“Le Prédateur”, le nouveau film choc de Marco Berger à voir en DVD et VOD
Formidable cinéaste du corps et du désir masculin, Marco Berger signe avec « Le Prédateur » une œuvre magistrale dans laquelle il s’intéresse à la face sombre et contemporaine de la sexualité…À découvrir en DVD et VOD.
Personne ne filme les garçons au bord des piscines comme l’Argentin Marco Berger. Personne ne sait comme lui faire surgir le désir sexuel d’un simple regard croisé. Pas grand-monde ne connaît autant que lui la valeur érotique d’un silence qui se prolonge tandis que les peaux se rapprochent et se frôlent. Depuis Plan B, son premier film il y a déjà presque quinze ans, le réalisateur ne cesse ainsi d’affirmer son statut singulier de cinéaste gay culte par la manière sensible et sensuelle dont il capte la beauté des anatomies masculines et le trouble qui saisit ses personnages. Absent, Hawaï, Taekwondo, Le Colocataire ont ainsi constitué, au fil des années, un univers reconnaissable entre mille, où ce ne sont pas les mots qui disent des choses mais bien plutôt les corps qui s’expriment, souvent maladroitement.
Dans Le Prédateur, le premier corps que l’on croise, c’est celui d’Ezequiel, bel adolescent aux yeux sombres qui mate tous les garçons qu’il rencontre. Sur un skatepark, il échange un regard avec El Mono, musclé, tatoué, la vingtaine. Ils se parlent, deviennent amis puis amants. Ezequiel est presque amoureux. El Mono lui propose un week-end à la campagne chez son cousin, El Chino, un trentenaire ténébreux qui bientôt obsède Ezequiel, rendant jaloux son cousin… Mais est-ce vraiment cela qui se joue entre ces trois-là ? N’est-ce pas un jeu plus obscur, plus cruel ? Toute la seconde partie du film va ainsi s’employer à nous entraîner vers ce côté sombre et malheureusement très contemporain des relations entre Ezequiel, Mono et Chino, entre sextape, manipulation, honte, exploitation…
Changement de cap
Avec ce film, Marco Berger présente un autre aspect de son talent d’auteur, une maturité plus assumée de son cinéma déjà amorcée avec la mélancolie qui nimbait Le Colocataire. Partant des mêmes prémices que ses films précédents, utilisant au départ les mêmes dispositifs et procédés, Le Prédateur se révèle au final très différent, d’une gravité jamais vue chez lui. C’est d’ailleurs une des beautés de ce film de ne jamais aller là où on l’attend, de receler des secrets derrière ses allures simples et directes.
L’autre beauté majeure, c’est celle des corps masculins qui scrute avec attention la caméra de Marco Berger, ces corps qui se montrent sans s’exhiber, avec un naturel confondant. “J’aime le corps masculin et les films sont une façon de canaliser ce désir“, expliquait le cinéaste dans une interview au magazine LGBTQI Hétéroclite. “D’un côté, je voyais l’objectivation des femmes dans presque tous les films. De l’autre, on évitait de mettre les hommes dans cette position. Alors, j’ai décidé d’inverser la situation et de mettre davantage en valeur le masculin.” Avec Le Prédateur, il y réussit à merveille.