“Queer As Folk” (Starzplay) : que vaut le reboot de la série culte ?
Le reboot de « Queer as Folk », diffusé sur la chaîne américaine Peacock en juin, débarque le 31 juillet sur Starzplay.
Voilà des années que Russell T. Davies, le génial scénariste et producteur de la série Queer as Folk (ainsi que de Years and Years ou It’s a Sin), se voit régulièrement demander en interview s’il compte faire une suite ou un remake de Queer as Folk. C’est désormais chose faite avec les huit épisodes d’un reboot qui sera visible en France à partir de fin juillet sur la plateforme Starzplay.
Pour ceux qui était encore enfants ou pas encore nés en 1999, il faut s’imaginer l’onde de choc produite par l’arrivée de Queer as Folk à la télé anglaise, puis dans le monde entier. Alors que la représentation gay à l’écran restait aussi rare que timide, Queer as Folk est une série gay, faite par un gay, qui n’avait pas peur d’aborder de front les thématiques qui touchaient la communauté et qui le faisait sans fausse pudeur.
Un remake américain est diffusé sur la chaîne Showtime de 2000 à 2005. Il reprend scrupuleusement le scénario de base lors de sa première saison, en transposant l’action de Manchester à la ville de Pittsburgh, avant de s’en émanciper lors des quatre suivantes.
Un reboot qui s’inspire davantage de la version américaine.
L’histoire commence quasiment de la même manière que dans Queer as Folk US: Brodie (Devin Way), abandonne ses études de médecine pour revenir dans sa ville de La Nouvelle Orléans. Il y retrouve sa meilleure amie, Ruthie, dont le compagnon, un homme trans, s’apprête à donner naissance à des jumeaux dont il est le père biologique. Alors qu’ il espère renouer avec son ex (Johnny Silbilly), lors d’une soirée au Babylon, le club le plus couru de la ville, il fait la rencontre de Mingus (Fin Argus), un jeune homme de 17 ans, qui s’éprend immédiatement de lui. Dans la soirée, un tireur fait irruption au Babylon et leur vie à tous va s’en trouver irrémédiablement changée.
La série anglaise et sa sœur américaine, si elles conservent un statut de pionnière et un certain charme lié à leur époque, peuvent sembler aujourd’hui un peu datées. Parmi les critiques régulièrement adressées depuis longtemps, celle que le cast original de Queer as folk était exclusivement blanc et donc peu représentatif de la diversité de la communauté.
Une riche galerie de personnages
Pour corriger cela et mieux représenter la diversité de nos communautés, le cast du reboot se veut ultra-inclusif. Personnes trans, non-binaires, en situation de handicap, racisés, queers, tout le monde ou presque est représenté. Il pourrait y avoir un côté catalogue, mais les scénaristes, sous la houlette du showrunner Stephen Dunn, ont pris soin de donner de l’épaisseur à chacun des personnages. On remarque malgré tout que les personnages principaux restent des mecs bien foutus et musclés, donc eux-mêmes dans une certaine norme. Qu’importe, le cast parfait n’existe pas et c’est très bien comme ça.
Cerises sur le gâteau: Juliette Lewis et Kim Cattrall (la mythique Samantha de Sex and the city) complètent ce cast dans le rôle respectivement des mères de Mingus et Brodie.
La force de ce reboot est incontestablement cette riche galerie de personnages. On retrouve aussi l’esprit originel de la série. Ici on dit les choses comme elles sont et on les montre clairement, notamment lors des scènes de sexe. En revanche, le reboot souffre peut-être de vouloir trop en dire. En multipliant les thématiques (pêle-mêle: homoparentalité, handicap, fétichisation, drag, âgisme, prostitution, VIH), ce Queer as Folk perd parfois un peu de sa force. Et on se dit que la communauté LGBT+ qui nous est montrée ressemble plus à une communauté rêvée qu’à la réalité.
Cela dit, Queer as Folk, quelle que soit sa version, n’a jamais prétendu être un documentaire. On aurait donc tort de bouder son plaisir!