En quoi la saga « American Horror Story » est-elle profondément queer ?
Alors que la saison 2 du spin-off est en cours de diffusion, Disney+ a eu la bonne idée de mettre en ligne l’intégralité des 10 saisons de la série mère : “American Horror Story”. C’est le moment de jeter un regard sur ce qui a fait le succès de cette saga culte du créateur gay Ryan Murphy : de la diversité, de l’originalité et une bonne touche de queer !
Même si le réalisateur Ryan Murphy était tout auréolé du succès planétaire de l’exceptionnel Nip/Tuck et du très queer, Glee, rien ne laissait présager une aventure télévisuelle de l’ampleur d’American Horror Story (AHS). Encore moins le style de la série : fantastique, horrifique, paranormale et gore. Style qui va plaire d’emblée, étrangement, au public gay. Il faut dire qu’on sort en 2011 d’une décennie qui a vu le succès de séries comme Charmed ou Buffy contre les vampires, et son lot de femmes puissantes et indépendantes, bien loin des Sex and the City de l’époque.
Ryan Murphy s’est donc plongé dans cette saga avec toute la liberté dont il avait besoin pour réussir. Il lui fallait des histoires d’horreur bizarres, un casting profondément LGBT+, des icônes à la pelle (il fera même tourner Joan Collins dans la série AHS : Apocalypse !) et la connexion avec le public gay était faite… Pour ce qui est des acteurs gays de AHS, regardez la liste non exhaustive : Matt Bomer, Charlie Carver, Dennis O’Hare, Zachary Quinto, Cheyenne Jackson, Isaac Cole Powell…
Des personnages LGBT+…
Quand on pense personnages queers, tout de suite vient à l’esprit Liz Taylor, de la saison AHS : Hotel, incarné par l’excellent acteur gay, Dennis O’Hare, qu’on avait plus l’habitude de voir dans des séries comme Les Experts ou New York, Police judiciaire… Mais tout au long des saisons d’AHS, des personnages gays, LGBT+ illuminent (ou angoissent…) la série.
Dès la première saison, on voit un couple gay : Chad et Patrick. Chad est interprété par Zachary Quinto ! En 2014, dans la saison AHS : Freak Show, apparaît le personnage d’Amazon Eve, joué par Erika Ervin, une actrice transgenre, une des premières à la télévision. Et bien sûr, il y a le personnage lesbien récurrent de Lana Winters, interprété par une des muses de Ryan Murphy, Sarah Paulson, à qui il donnera le rôle-titre de la série Ratched ! Le summum est certainement atteint avec AHS : 1984, qui voit l’arrivée de Billy Porter (Pose), Gus Kenworthy et Jeffrey Bowyer-Chapman (Canada’s Drag race)…
Des icônes…
American Horror Story ne serait pas autant appréciée des gays sans les éternelles icônes chères à Ryan Murphy. On se souvient du duo Judith Light (Madame est servie) et Bette Midler dans The Politician ou même de l’épisode de Nip/Tuck avec Catherine Deneuve. Quand Ryan Murphy aime une actrice ou une chanteuse, il la fait tourner… Dans AHS, elles sont là aussi. À commencer dans AHS : Hotel, par Lady Gaga qui décrochera pour son rôle de La Comtesse, le Golden Globe de la meilleure actrice. Murphy va faire de ce personnage de méchante, un rôle culte… Mais Gaga n’est pas la seule : Jessica Lange est une de ses actrices fétiches, comme Kathy Bates, Patti Lupone ou Chloë Sevigny… Ce que Murphy propose à ces actrices, c’est de gratter le côté sublime des stars : elles sont souvent brutes, rarement à leur avantage. Mais elles adorent ça !
Un message plus politique qu’on pense…
Daniel Clarke, un universitaire qui a beaucoup écrit sur AHS, a déclaré : « Je pense qu’il y a un lien intéressant entre les personnages socialement marginalisés de la saga et les rôles LGBTQ+. Les premiers sont souvent utilisés comme analogie des seconds, comme une parabole sociale ou une allégorie. » C’est dans AHS : Freak Show que le parallèle est le plus frappant : cette saison porte sur les discriminations contre les personnes handicapées. La double lecture du scénario ne laisse aucune place au doute… Murphy aborde bien là, toutes les discriminations et comment elles se construisent.
En 2016, il a lancé un projet appelé Half, qui vise à ce que 50% des postes (au moins) soient attribués à des minorités. Moins d’un an après son lancement, la maison de production de Ryan Murphy annonce avoir embauché 60% de femmes réalisatrices. 90% de son recrutement satisfait aux exigences en matière de féminisation des postes de responsables et d’embauche de personnes issues de minorités. American Horror Story fait partie du programme…