On a parlé avec Jefferson, le premier candidat gay de Mariés au premier regard
Cette année, l’émission de dating de M6 crée l’événement en intégrant son premier couple de garçons à se marier sans se connaître. Les épisodes diffusés lundi 3 avril vont enfin nous permettre de faire connaissance avec Jefferson et Pedro, les deux candidats qui cherchent leur prince charmant. Selon les experts, ils seraient même compatibles à 79% ! En exclu, nous avons rencontré Jefferson pour qu’il nous en dise plus sur sa participation à l’émission.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à Mariés au premier regard ?
J’avais regardé quelques épisodes de la dernière saison. Ce que j’aime dans Mariés au premier regard, c’est qu’on revient à travers un concept très novateur quand même, aux bases de la rencontre amoureuse : la séduction, le jeu des regards, l’envie de plaire réellement. On est loin de la drague sur les applis. J’avais envie d’une relation un peu vintage. Je me suis dit que participer à l’émission sortirait de l’ordinaire.
Êtes-vous conscient que les spectateurs gays seront surpris tant votre profil est atypique ?
Ah oui ? Pourquoi ? Je viens d’une famille de forains : ça c’est atypique ! Je suis certes un peu vintage dans mon mode de vie. Et je cherche une relation qui va avec ça. Mais c’est surtout le côté spontané de ce type de rencontres qui me plait. Je suis moi-même très spontané, peut-être trop quelquefois. Et mine de rien, on est le premier couple gay à se rencontrer dans Mariés au premier regard… On ne savait pas qui allait arriver en premier au mariage, qui allait arriver en deuxième. Tout était nouveau : j’espère que ça va toucher les spectateurs !
Vous êtes très romantique. Depuis toujours ?
J’ai toujours été romantique mais je ne l’ai pas toujours assumé. Quand on dit qu’on est romantique, les gens imaginent des clichés comme le restaurant pour la Saint-Valentin. Pour moi, c’est plus avoir des petites attentions tous les jours, se faire des petites surprises. Mon romantisme est moderne : j’aime à dire que c’est un romantisme 2.0 ! Quand je vois les histoires d’amour à la télévision, j’ai rarement la possibilité de m’identifier parce que les protagonistes sont rarement gays !
Avez-vous remarqué que dans l’épisode diffusé le 3 avril, dès les portraits, on a déjà l’impression que vous êtes un couple avec Pedro ?
Je me suis mis à la place du téléspectateur et même-moi, quand j’ai vu le montage, je me suis dit : « Ah ok ! Quand même… » L’un commence les phrases, l’autre les finit. Je ne me souvenais même plus avoir employé certains mots que Pedro utilise aussi. C’est assez dingue. Mais c’est joli à regarder.
Votre sœur dit dans l’épisode : « Je ne connais aucun forain gay ». Comment grandit-on dans chez les forains, un monde quand même très hétérosexuel ?
C’est drôle, j’en ai parlé avec elle ce matin. On se disait que la phrase la plus juste aurait été : « Je ne connais aucun forain qui assume son homosexualité ». Il y en a, on le sait. Il y a des petits détails qui ne laissent aucun doute. Le seul gay assumé que je connais parmi les forains a arrêté les fêtes…
Moi, j’ai eu de la chance. Mon papa a décidé d’arrêter un temps pour qu’on ait une vie scolaire stable et à nos 18 ans, il nous a demandé si on voulait reprendre l’affaire. Dans la fratrie, aucun de nous n’a décidé de suivre ce chemin. Mais je suis resté très proche des forains, les valeurs de générosité m’ont construit. D’ailleurs, depuis l’annonce de ma participation à Mariés au premier regard, je n’ai que des bons retours de mes amis forains.
Quand avez-vous fait votre coming out ?
Je l’ai fait tardivement, à l’âge de 24 ans. Je viens d’un milieu où c’est très compliqué. Il y a, je pense parmi les forains, des gens qui ne feront jamais leur coming out. Je ne sais pas cacher les choses. Je les dis. Trop souvent… Je veux vivre pleinement ma vie. Je suis très entier. J’ai des parents extraordinaires qui l’ont très bien pris.
Vous avez une famille formidable. Votre couple modèle est clairement celui de vos parents. Voulez-vous des enfants ?
Évidemment ! Dans l’idéal, j’en voudrais deux. Mais avec un, je serais déjà content. Il sera la plus grande merveille de ce monde. Ne pas avoir d’enfants est inconcevable pour moi. En faisant l’émission, je pensais, j’espérais même, que mon futur mari allait avoir des enfants. Quand tu t’inscris, on te demande si ça pourrait être un problème. J’ai bien sûr répondu que non, au contraire.
Vous sentez-vous un rôle modèle pour les jeunes gays qui regarderaient l’émission ?
Je n’ai pas du tout la prétention d’être un modèle pour quiconque et encore moins pour les jeunes gays. Mais ce que j’aimerais que ces garçons se disent en me voyant, c’est qu’ils doivent être fiers de ce qu’ils sont. On entend souvent, par exemple : « Ils sont trop efféminés ! » Ce n’est pas le cas avec Pedro et moi. Mais si ça l’avait été, on doit l’accepter. Toutes nos différences font notre force. On a tous notre place. Je suis toujours très surpris des gays qui ne peuvent pas parler de leur homosexualité au travail, alors qu’à la pause déjeuner, les hétéros nous racontent la vie de leurs enfants et de leurs conjoints à longueur de temps… Ça montre qu’il y a quand même un problème !