Que vaut « My Policeman », le drame queer avec Harry Styles ?
Amazon Prime propose ce 4 novembre le film tant attendu avec Harry Styles dans le rôle d’un policier incapable de choisir entre sa vie hétéro confortable et la passion qu’il entretient avec un homme.
My Policeman est tiré du roman éponyme de Bethan Roberts qui a été un gros succès littéraire en 2012. L’auteure a déclaré à sa sortie qu’elle s’était fortement inspirée de la vie d’E. M. Forster, l’écrivain anglais à qui l’on doit les romans Chambre avec vue, Howard’s End ou encore Maurice…
On plonge avec My Policeman dans la très conservatrice Angleterre des années 50. Le film raconte deux histoires d’amour très distinctes. D’un côté, celle entre Tom (Harry Styles) et Marion (Emma Corrin, la Lady Di de la saison 4 de The Crown). De l’autre, celle entre Tom, toujours, et Patrick (David Dawson), un conservateur de musée.
Certains critiques ont parlé du film en utilisant les termes de ménage à trois ou de trouple. Il s’agit en fait de polyamour, ou comment quelqu’un peut aimer follement deux (ou plusieurs) personnes en même temps. C’est le cas de Tom. Il ne veut pas quitter sa femme et seuls les événements ont mis un frein à sa relation avec Patrick…
Un Harry Styles au top
Nous avions moyennement aimé la prestation d’Harry Styles dans Don’t Worry Darling d’Olivia Wilde (encore en salles). Dans My Policeman, le chanteur-acteur relève le défi avec brio. On y croit du début à la fin. Même dans les scènes de sexe torrides avec David Dawson (Patrick). On lui trouverait presque un faux air de Rupert Graves, le jeune garde-chasse de Maurice. Harry Styles est capable aussi bien de surjouer la virilité quand il est dans son rôle de mari et policier que de faire preuve de délicatesse quand il est en présence de son amant.
Avec ce film, les midinettes inconditionnelles du chanteur vont continuer à s’emballer pour celui qui se joue des genres en arborant, ici du maquillage, là un robe longue… Harry Styles n’est jamais là où on l’attend. Sauf peut-être au sommet du succès. Il entre avec ce film dans la cour des Timothée Chalamet et Pierre Niney, ces acteurs sensibles capables de tout jouer.
Une Angleterre pas gay-friendly du tout !
My Policeman rappelle une période douloureuse pour les gays. Depuis l’époque victorienne, les personnes LGBT+ sont persécutées en raison de leur orientation sexuelle. Oscar Wilde a été condamné en 1895 à deux ans de travaux forcés à cause de sa relation amoureuse avec Lord Alfred Douglas. Plus proche de nous et exactement dans la période où se déroule le film, Alan Turing est inculpé en 1952 pour « indécence manifeste et perversion sexuelle ». Le placard (et souvent le mariage hétéro) était à cette époque, le seul moyen de se préserver du harcèlement de la police. Dans My Policeman, Patrick, personnage trop libre et trop visible, le payera très cher dans des scènes terribles. Et on voit, de manière très claire, la peur qui s’empare de Tom quand Patrick est arrêté. Une peur qui ne s’arrêtera jamais.
Un final douloureux…
Le film oscille entre les années 50 et la fin des années 90, où on retrouve les trois personnages. Patrick, dans sa version âgé, est interprété par un extraordinaire Rupert Everett. Enfermé dans un mutisme impressionnant, l’acteur révélé dans Another Country donne au personnage une profondeur inattendue. On ne va pas vous spoiler la fin de l’histoire mais préparez-vous à sortir les mouchoirs.
My Policeman ne sort pas en salle contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il arrive directement sur Prime Vidéo le 4 novembre. On espère que le film connaitra le même sort en termes d’audiences qu’une autre création du même producteur, Greg Berlanti : Love, Victor.