“Dahmer”, la nouvelle série glaçante et très politique de Ryan Murphy

Surnommé le « Cannibale de Milwaukee », Jeffrey Dahmer était un tueur en série gay à la personnalité complexe et difficilement compréhensible. Il n’en fallait pas plus pour que Ryan Murphy ait envie de raconter son histoire. L’histoire horrible d’un monstre…

Publié le

Jefferey Dahmer a assassiné 17 hommes gays entre 1978 et 1991. Son histoire a déjà inspiré plusieurs films et biographies. Ryan Murphy, lui, veut aller plus loin que la simple série sensationnelle. Comme il l’avait déjà esquissé avec The Assassination of Gianni Versace, il montre en quoi l’histoire politique des Etats-Unis façonne aussi ses propres monstres.

Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer est déjà un succès planétaire : il est en tête sur Netflix dans plus de 75 pays au monde… Il faut dire que pour cette série, le producteur de Glee et d’American Horry Story a su s’entourer d’une équipe de choc. Parmi les réalisateurs des épisodes, on retrouve Carl Franklin (Mindhunter, 13 Reasons Why…), Jennifer Lynch (la fille de David Lynch) et aussi Gregg Araki (Kaboom, la toute première Queer Palm).

De 1978 à 1991 !

Ce qui surprend peut-être le plus quand on visionne Dahmer, c’est le nombre de fois où le meurtrier a échappé à la police. Et ce, dans des conditions qui horrifient, comme dans le cas du jeune Konerak Sinthasomphone… La première victime de Dahmer est blanche, c’est presque, un accident. Les seize qui suivront sont pratiquement toutes racisées. A l’époque, on ne remet pas en question la parole d’un blanc contre celle d’une noire par exemple. Le racisme est systémique dans la police américaine des années 80. Et la série le montre très bien.

Dahmer n’aurait jamais dû tuer autant de garçons. On a l’impression même qu’il ne faisait aucun effort pour cacher ses actes : les cris, les odeurs, les disparitions même devenaient normales. L’impunité dont pensait jouir Dahmer était d’abord une impunité de blanc dans une ville fortement métissée. On se pose évidemment la question de savoir où en est la police américaine aujourd’hui et on a des doutes, forcément, compte tenu des récents événements.

Un casting de haute voltige

Selon Ryan Murphy, le principal risque était de rendre Dahmer trop attirant. Choisir Evan Peters pour incarner le monstre était surprenant a priori. Mais l’acteur fétiche de Murphy est brillant dans le rôle. Il est suffisamment beau pour pouvoir plaire aux victimes et parfaitement répugnant pour dégouter tous les téléspectateurs, dès qu’il s’agit des meurtres. Il déstabilise comme le vrai Dahmer.

Richard Jenkins, qui joue le père de Dahmer, est fantastique. On se rappelle son rôle du père décédé dans Six Feet Under. Là, il est d’une justesse déconcertante et nous aide à nous poser la bonne question : Qu’aurions-nous fait à la place du père ?

Une icône est née

Et puis, il y a Glenda Cleveland, la voisine, interprétée par l’actrice lesbienne, Niecy Nash. Peu connue en France, elle rend à travers la série, un hommage enfin justifiée à cette femme qui a enduré le pire, supporté l’horreur au nom des « ses enfants » comme elle aimait à appeler les victimes. Pour elle, jamais le racisme et l’homophobie n’étaient dissociés. L’histoire racontée dans Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer est une histoire vraie. La grande Histoire avec un H majuscule a gommé le personnage de Glenda. Ryan Murphy l’a remise au premier plan. Et les réseaux sociaux se sont mis soudainement à parler de cette femme, décédée en 2010 à l’âge de 56 ans. Elle vivait à l’époque, tout près de l’emplacement des appartements Oxford…

Monstre – L’histoire de Jeffrey Dahmer, à voir sur Netflix

Tu en veux encore ?