Témoignages : « J’ai retrouvé mon premier amour »
Tout le monde se souvient de son amour de jeunesse. Il est un peu la balise de notre vie affective, celui qui va conditionner nos prochaines rencontres, ou qui est à l’origine de nos difficultés. Mais on garde toujours un souvenir ému de cette rencontre…
« Je me promenais sur la Promenade des Anglais à Nice quand j’ai entendu mon prénom. Je me suis retourné et je me suis retrouvé face à celui pour qui j’avais fait un coming out tonitruant, mon amour de jeunesse, raconte Laurent (46 ans, de Quimper). Il n’avait pas changé. Il avait toujours sa fossette sur le menton qui m’avait fait déjà craquer, il y a un peu moins de 30 ans… On est allé boire un verre dans un bar gay. Et l’alcool aidant, il m’a sauté dessus. Je me suis laissé faire… »
Ce genre de situation paraît saugrenue, mais beaucoup d’entre nous fantasment sur l’idée de remettre le couvert avec son premier crush. Est-ce une bonne idée ? En soi, l’amour de jeunesse a un côté un peu pur, angélique. On a vite fait d’oublier tous ses défauts… Et même si l’on n’a pas l’intention d’aller jusqu’à la partie de jambes en l’air, retrouver son amour de jeunesse n’est-il pas un peu délicat ? Est-il toujours le même quelques années après ?
Bonne ou mauvaise surprise ?
Quand Lyes (31 ans, de Paris) a retrouvé son amour de jeunesse sur son lieu de vacances l’été dernier, il ne l’avait même pas reconnu : « François avait beaucoup grossi. Son accent de Perpignan était agaçant. Il avait un humour lamentable et surtout, il était devenu hétéro, marié avec 3 enfants ! Mon fantasme en a pris un gros coup. Évidemment que nous n’avons rien fait même si je sentais bien qu’il n’aurait pas été contre un truc ensemble ! »
Le temps court pour tout le monde et c’est le danger avec l’histoire d’amour de jeunesse. On peut avoir de mauvaises surprises. Ou des bonnes aussi. C’est le cas pour Rodrigue (32 ans, de Toulouse) qui est retombé par hasard sur son premier amour sur une application de rencontre : « Lui ne m’a pas reconnu. Il m’a dragué. Quand j’ai vu ce qu’il était devenu, j’ai complètement craqué. Je lui ai dit qui j’étais et nous avons convenu de nous revoir. J’ai eu les mêmes émotions dans ses bras que quinze ans auparavant… »
Le mythe de l’éternel jeunesse
Est-ce que retenter le coup n’est pas justement foncer droit dans un monde de fantasmes bien loin de la réalité ? C’est un peu la question que s’est posée Laurent avant de monter dans la chambre d’hôtel de son amour de jeunesse : « C’est vrai qu’il est toujours aussi sexy, mais est-ce que je ne cours pas après une illusion ? Mon histoire avec lui était géniale. Mais c’est surtout parce qu’elle était la première… J’avais peur de vivre quelque chose de tellement différent de ce que j’avais en souvenir. »
C’est aussi ce que pense Luigi (56 ans, de Lunel), un peu philosophe : « Revoir Mario m’a donné un gros coup de jeune. Comme si on revenait en 1983, quand nous nous sommes rencontrés. Comme si nous étions toujours frais, beaux, jeunes, quoi ! Comme si, surtout, le temps n’avait pas de prise sur nous. On a beaucoup parlé, on a beaucoup ri, ça nous a fait beaucoup de bien de revivre cette jeunesse qui nous a quittés depuis bien longtemps… »
Ne pas toucher aux bons souvenirs…
Louis (51 ans, de Strasbourg) se rappelle le moment où il a retrouvé Pierre dans la rue de la capitale alsacienne : « Je l’ai rencontré quand nous avions quinze ans. On jouait tous les deux au rugby. On est sorti ensemble pendant un an, comme sortent ensemble deux adolescents encore dans le placard. Nos retrouvailles ont été chaleureuses… Mais on n’est pas allé jusqu’à remettre le couvert. On a voulu laisser intacts nos souvenirs… Ne rien gâcher. »
C’est plutôt une bonne idée quand on sait combien on peut changer en peu de temps. Luigi est d’accord là-dessus : « Ressasser le passé au point de vouloir le revivre est utopique. Gardons ces cartes postales de la vie pour illuminer nos mémoires et surtout, n’y touchons pas. Laissons-les comme elles sont… »