Journée internationale des droits des femmes : les gays seraient-ils un peu misogynes ?
Loin dâen faire une gĂ©nĂ©ralitĂ©, les gays auraient-ils dans leur comportement intĂ©grĂ© une forme de sexisme ? Câest un peu le marronnier de la communautĂ© : certaines lesbiennes le pensent, certains actes tendraient Ă le prouver⊠Quâen est-il vraiment ?
Dans nos rêves les plus fous, on imagine notre communauté inclusive, ouverte sur les différences et la diversité. Chez nous, point de racisme, de transphobie, de sexisme… Dans la réalité, certains comportements, chez les gays notamment, tendent à nous faire penser que cette tolérance est à géométrie variable. Qui se souvient des quelques manifestations par exemple, pour demander l’ouverture du droit à la PMA, grande oubliée de la loi sur le mariage entre personnes de même sexe de 2013 ? Peu de gays, résolument… Ces rassemblements étaient très (trop ?) féminins, comme si le fait de ne pas être directement concernés, nous exemptait d’une solidarité quelconque pour le « L » de LGBT+.
Aurions-nous trop facilement intégré une hiérarchie dans l’acronyme ? Peut-être parce que, faisons-nous l’avocat du diable, l’histoire de nos luttes ne seraient pas identiques pour des raisons historiques. C’est vrai, on a tendance à penser que les gays sont féministes. Le sont-ils dans la vie de tous les jours ? Ou bien reproduisent-ils consciemment (ou inconsciemment d’ailleurs) les schémas sexistes de la société ?
Un usage du féminin à double tranchant
Se genrer au féminin lorsqu’on est « entre nous » est, somme toute, assez classique. C’est même devenu, avec le temps, une spécificité de la communauté gay. Elle répond en général, à un contrepied de la masculinité toxique hétérosexuelle. Comme pour dire : « Vous ne voulez pas de nous ? Nous ne sommes pas comme vous ! » Du coup, fièrement, on utilise le féminin comme réponse à l’insulte (souvent féminine) des homophobes. Au même titre que nous nous sommes réappropriés le mot « pédé ».
Malheureusement, c’est une arme à double tranchant : on souligne de ce fait la dépréciation systématique de la femme dans ce monde très hétéronormé. N’est-ce pas un peu étrange que des hommes (parce que nous sommes aussi des hommes) se traitent de « conne » ou de « salope » pour dire qu’ils luttent contre l’extrême masculinité ? Le débat ne date pas d’aujourd’hui. Et il durera encore longtemps tant ça fait bouger les lignes prédéfinies du genre.
Des espaces de non-mixité évidents
Personne ne remet en cause le fait que certains endroits gays soient formellement et strictement masculins. Nous entendons par là qu’on s’imagine mal croiser une femme dans notre sauna ou notre sex-club préféré. Ceux-là même qui critiquent le fait que certaines réunions féministes soient interdites aux hommes, ne voient aucun mal à reproduire cet état de fait dès lors que ça concernerait notre sexualité. Admettons que cette « exclusion » soit légitime. Admettons.
Qu’en est-il dans les autres établissements ? Notamment dans les grandes villes où même si, aucun bar par exemple, ne sélectionne sa clientèle selon son genre, la population qui fréquente ces endroits est terriblement masculine. La question qu’on doit peut-être se poser est la suivante : « Comment se sentent les femmes quand elles entrent dans un établissement qui ne compte pratiquement que des hommes ? » Pas sûr que l’accueil soit à la hauteur de leurs espérances… Et certains comportements ou phrases y sont réellement misogynes.
La follophobie, toujours !
On en revient toujours à la follophobie quand on aborde la misogynie chez les gays. Ne pas aimer les folles reviendrait à avoir un problème avec l’idée que des hommes ressembleraient trop à des femmes. On n’est pas très loin du sexisme, là. D’une part, c’est profondément excluant. Y aurait-il une façon d’être gay établie par d’autres gays ? Et en quoi ressembler à une femme (ou avoir des manières de…) serait-il un problème ?
La follophobie est clairement une discrimination. Très bizarre pour une communauté discriminée elle-même de se lâcher sur une partie de sa propre communauté. Aimons nos folles et protégeons-les. Elles sont souvent en première ligne des agressions homophobes. Et please, non, elles ne le cherchent pas. Ne pas rejeter nos folles est peut-être le geste le plus féministe que les gays puissent avoir. Notre diversité fait notre richesse. Nous sommes tous différents. Nous ne pouvons pas tous être des gym-queens au corps et à la virilité parfaits. Gym-queen ? Tiens, tiens, un nom pas très masculin…