Anggun, marraine du Queernaval : « 98% de mes amis sont gays, les 2% qui restent sont bis »
Le Queernaval de Nice a lieu vendredi 17 février à 20 heures. A cette occasion, Jock a rencontré sa marraine, la chanteuse Anggun . Entre le musical « Al Capone » qu’elle joue en ce moment aux Folies Bergère et son engagement pour les droits LGBT+, elle nous dit tout.
Vous jouez aux côtés de Roberto Alagna dans le musical Al Capone. Comment êtes-vous arrivée dans cette aventure ?
J’ai déjà chanté avec lui il y a douze ans. Il en gardait un très bon souvenir. Un jour, je suis tombé sur un message privé de Jean-Félix Lalanne sur Instagram. Je ne lis jamais mes messages et là, je ne sais pas pourquoi, je suis allée faire un tour sur Insta. Il cherchait à me joindre. Il me proposait de chanter dans Al Capone. Je fais partie des personnalités du spectacle qu’on contacte par message privé sur Instagram (Rires).
Le rôle de Lilly dans Al Capone est très physique. Vous n’hésite pas à donner de votre personne. Comme dans Danse avec les stars d’ailleurs…
Alors que je ne fais pas de sport, que je n’aime pas transpirer… Mais je considère que quand on me propose une nouvelle expérience, un nouveau défi, c’est comme un cadeau de la vie. Je ne peux pas dire « non ». Si je dis « non », c’est péché ! Je me trouve extrêmement chanceuse. Danse avec les stars, j’ai refusé pendant neuf ans. Et un jour, ma fille me dit : « Pourquoi ils ne t’ont jamais demandé à toi ? » Je ne pouvais plus fuir… J’ai accepté. Et je ne le regrette pas du tout : j’ai perdu quelques kilos et mon mari est content !
Pourquoi avoir accepté d’être la marraine du Queernaval de Nice ?
98% de mes amis sont gays, et les 2% qui restent sont bis, ils sont fromage et dessert. (Rires). J’ai, depuis toujours, une vraie relation particulière avec la communauté LGBT+. Et ça date de l’école… J’étais entourée soit par des gays, soit par des métalleux [amateur de heavy metal]. La différence m’attire. Plus encore en Indonésie qu’en France, je vois des choses qui me révoltent quant aux droits LGBT+. On m’appelle « La maman des gays » parce que je ne me tais jamais quand je suis révoltée. Y compris dans mon pays natal où je dis haut et fort ce que je pense. Je ne saurais vraiment dire pourquoi. Il y a des filles qui sont des attrape-couillons, qui n’attirent que des cons. Moi, je suis une attrape-gay et j’en suis très fière.
Comment conciliez-vous justement votre attachement à la communauté LGBT+ et votre amour pour l’Indonésie, un pays pas vraiment très gay-friendly ?
Ça fait partie de moi. Je n’ai pas vraiment à concilier l’un et l’autre. C’est mon identité. Je ne supporte pas les discriminations. C’est viscéral chez moi. Et je ne parle pas seulement des droits LGBT+, dans ce pays où le fondamentalisme religieux prend de l’importante. Mais aussi de la condition féminine. En Indonésie, les femmes ont le droit de vote et le droit de s’exprimer. Pourtant, elles se taisent à cause de la pression exercée dans la société… Ça me révolte, toute cette injustice. On doit défendre les causes qui nous tiennent à cœur. C’est ce que je fais tous les jours.
On le sait un peu moins, mais vous êtes une fervente écologiste. D’où ça vient ?
L’épicentre du tsunami de 2004, était tout près de la côte de l’île de Sumatra en Indonésie. Rien que dans mon pays, on a dénombré plus de 160000 morts. J’étais dévastée. Puis j’ai appris que si on avait laissé la mangrove en place au lieu de la détruire pour des projets immobiliers, on aurait diminué drastiquement le nombre de victimes. Je me suis donc tout naturellement engagée auprès d’ONG à replanter des arbres pour faire pousser la mangrove. Et comme je suis plutôt connue là-bas, ça a fait venir de nombreux journalistes. Mais malheureusement, dans un tel pays, l’écologie n’est pas vraiment une priorité pour les gens qui sont pauvres…