle, peu importait. Nous nous sommes mis d’accord pour travailler sur une histoire d’amour et son déclin. Point final. Le fait qu’ils s’agissait de deux hommes nous était indifférent. Le plus important était de donner au spectateur un sentiment d’intimité profonde entre les deux personnages.
Comprenez-vous les angoisses d’Alessandro et d’Arturo vis à vis d’une paternité qu’ils n’avaient pas forcément désiré au départ ?
C’est comme pour beaucoup de couples hétéros. Ils deviennent parents même s’ils ne le veulent pas. Et à travers la relation avec ces deux enfants, ils redécouvrent leur amour. Tout le monde a peur lorsque d’autres êtres humains, et particulièrement ceux qui nécessitent de l’attention particulière, comme des enfants, entrent dans le foyer. Mais apprendre à prendre soin de quelqu’un est toujours le meilleur moyen d’apprendre à se connaître soi-même.
Pour toujours montre aussi une vision très moderne de toutes les formes de familles. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que le concept de famille est très large et n’a pas une déclinaison unique. En fin de compte, une famille, c’est une maison où il y a des gens qui s’aiment. Quelle que soit sa composition, ce qui compte, c’est la chaleur que l’on ressent dans cette maison. Chaque famille est propre à sa manière et personne ne peut revendiquer le droit de dire ce qui est famille et ce qui ne l’est pas. Là où l’on se sent bien, où l’on se sent chez soi, protégé et aimé, c’est ça une famille, pour moi.
Les gays italiens vous adorent. Est-ce parce que vous avez toujours été un défenseur des droits LGBT ?
Les gays italiens m’aiment vraiment ? (Rires) J’espère que c’est pour mon travail et pour l’honnêteté avec laquelle je le fais. Et pas seulement pour mes combats pour la liberté. Mais c’est vrai aussi que je me suis toujours demandé comment est-il possible de ne pas soutenir les droits de la communauté LGBT aujourd’hui.