Olissot, le photographe du corps et de ses détails
Passionné par les grands photographes des années 50, Olissot en a fait sa marque de fabrique. Du détail du grain de peau au noir et blanc lumineux, il rend le corps masculin intemporel, presque magique⊠Retour vers le passé.
Parle-nous de toi…
Olissot : Je suis dans le monde de la photographie depuis plus de 25 ans. Il y a 10 ans, j’ai décidé d’explorer un style sur un thème particulier : quelle est ma vision de « l’homme » ! Tout un programme.
D’où vient ton inspiration ?
Mon inspiration me vient évidemment de l’iconographie des années 50, assez intemporelle, dans toute sa diversité notamment dans les films en noir et blanc. J’aime toute l’esthétisme de cette époque.
Tu travailles énormément le noir et blanc. La couleur ne t’attire pas ?
Le noir et blanc donne une distance parfaite à mon travail et une vision un peu irréelle… C’est ce que je recherche toujours, avec des lumières crues pour accentuer les contrastes. La couleur est un tout autre exercice et j’avoue que cela ne rentre pas dans mon univers, même si j’en fais parfois.
Où trouves-tu tes modèles ?
Je travaille avec des agences de mannequins pour les parutions mode, sinon avec des modèles parisiens qui me contactent généralement en direct.
Une histoire particulière te revient-elle en mémoire à ce sujet ?
Une peut être oui… Avec un danseur de l’Opéra de Paris qui m’a contacté pour une séance photo mais qui voulait la diriger entièrement. Il n’avait évidemment pas compris mon travail, ni qu’il devait rester le sujet et non l’auteur de l’histoire.
Tu photographies souvent des détails du corps. Pourquoi ?
Les détails de corps sont pour moi comme des paysages complètement indépendants de la personnalité du modèle, un autre monde inaccessible et pourtant si proche. La peau raconte une autre histoire et développe ainsi notre imaginaire et notre curiosité.
Comment construis-tu les histoires de tes photos ?
Je construis seul les histoires de mes photos et c’est souvent un long travail de retouche qui apporte une cohérence à la série. Je laisse beaucoup de liberté au modèle car je déteste les poses et les clichés que l’on retrouve trop souvent aujourd’hui. J’aime les attitudes naturelles. L’histoire d’une série ne doit pas être forcée, elle doit s’imposer comme une évidence.
Le regard de tes modèles est très dur ou alors au contraire très doux. Pourquoi ce grand écart ?
C’est vrai qu’il y a peu de place au sourire dans mes photos. Sombre ou mélancolique, c’est un choix. C’est ce que j’aime dans les portraits des peintres classiques qui me touchent énormément.
Certaines de tes photos font penser au travail de George Platt Lynes. Est-ce que les photographes de cette époque t’inspirent particulièrement ?
C’est l’esthétisme de cette époque qui m’a toujours inspiré et qui est devenu mon fil rouge. J’apprends de mes maîtres en affirment mon propre style.
Quel est ton plus beau souvenir professionnel ?
C’est peut-être celui d’un modèle que j’ai sollicité sur Instagram pour un shooting et qui, la semaine suivante, a signé un gros contrat avec une agence de mannequins professionnels. Mes photos ont révélé son potentiel et j’en suis très heureux. Il travaille beaucoup maintenant dans le milieu de la mode.
As-tu des projets en cours ?
Toujours ! Beaucoup trop ! Il me manque du temps mais l’envie est bien là.