Léo, 24 ans : “J’aime les mecs vraiment beaucoup plus âgés que moi”
Léo a 24 ans et ne fait ni plus jeune ni plus âgé. Svelte, une belle tête de blondinet, il assume, après l’avoir caché, son goût pour les hommes vraiment moins jeunes que lui. Il raconte.
Son premier coup de cœur ? Un ami de son père. « Une fixation, un type qui devait avoir 54 ou 55 ans, à l’époque. Je me suis inscrit dans le club de handball où il était entraîneur amateur, j’y suis resté six mois. Je sentais qu’il aimait le sexe, le porno et que j’allais y arriver. J’ai tout tenté : les strings, les douches à poil, le tube de lubrifiant qui tombe de mon sac, sous son nez. J’allais voir les matchs chez lui avec l’équipe pour voir son appart, je le voulais. Un soir, les autres étaient partis, je lui ai dit qu’il avait besoin de se détendre. Je lui ai massé les épaules et on est passés aux choses sérieuses. »
Au début, le monsieur a bien fait mine de refuser, mais Léo a enfin pu poser ses mains sur ce corps velu, musclé, dense. « Les plis de son cou, les poils gris sur son torse, les rides au coin des yeux, et ce côté macho d’une autre époque, j’ai tout adoré j’étais fou de désir » raconte-t-il avec nostalgie. L’ami de papa l’a supplié de ne rien dire. Du coup, Léo, qui se serait bien installé chez lui, s’est rendu compte qu’un sénior n’était pas forcément à l’aise, dans la vraie vie, avec quelqu‘un de beaucoup plus jeune.
« Certains de mes amants ont peur du regard des autres, c’est dommage » regrette-t-il aujourd’hui. Lui, il assume totalement, au point d’écrire, sur les profils des sites et applis, qu’il cherche des mecs de plus de 55 ans minimum et uniquement, sans mettre de limite : « Je sais que les vieux sont souvent exclus et du coup, ça me vaut des messages ultra-gentils, même si bien sûr, le mec doit me plaire, son âge ne fait pas tout. »
Un prototype : l’acteur bourru
Avec des amis qui partagent ses goûts, il cherche des photos ou des extraits de film avec des acteurs pas trop fillettes : Jean Gabin, Lino Ventura (son préféré) à la soixantaine minimum, ou encore Piccoli, souvent nu dans d’anciens films.
Curieux, on demande à Léo s’il a tenté de faire l’amour avec un mec de son âge. Il s’est laissé convaincre, il en croise dans la boutique où il bosse. Mais rien à faire, il aime les corps mâtures, les traces de vie, les cicatrices. Son kiff absolu, c’est de laisser glisser sa main sur des peaux qu’il trouve plus douces, plus souples.
Pour lui, les séniors sont aussi bien plus cools. « Je dis les vieux, car ça ne devrait pas être un terme à éviter. Des potes me disent que je suis gérontophile, peut-être bien, je ne vais pas m’auto-analyser pour ça. » Il a vu le film Gérontophilia de Bruce La Bruce (sortie en 2013). Le personnage du vieux ne l’a pas fait fantasmer.
Naïvement, on pourrait croire qu’il n’a que l’embarras du choix tant on pourrait dénombrer de nombreux mecs âgés qui chercheraient des partenaires bien plus jeunes. Eh bien non, rien de super facile : « D’abord, le daddy de 40 ans, qui porte une barbe de trois jours et va à la gym, c’est pas mon truc. Les plus de 55 ans craignent souvent que je leur demande de l’argent ou ont du mal à croire que je m’intéresse à eux, que je les désire. Certains veulent prendre un verre avant, je trouve ça cool, mais globalement ils ont parfois un peu renoncé à plaire. Alors, je les rassure, ils le sentent très vite, mon désir n’est pas fake. »
C’est très bien comme ça
Léo adore les histoires sur la rue Sainte Anne, l’ancien quartier gay avec ses folies. Il aime les photos papier de cette autre époque. Il trouve réconfortant de dîner avec quelqu’un qui ne regarde pas son portable ni son Insta et qui l’écoute sans l’interrompre. Au lit, il les juge « compétents, bien plus que les jeunes », plus ouverts, moins pressés. Bref, il vit très bien une attirance que d’autres jugent étonnantes. Longtemps, il s’est cru seul à éprouver ce désir « pour les papys » comme il dit.
Mais le jour où il est allé au sauna L’Euro Men’s Club (dans le deuxième arrondissement de Paris), il s’est aperçu qu’il n’était pas le seul dans ce cas, loin de là. Il y retourne de temps en temps. Et, peu à peu, les amis de son âge ont cessé de se moquer de lui. C’est une inclination assumée, ça le rend heureux et c’est très bien comme ça.